1er février – Malgré la pression des États-Unis et de l’Union européenne, les gouvernements du Brésil, de l’Argentine et de la Colombie ont refusé d’envoyer des armes dans la guerre déclenchée par l’Occident à la frontière avec la Russie. Le commandant du Commandement Sud de l’armée américaine, qui opère en Amérique latine et dans les Caraïbes, a fait pression sur les pays de la région pour qu’ils arment l’Ukraine.

Le général de l’armée Laura J. Richardson, chef du Commandement Sud, a insisté, dans une interview accordée au Conseil atlantique, pour que les pays d’Amérique latine remplacent le matériel (d’armement) russe par du matériel américain si ces pays veulent en faire don à l’Ukraine.

En réponse, les dirigeants progressistes d’Amérique latine tels que le Mexique, l’Argentine, le Brésil et la Colombie ont décidé de rester neutres et, au contraire, de continuer à appeler à la paix. Les gouvernements de gauche de Cuba, du Venezuela et du Nicaragua désignent aussi directement l’expansion de l’OTAN et l’ingérence des États-Unis comme la cause de la guerre en Ukraine.

Le président progressiste du Mexique, Andrés Manuel López Obrador, a proposé d’organiser des pourparlers de paix pour mettre fin au conflit. Entre-temps, la Bolivie et le Honduras ont rejoint le Brésil, l’Argentine et la Colombie en refusant de prendre part à la guerre encouragée par Washington.

Les présidents du Mexique Andrés Manuel López Obrador et de Colombie Gustavo Petro.

 

En ce qui concerne la déclaration du chef du Commandement Sud des États-Unis, le président Lula Da Silva a rejeté l’envoi de chars en Ukraine comme étant une escalade de la guerre par procuration de l’OTAN contre la Russie. Plus précisément, l’Allemagne a demandé au Brésil d’envoyer des munitions de guerre à Kiev. Mais le président récemment investi a refusé de le faire.

Cofondateur du bloc des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), Lula a longtemps prôné un monde multipolaire et soutenu la coopération Sud-Sud et l’intégration régionale. Il a également dénoncé les gouvernements occidentaux pour l’escalade de la violence en Ukraine au lieu de promouvoir les négociations de paix.

« Si je gagne les élections… Nous ferons un effort de dialogue pour rétablir la paix. Nous ne sommes intéressés par aucun type de guerre… La seule position qui intéresse le Brésil sur la question de l’Ukraine et de la Russie est la paix », président du Brésil Luiz Inácio Lula da Silva.

 

Pendant sa campagne présidentielle de 2022, Lula a critiqué Washington, demandant : « Comment la plus grande puissance économique du monde peut-elle dire qu’elle n’a pas de lait pour les enfants après que le président Biden a annoncé 40 milliards de dollars pour acheter des armes pour la guerre en Ukraine ? »

La réaction du dirigeant brésilien était très appropriée et s’inscrit dans le prolongement des propos tenus lundi par le président américain Joe Biden, qui a déclaré qu’il n’enverrait pas d’avions de combat F-16 en Ukraine. Il a fait cette déclaration à un moment où l’Europe exerce des pressions, et cette décision pourrait être temporaire. C’est le cas pour la décision du chancelier allemand Olaf Scholz, qui a annoncé que son pays ne fournirait pas de chars Leopard 2 à l’Ukraine pour combattre la Russie ; quelques jours plus tard, Berlin a fait volte-face.

Les États-Unis ont également fait pression sur la Colombie pour qu’elle remette des armes à l’Ukraine

Le président colombien Gustavo Petro a également exprimé sa position sur cette question lors de son discours au sommet de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (Comunidad de Estados Latinoamericanos y Caribeños, CELAC), qui s’est tenu le 24 janvier dans la capitale argentine. Il a expliqué que son pays avait déjà acheté des équipements militaires russes « pour ses propres besoins à l’intérieur du pays » ».

M. Petro a également souligné que la Constitution colombienne prône la paix internationale, raison pour laquelle ces technologies militaires « resteront comme de la ferraille en Colombie ». Cette clarification intervient à la suite de l’affirmation de Washington selon laquelle Bogota aurait l’intention d’envoyer de tels équipements russes en Ukraine.

« La meilleure chose qui puisse arriver à l’humanité est la paix entre l’Ukraine et la Russie, et non la prolongation de la guerre » Gustavo Petro, président colombien.

 

Bien que la Colombie soit le principal allié de Washington dans la région, elle a récemment déclaré qu’elle souhaitait être amie avec la Russie. Moscou considère la Colombie comme l’un de ses principaux partenaires dans le Pacifique et espère renforcer la coopération entre les deux pays. Contrairement à Bruxelles qui, pendant l’imposition des sanctions, a interdit aux entreprises russes de travailler sur le marché de l’Europe occidentale, il semble que la Colombie n’introduira pas de restrictions financières personnelles à l’encontre des hommes d’affaires ou des entreprises russes.

En juin 2019, lors de la septième réunion de la Commission intergouvernementale russo-colombienne sur la coopération commerciale, économique, scientifique et technique, qui s’est tenue à Moscou, il a été annoncé que les deux États approfondiront l’intégration de leurs activités dans le domaine des hydrocarbures, du transport aérien et ferroviaire. En outre, plusieurs compagnies pétrolières et gazières privées ont également manifesté leur intérêt à participer à divers projets dans le domaine de l’hydroélectricité et des hydrocarbures en Colombie.

De janvier à novembre 2022, par rapport à la même période en 2021, les exportations de viande congelée ont augmenté de 48 %, tandis que celles de fleurs ont diminué de 30,4 % et celles de café de 25,3 %.

 

Traduit de l’espagnol par Evelyn Tischer

L’article original est accessible ici