Sous le signe du militarisme

À la Conférence de Munich, dite « sur la sécurité » (SIKO) — qui est bien loin de mériter son nom, car on n’y défend férocement que des intérêts géostratégiques, car les jalons des prochaines guerres y sont posés, car on y décide du sort de populations qui ne se doutent de rien, les puissants de ce monde se retrouvent pour conclure avec les lobbyistes de l’armement à quoi ressembleront les conflits de demain et réfléchir sur la meilleure manière de les attiser. Soyons honnête : de quelle sécurité s’agit-il ici ? Je suggère que cette conférence soit rebaptisée – et je l’avoue, je ne suis pas la première à en avoir eu l’idée, en Conférence des bellicistes. Bon, j’en conviens, c’est moins flatteur, mais correspond davantage à la réalité, encore plus cette année où pour la seconde fois en 80 ans tout près de nos frontières, après la guerre de Yougoslavie, une guerre ose montrer sa face hideuse.

Un sondage problématique

Au préalable de la conférence de cette année a circulé un étrange sondage sur le moral en Ukraine, qui manque totalement de crédibilité : en le lisant dans le détail, on s’aperçoit qu’il est mené par un sponsor de la conférence (Kekst CNC). Et qu’est-il censé nous révéler sur le désir de se battre des Ukrainiens et des Ukrainiennes ? Rien du tout. Un peuple qui souffre sous le joug d’une guerre n’aspire à rien d’autre qu’à la paix, afin que le calme et qu’un semblant de normalité reviennent – dans un pays détruit. À l’exception des oligarques, les gens en Ukraine n’étaient pas très fortunés, à présent, la population a tant perdu et c’est elle néanmoins qui va devoir assumer la majeure partie des conséquences du conflit, car le pays est plus que ruiné. On ne va quand même pas nous faire croire que toutes ces livraisons d’armes étaient gratuites, non ? Cela fait presque un an jour pour jour que cette damnée guerre a commencé et qu’aucune fin n’est en vue. Ce sondage n’est donc rien d’autre qu’une manipulation éhontée de l’opinion publique.

Chaque année, malheureusement

Chaque année, à la mi-février, c’est comme un rituel : bien avant le weekend où la SIKO a lieu, la capitale bavaroise se transforme en bastion patrouillé par les forces de police, et son centre-ville est verrouillé. Puis les hélicoptères survolent la ville, en provenance de l’aéroport, des cortèges de limousines officielles et de bus de la police s’arrogent le droit de bloquer l’autoroute et le périphérique à eux seuls, quant à l’accès au quartier autour de l’hôtel Bayerischer Hof, il est barré et sévèrement contrôlé. Nos impôts sont jetés par la fenêtre pour assurer la sécurité des dirigeants dans de luxueux hôtels, tout autant que pour les sommets G7 ou G20.

La conférence pour la Paix

Durant ce weekend, en amont de la SIKO, se déroule un autre genre de conférence s’intitulant « Conférence pour la Paix», et cette année pour la 21e fois. Elle donne lieu à des exposés, des débats, des ateliers, au cours desquels les véritables raisons et causes des conflits sont expliquées et comment le chemin vers une véritable sécurité pourrait réussir à s’établir. Le millésime 2023 lance un appel et donnera la parole à des orateurs dont la réputation en Allemagne n’est plus à faire, comme Clemens Ronnefeldt, qui est avec Claus Scheer l’un des piliers incontournables du mouvement pacifiste allemand, et Andreas Zumach ou Claudia Paganini.

Marche pour la Paix

Et la marche pour la Paix le samedi est également traditionnelle. Trois ans de suite, les dieux étaient de notre côté et nous avons bénéficié d’un temps radieux, alors qu’au moment de la guerre en Iraq, nous avions pataugé dans la neige fondue durant des heures. Des affiches imaginatives seront peintes ou bricolées, les costumes et les accessoires ressortis des armoires. Le même petit jeu agaçant entre le black block et la police aura lieu. La manifestation sera accompagnée des groupes sonores de samba. Des discours enflammés seront tenus qui parleront d’une équité non rêvée, mais possible, d’une cohabitation paisible. Tout ceci dans la rue parlera de solutions sensées, lancera des appels à la raison et sera négligé, ignoré et méprisé, tout comme les adultes se dérobent parfois aux enfants, selon la devise : « Mais que peuvent donc comprendre les pacifistes à la guerre ? » Et dedans, dans l’hôtel de luxe ? Les hommes et femmes d’État feront comme s’ils y travaillaient à la paix et à la fin de la violence, tandis que les lobbyistes de l’armement tireront de leur poche des contrats promettant d’être juteux.

Nombreux sont déjà ceux qui pensent à la crise de Cuba

Il n’est pas nécessaire d’en arriver là, mais en bon français : nous sommes mal barrés.

Une lueur d’espoir, même si c’est le seul langage des armes qui semble résonner partout : le Sud global ne participe cependant pas à cette escalade, bravo !

Nous voulons LA PAIX, TOUT DE SUITE ! ASSEZ DE FAUX PRÉTEXTES ! 

Négocier en temps de guerre est toujours faisable, la diplomatie doit entrer dans la ronde des bellicistes et leur couper l’herbe sous le pied.

Nous sommes la majorité qui ne voulons pas de la guerre. La guerre, outre la misère et la mort, l’expulsion, la destruction de l’environnement et du pays natal et d’innombrables conséquences physiques, psychiques et sur l’âme des victimes, est synonyme d’HORREUR quotidienne, ni plus, ni moins. NOUS NE VOULONS et NE POUVONS PAS L’ACCEPTER ! C’est odieux. Ne laissons pas les politiciens s’en charger seuls !

Et n’oubliez pas de signer le manifeste de Sarha Wagenknecht et d’Alice Schwarzer sur Change.org (deepl peut fournir la traduction) !