Par un communiqué publié le 3 mai 2023, le Cabinet royal marocain informe que le roi du Maroc a décidé d’instaurer Yennayer, le Jour de l’An amazigh, jour de fête nationale, férié et payé, au même titre que les Jours de l’An des calendriers musulman et chrétien.

Le Congrès Mondial Amazigh (CMA) qui n’a jamais cessé de réclamer la reconnaissance officielle de Yennayer dans tous les pays de Tamazgha (Afrique du nord et Sahara), accueille avec joie cette très bonne nouvelle qui répare une injustice historique et une discrimination qui dure depuis des siècles. Le CMA félicite les Amazighs du Maroc et notamment les générations de militant-es amazigh-es qui ont lutté pour parvenir à cette éclatante victoire. Aux côtés des communautés et des organisations amazighes, le CMA veillera à ce que cette fête ne soit pas instrumentalisée, ni folklorisée mais soit célébrée dans le strict respect des traditions amazighes.

Compte tenu du fait que la reconnaissance de Yennayer était attendue depuis longtemps par les Amazighs du Maroc, le choix de communiquer cette décision par la voie d’un simple communiqué de presse et non par un discours solennel, est totalement inapproprié. Les Amazighs sont en droit d’attendre plus de considération et des explications, notamment sur le retard considérable dans la mise en œuvre du caractère officiel de leur langue. Douze ans après son inscription dans la Constitution comme langue officielle, le tamazight est toujours exclue des administrations publiques, de la justice, du Parlement et marginalisé dans l’enseignement où malgré sa faible place, il ne cesse de régresser. Cela ne peut être que le résultat d’une absence de volonté politique de promouvoir la langue et la culture amazighes et la preuve du racisme institutionnel anti-amazigh au Maroc. Cela est inacceptable et ne peut pas durer.

Par ailleurs, le CMA rappelle que les droits des Amazighs ne se limitent pas aux aspects culturels et linguistiques. En tant que peuple autochtone de ce pays, leurs droits historiques, politiques, économiques et sociaux demeurent largement bafoués. Les Amazighs sont spoliés de leurs terres ancestrales et de leurs ressources naturelles et les territoires où ils ont été repoussés (montagnes et déserts) sont parmi les plus pauvres du pays. En conséquence, le CMA invite les plus hautes autorités marocaines à examiner la question amazighe dans sa globalité et à la lumière du droit international relatif aux droits de l’homme et des peuples.

Dans l’immédiat, le CMA appelle une nouvelle fois à la libération des détenus politiques Rifains injustement incarcérés et à réparer les préjudices moraux et matériels qu’ils ont subis.

Paris, 23/04/2973 – 5/05/2023

Le Bureau du CMA

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