À travers le Réseau de Nouvelles de Santé Humaniste REHUNO Santé (Red Humanista de Noticias de Salud), nous lançons un lieu d’échange où l’on trouve un nouveau regard sur la vie quotidienne basé sur une psychologie expérientielle et existentielle (la Psychologie du Nouvel Humanisme), et qui donne des propositions concrètes de travail personnel pour atteindre un plein sens de notre existence et une vie libre de toute souffrance inutile. Il ne s’agit donc pas d’une psychologie thérapeutique ni d’une psychologie qui s’occupe d’une quelconque pathologie, mais d’une psychologie qui s’adresse à toute personne qui veut se comprendre et avoir les outils, si elle le souhaite, pour amorcer un changement positif dans sa vie. Le bien-être psychologique est sans aucun doute l’un des fondements de la santé intégrale, c’est pourquoi il s’agit d’un aspect qui doit être abordé.

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Par Jordi Jiménez

Aujourd’hui, nous allons parler d’un super sujet très important pour comprendre comment fonctionne notre conscience et pour comprendre les racines de nos conflits. La possession.

Les tensions (dont nous avons déjà parlé dans des articles précédents) sont liées, fondamentalement, à des désirs ou à des attentes de quelque chose que nous espérons obtenir ou à des craintes que nous espérons ne pas voir se réaliser. Par exemple, disons que je veux obtenir quelque chose que je n’ai pas encore, qu’il s’agisse d’un objet, d’une situation ou d’une personne. Pendant que j’essaie d’obtenir cette chose, une tension normale de recherche est générée, proportionnelle à cette réalisation.

Dès que l’objet recherché est atteint, la tension disparaît. Si « l’objet » obtenu a une grande valeur pour moi, au moment où je l’obtiens, la peur de le perdre apparaît, ce qui génère une autre tension, dans ce cas celle de la perte. Dans les deux cas, l’intensité de ces tensions sera proportionnelle à la valeur ou à l’importance que j’accorde à l’objet en question.

Lorsque nous parlons d’un « objet », nous entendons un objet mental.

Pour la conscience, une personne est représentée comme un objet mental, un lieu est également un objet mental, une situation, un travail, et même des choses d’aussi intangibles que le prestige, la justice ou le silence sont pour notre conscience des objets mentaux qui peuvent être désirés, obtenus, et aussi perdus.

Prenons l’exemple d’une personne aimée avec laquelle je souhaite être, avec laquelle je veux avoir une relation, partager toute ma vie, voire former une famille et vieillir ensemble dans l’harmonie et l’amour éternels. Et bien, nous pouvons le dire ou le ressentir de nombreuses manières, toutes plus belles les unes que les autres, mais en arrière-plan, il y a une tension pour « obtenir » la présence physique de cette personne et pour obtenir toutes ces images idylliques de l’avenir que j’associe à elle. Je ressens la tension pour réaliser tout cela, non seulement pour la personne, mais aussi pour tout ce que cela peut impliquer. Si tout se passe bien, au fur et à mesure que j’établis et consolide cette relation, la tension pour l’obtenir disparaît, parce qu’évidemment je sens que je « l’ai » déjà.

Quoi qu’il en soit, la tension pour obtenir tout ce qui est associé à cette relation (famille, vie, avenir…) continue. Cependant, une nouvelle tension apparaît, qui n’existait pas auparavant : la peur de perdre cette relation et tout ce qu’elle implique, la peur de perdre cet « objet » avec tous ses accessoires, qui fait désormais partie de mon monde interne et externe, de sorte que j’ai l’impression de « l’avoir ». Et si je l’ai, je peux le perdre, d’où l’apparition de la peur.

Les relations de couples sont pleines de discours possessifs

« Je suis à toi », « tu es à moi », « tu m’appartiens », « tu es ma vie », etc. Le récit de la possession dans l’amour supposé pour l’autre est sans fin. Je dis « amour supposé » parce qu’au fond, ce qui est recherché, c’est « avoir » l’autre, le ou la posséder, et si l’amour véritable a quelque chose, c’est qu’il est détaché. Mais nous parlerons de cela une autre fois.

