Que cela serve de leçon : le mensonge ne paye pas !

« Moins dangereux que du savon » ou « de la lessive », ces arguments fallacieux sur le Roundup contenant du glyphosate, produit fétiche de l’entreprise Baysanto (la firme allemande Bayer a racheté pour 66 millions de dollars la firme américaine Monsanto en 2018), n’ont pas abusé la justice des États-Unis. Elle a condamné le groupe de l’industrie chimique à verser 6,9 millions de dollars pour avoir affirmé que les produits contenant du Roundup étaient « sûrs » et « non toxiques », violant un accord conclu en 1996 par Monsanto avec le bureau du procureur général (OAG – Office of the Attorney General). Cet accord stipulait que Monsanto devait cesser de propager des affirmations non fondées concernant la sécurité du produit. Depuis le rachat par Bayer, les plaintes contre Monsanto ne cessent d’ailleurs de s’accumuler.

Selon la procureur générale Laetitia James de l’État de New York : « Les pesticides peuvent causer de grands dommages à la santé de notre environnement et constituent une menace mortelle pour la vie sauvage, incluant les pollinisateurs et d’autres espèces nécessaires à l’agriculture. »

Et en France ?

Si cette victoire outre-mer sur les déclarations mensongères de Bayer et Monsanto est réjouissante, on ne peut que s’alarmer sur une justice défaillante en France. Il suffit pour cela de se pencher sur le cas de l’agriculteur Paul François, auquel une aumône indigne de 11 135 euros a été accordée fin 2022 pour une intoxication au Lasso, un herbicide de la même société. Même si c’était la première fois qu’un tribunal reconnaissait la responsabilité du grand groupe de l’industrie chimique, la somme dérisoire n’est pas proportionnelle aux efforts investis pour obtenir cette reconnaissance, après 15 ans de combat. Qui osera  dorénavant s’attaquer au géant pour si peu ?

Répression, quand tu nous tiens

C’est très inquiétant, sachant que les journalistes trop méticuleux (le cas de la Bretonne Morgane Large) ou les agriculteurs (Tristan Arlaud, paysan bio dans les Bouches-du-Rhône) osant relever le défi de tenir tête au système agro-industriel se retrouvent piégés et font l’objet de menaces, d’intimidations, de vandalisme sans que la justice cherche réellement à retrouver les coupables. Les affaires classées sans suite font légion, tandis que les opposants au système comme Julien Le Guet, amoureux du marais poitevin depuis son enfance, se font traiter d’« éco-terroristes », qu’il s’agisse de pesticides, de méga-bassines ou de semences OGM. Le gouvernement préfère créer une Cellule déméter (là aussi, on admirera la perversité dans le choix du nom, accaparant le nom d’une déesse de l’agriculture et des moissons et d’un label bio !) pour se charger de régler leur compte à ces rebelles. Il semblerait qu’il y ait là une malversation voulue du langage, un peu comme si on oblitérait la mémoire des victimes du véritable terrorisme dans un acte délibéré de propagande au service d’un modèle dépassé, sans avenir et sans raison d’être, si ce n’est le profit de quelques monstres de l’industrie agricole, aplatissant tout sur leur passage.

Mais restons optimistes, ils font figure de dinosaures des temps modernes : trop gros pour leur cervelle ridiculement petite, incapables de changer de cap, ils ne peuvent tarder à disparaître. L’exemple édifiant de Percy Schmeiser l’a démontré : David contre Goliath a de l’avenir et continue de faire des émules ! Un grand coup de chapeau à leur courage indomptable.