À la rencontre de gens d’exception 

Normand Gosselin — Faut le faire ! Occuper le même emploi stratégique pendant 50 ans dans sa ville d’origine : qui a dit que personne n’est prophète en son pays… Gilbert Aubin a occupé le poste de Directeur général de la ville de Piedmont, ville où il a grandi (ce poste portait le titre de secrétaire-trésorier jusqu’au début des années 80).

Même à la retraite, il trouve le moyen de servir les autres en bénévolat, comme par exemple en participant à l’organisation de la fête annuelle de la famille, en août ; présentement, le Comité des fêtes du centenaire de la municipalité le tient occupé.

Il faut vraiment être rassembleur pour rester en poste aussi longtemps. Qu’on le veuille ou non, c’est un emploi où la pression des citoyens est omniprésente. Son attitude était tout ce qu’il y a de plus simple, mais exigeait aussi un dévouement constant ; il s’est concentré à bien écouter les gens, en portant une attention particulière aux demandes et aux plaintes de ses concitoyens. Il a constamment considéré les plaintes comme une priorité, s’assurant de leur bien-fondé, pour ensuite passer à l’action et voir à ce que la solution idéale soit appliquée. Plus, il demandait aux employés de la Municipalité d’être en mode proactivité et de voir à solutionner les difficultés avant que ça devienne des plaintes. La question qu’il se posait était quasi invariable : comment peut-on aider le citoyen, comment l’accompagner pour solutionner la situation ou réaliser le souhait.

Également, un des grands secrets de sa longévité en poste est d’avoir résisté à toutes les invitations à plonger en politique, qu’elle soit municipale ou autre. Plus encore, il a toujours maintenu une saine distance des partis politiques au pouvoir à Piedmont, consacrant ses énergies à plutôt réaliser ou faire réaliser les projets du Conseil de Ville. Il reconnaît d’emblée que souvent des maires l’ont consulté pour étoffer leurs dossiers et qu’en fait il a beaucoup appris de ces élus. 

Gilbert Aubin raconte avoir consolidé son attitude d’écoute et de respect des autres avec un maire qui avait une façon bien particulière de vivre la démocratie. Lors de projets, avant de prendre une décision, il demandait aux conseillers et conseillères municipaux pourquoi ils/elles appuyaient l’idée ou pourquoi ils/elles étaient contre. Si les discussions n’amenaient pas à une forme de consensus, il remettait la décision à la rencontre suivante, habituellement 30 jours plus tard. C’est à ce moment-là qu’il obtenait une majorité absolue dans un sens ou dans l’autre, ou tranchait la question si les avis étaient trop partagés.

Des anecdotes, monsieur Aubin pourrait en raconter beaucoup. Du côté des décisions difficiles, il raconte avoir eu un jour à remercier un employé qui était son voisin ; il lui fallait prendre une décision logique et non émotionnelle. Ses projets les plus importants au fil des ans : il mentionne tout de go les projets conjoints avec la Municipalité de Saint-Sauveur pour l’assainissement des eaux et pour le service des incendies.

Son travail, c’était plutôt 45-50 heures par semaine. Avec une équipe restreinte, mais très bien choisie, des personnes franches, il avait à gérer et planifier les activités de la ville pour un bassin de 3 000 unités de propriétés, la ville ayant doublé sa population pendant ces années. Présentement, la population de Piedmont est d’un peu plus de 3 000 personnes sur semaine et entre 5 et 6 000 les fins de semaine ; la municipalité compte de très nombreuses résidences secondaires.

Côté personnel, il a fait ses études au séminaire de Mont-Laurier et, avant même de décider s’il allait continuer à l’université, il a reçu une offre pour enseigner au secondaire, en suppléance ; il a occupé cet emploi pendant deux ans. Par la suite, de 1967 à 2017, c’est la population de Piedmont qui a pu bénéficier de ses services. En cours de route, il a fréquenté l’UQAM les soirs et fins de semaines et complété un certificat en administration.

N’étant pas devenus parents, son épouse, préposée aux bénéficiaires en soin de santé, et lui ont pratiqué plusieurs sports : ski alpin, ski de fond, golf, pickleball, et surtout cyclisme : jusqu’à 50 km par jour les fins de semaines, soit 100 à 150 km au total, toujours en compagnie de madame. Encore aujourd’hui, il pratique les sports aussi souvent que possible. Ceci expliquant cela, il jouit d’une excellente santé et est en forme.

Bien qu’il soit peu bavard en entrevue, il va droit au but et il est de commerce très agréable, pausé et sympathique. Discret, il porte dignement le qualificatif « d’exceptionnel ».

Normand Gosselin

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