Il en va de même pour un emploi que je dois obtenir pour survivre et que j’ai peur de perdre dès que je l’ai, avec tout ce que cela implique pour ma survie. Et qu’en est-il du prestige ? Combien d’énergie, c’est-à-dire de tension, est utilisée quotidiennement pour obtenir un prestige social, une reconnaissance collective, une exclamation ou un applaudissement de la part de ceux à qui nous tenons pour rehausser notre image, et combien de tension il y a dans la peur de perdre ce prestige une fois qu’on l’a. Comme vous pouvez le constater, il s’agit d’un objet intangible, quelque chose qui n’est nulle part, en fait, quelque chose de presque inexistant, mais pour la conscience, il s’agit toujours d’un objet mental et d’un objet de grand désir pour elle.

Bien sûr, chaque personne est différente et a ses préférences, ses goûts, ses projets, ses objets de désir et ses images de l’avenir. L’objet qui, pour une personne, a une très grande valeur (et pour lequel elle éprouve donc une grande tension, soit par désir de l’avoir, soit par crainte de le perdre) peut, pour une autre personne, n’avoir aucune importance, de sorte qu’elle n’éprouvera pratiquement aucune tension à son égard. L’intensité de certaines tensions n’est que le reflet de l’intensité du désir qui sous-tend certains objets. Des ambitions pour lesquelles certains donneraient leur vie sont jugées ridicules par d’autres. Telle est la diversité humaine et son incompréhensibilité, source de tant de batailles.

Des désirs et des peurs qui génèrent des tensions

On pourrait multiplier les exemples de toutes sortes d’objets de désir, souvent totalement illusoires. Dans tous les cas, on découvrirait la même chose : des désirs et des peurs qui génèrent des tensions. Et lorsque cette tension est excessive, lorsqu’elle dépasse certaines limites, elle peut finir par générer toutes sortes de violences. Le mécanisme de la possession et les tensions excessives qui en découlent ne produisent pas seulement de la violence physique contre d’autres personnes, mais aussi de la violence psychologique, de la violence sexuelle ou de genre (due à des désirs ou des peurs que l’on veut imposer à son partenaire), de la violence économique contre d’autres personnes (due au désir excessif de richesse), de la violence raciale (due à la peur de l’autre) ou de la violence morale (due à l’imposition de croyances, de normes ou d’idées à d’autres personnes).

Le mécanisme de la possession est aussi simple que cela. Une tension très physique qui repose sur le désir et la peur, et qui est toujours à l’œuvre à la base de tous nos mécanismes de conscience. Tout ce que nous faisons et tout ce que nous rencontrons dans notre vie relève du domaine de la possession. Tout ce qui passe sous notre nez est automatiquement évalué et mesuré pour voir s’il répond à nos innombrables désirs ou évite nos peurs. C’est un travail que la conscience fait tout le temps et automatiquement, sans qu’on lui demande de le faire. Et lorsque cette pulsion possessive est excessive, elle produit toutes sortes de conflits et de violences.

Que faire alors, s’il s’agit d’un mécanisme inéluctable ?

Tout d’abord, comprendre comment le mécanisme fonctionne en chacun de nous. Quels sont nos plus grands désirs, nos plus grandes peurs et aussi tout ce qui pour nous est moins important, moins stressant. Les désirs ne peuvent être surmontés car sans eux, il n’y aurait pas de projets, pas de recherche, pas d’activité, pas d’évolution, pas de dynamique… bref, pas de vie.

Mais nous pouvons faire quelque chose : « élever le désir ». Que signifie « élever le désir » ? Cela signifie qu’au lieu d’affronter ou de combattre quelque chose d’inévitable comme le mécanisme du désir (voir Les principes de l’action valide), nous pouvons exploiter la puissance de cette impulsion et lui donner une nouvelle direction (comme dans les arts martiaux), c’est-à-dire que les désirs visent des objets et des buts plus élevés et plus intéressants.

Désirer une nouvelle direction, un nouveau sens à notre vie qui tende vers la cohérence et traiter les autres comme nous voulons être traités, par exemple ; ou désirer un monde plus juste et plus humain pour tous, par exemple.

Nous fixons l’intention et le désir dans une direction qui va au-delà de nous-mêmes, au-delà de notre monde immédiat, et qui rayonne sur les autres, en proposant un changement de direction positif. En désirant de telles choses, nous savons que ces objets peuvent ne pas être atteints, mais nous savons aussi que le fait d’aller dans cette direction est déjà cohérent en soi, quel que soit le résultat. Ainsi, au lieu de lutter contre les désirs (ce qui est impossible), nous les élevons et les mettons au service des meilleures causes.

 

Voir aussi :

Tous les articles de la Série Psychologie du Nouvel Humanisme

 

Traduit de l’espagnol par Evelyn Tischer