Le IXe Symposium du Centre mondial d’études humanistes « Crise et dépassement : franchir les frontières de la pensée » s’est achevé sur un sentiment de profonde gratitude à l’égard de ceux et celles qui l’ont rendu possible par leurs présentations, leurs interventions, leurs ateliers et leur participation [1]. Dans l’axe de l’écologie sociale, 8 communications ont été présentées, dont l’une dans le cadre de l’horaire central. Toutes mettent en évidence la grave crise climatique qui découle de la relation que nous avons établie avec la nature et comment cette rupture des limites écologiques nous conduit à des catastrophes qui mettent en danger les majorités les plus pauvres de la planète ; et pire encore, l’inaction face à cette crise nous conduit à un point que les scientifiques appellent  » de non-retour « .

Le Réseau Humaniste d’Écologie Sociale a identifié le complexe militaro-industriel et la manière dont il a historiquement structuré le système de croyances qui nous mène à l’effondrement climatique comme étant les coupables. Il a défini des alliés, des mécanismes de sortie et des stratégies d’action dans les différents domaines où nous agissons, ainsi que la nécessité d’approfondir l’attitude humaniste.

Dans le même ordre d’idées, M. Rodrigo Arce a proposé, dans le cadre d’une réflexion complexe, de générer un nouveau type d’éthique, c’est-à-dire des valeurs à associer aux forêts qui ne nous aident plus parce qu’elles sont fondées sur une logique rationaliste d’extraction des ressources et d’accumulation du capital. Il appelle à la construction d’une éthique orientée vers le respect et la reconnaissance intrinsèque de la vie et à un nouveau type d’approche de la science et de son utilisation.

Du point de vue de l’action individuelle, la scientifique Citlalli Harris nous pose la question suivante : « Que dois-je faire pour que les êtres vivants de notre environnement puissent exister sans que ma présence ne leur cause de dommages inutiles ? » Elle met l’accent sur la nécessité d’un changement de mode de vie personnel et social.

Daniele Quattrocchi, militant humaniste et militant d’Extinction Rebellion, appelle à une action perturbatrice s’inspirant de la désobéissance civile non-violente. Prévenant qu’il s’agit d’une approche contraire à la logique politique du consensus, il estime que ce type d’action a le potentiel de générer des changements profonds dans un court laps de temps afin de faire face à des urgences telles que la crise climatique.

D’autres présentations ont proposé des moyens de sortir de la crise par l’action locale, en utilisant l’aménagement et la restauration du territoire comme outil pour ralentir les effets de la crise le plus tôt possible (Dr. Allan Astorga) ; ou en montrant des méthodologies spécifiques telles que la caractérisation biologique des écosystèmes (Fernando Gast) ; ou l’analyse du travail social avec des outils de recherche participative, tels que le sociodrame pour développer des inventaires du patrimoine à partir des organisations sociales elles-mêmes (Irving Vásquez).

L’ingénieur Herbert Contreras, d’un point de vue scientifique, propose des projets innovants d’énergie alternative, et applique l’approche systémique qui observe les phénomènes en termes d’interrelations, d’interdépendances et d’intégration des processus et des fonctions ; et, à partir de l’analyse des principes de base de l’organisation, il propose de prédire les résultats ou les produits finaux de celle-ci en vue de l’évolution des sociétés de manière synergique.

La crise environnementale et la pression des activités extractives, des activités illégales et du trafic de drogue dans les territoires exigent des actions simultanées ; il ne suffit pas de sensibiliser le public, il faut aussi de la recherche scientifique, des actions durables, des opportunités concrètes pour les communautés locales et des stratégies locales et globales efficaces.

En résumé, nous pouvons dire qu’avec les valeurs et les croyances actuelles, la crise climatique, outre la catastrophe sociale qu’elle provoque déjà pour les plus vulnérables, pourrait nous conduire à la destruction de la planète et à notre propre autodestruction. Serions-nous déjà face à une météorite sur le point de tomber ?

La sortie de cette crise sera possible par le démantèlement du complexe militaro-industriel, ce qui nécessite une action locale par de multi-acteurs, la désobéissance civile et une pression sociale globale.

Ce qu’il faut, c’est une action locale créative qui évite la destruction des forêts et des cultures ancestrales, qui se fonde sur la valeur de l’information scientifique sur les écosystèmes, sur la mise en œuvre de plans d’aménagement du territoire, sur des plans communaux de réglementation verte, entre autres ; et qui promeut une stratégie globale de changement de la matrice de production, d’énergie et de consommation, coordonnée entre les gouvernements des pays.

En bref, il faut mettre en œuvre un nouveau modèle d’organisation sociale qui synthétise le meilleur des progrès de l’humanité et intègre le spirituel dans la nouvelle façon d’établir la relation indissoluble entre les êtres humains et la nature.

Nous terminons ces réflexions par deux phrases inspirantes, d’abord celle de Greta Thunberg (paraphrasée par Daniele Quattrocchi) qui nous dit : « Ce n’est pas en suivant les règles que nous sauverons le monde. Parce que ce sont les règles qu’il faut changer ».

Et la phrase de Silo, relayée par les humanistes écologistes, qui est à l’essence de l’attitude humaniste : « Ici, on trouve joie, amour du corps, de la nature, de l’humanité et de l’esprit.».

 

[1] Plus d’informations sur le symposium sont disponibles sur la chaîne Youtube suivante : https://www.youtube.com/playlist?list=PLAKFKbwuPpendEdC0Ph3mSCAcql3xBHex

 

Traduit de l’espagnol par Evelyn Tischer