Le président équatorien Guillermo Lasso a dissous l’Assemblée nationale aux premières heures du mercredi 17 mai, en vue de sa destitution imminente dans le cadre du procès politique pour détournement de fonds que le corps législatif a entamé le mardi 16 mai.

Par le décret n° 741, M. Lasso a eu recours à la « mort croisée », en invoquant une « crise politique grave et des troubles intérieurs », comme le prévoit l’article 148 de la Constitution. Le même décret notifie le Conseil national électoral de « convoquer des élections dans les 7 jours », pour les postes de président, vice-président et Assemblée, afin de compléter le mandat restant de deux ans.

Au-delà de la lutte politique derrière laquelle se cache le président, les données montrent que le gouvernement a franchi les limites de la gouvernabilité, avec moins de 15 % d’acceptation par la population, selon les derniers sondages d’opinion, et la victoire retentissante du non au référendum de février 2023, où 6 Équatoriens sur 10 ont rejeté les réformes constitutionnelles néolibérales proposées par le gouvernement.

Sans soutien public, acculé politiquement, mais avec le soutien des forces armées, de la police nationale et des élites économiques, le président gouvernera pendant les six prochains mois au moyen de « décrets d’urgence économique », à la suite d’un arrêt de la Cour constitutionnelle sur le décret émis, jusqu’à l’installation des nouvelles autorités nationales.

Les motifs de crise et d’agitation utilisés dans le décret contrastent avec l’installation démocratique et pleine d’espoir dans tout le pays des nouvelles autorités des 221 municipalités et des 24 gouvernements provinciaux (gouvernements autonomes décentralisés), le dimanche 14 mai. À ce niveau de gouvernement, un fort affaiblissement politique du gouvernement est évident, puisqu’une grande majorité des autorités provient de l’opposition, en particulier du Parti Progressiste et du Mouvement Pachakutik.

 

Traduit de l’espagnol par Evelyn Tischer