Nous le constatons tous les jours: les dirigeants actuels (politiques, économiques ou socio-technocratiques…) semblent mentalement et émotionnellement incapables de vouloir changer « leur » système de pouvoir. Leurs motivations ? La pérennisation et l’expansion de leur sécurité, de leur domination. C’est pourquoi, même la diplomatie est impuissante.

La guerre, en raison de l’énorme accélération et de l’explosion des changements technologiques, en particulier de l’intelligence artificielle, est de plus en plus l’outil clé de la survie et de la domination de nos dirigeants. Il s’agit toutefois d’une « solution » qui ne résout pas les problèmes, comme en témoigne la tentation / ou la menace nucléaire qui plane dans la tête des belligérants de la guerre mondiale en cours en Ukraine. Imprégnés jusqu’à l’ivresse de l’idée que la paix ne peut être imposée que par la force, ils sont déjà prêts pour une nouvelle guerre qui, selon eux, devrait assurer l’absence de guerre pendant une certaine période dans le cadre d’une nouvelle phase planétaire de domination impériale.

Les forces d’opposition au système restent ou sont devenues trop dispersées et désunies après la brève et passionnante phase du Forum social mondial.  Seules les forces actives au sein du système qui sont culturellement, socialement et éthiquement puissantes, mais aussi porteuses de visions et de projets alternatifs, seront aujourd’hui capables de déclencher d’éventuels changements à court terme tels que l’imposition d’une trêve en Ukraine.

À mon avis, il est nécessaire que les personnes faisant autorité aujourd’hui – par exemple les lauréats du prix Nobel (toutes disciplines confondues, mais surtout de la paix), le secrétaire général de l’ONU, le pape et ses homologues/héritiers des confessions religieuses et morales, les penseurs mondialement reconnus pour leur crédibilité et leur humanité – se réunissent et se dissocient du système.  Qu’ils fassent un acte de dissidence contre les Russes, les Américains et les Européens de l’OTAN, principaux auteurs de la destruction en cours. Ils peuvent décider ensemble de se réunir, sur invitation ou sous la présidence du Secrétaire Général des Nations Unies, sans demander une quelconque permission. Se retrouver, non pas pour lancer un énième appel, mais pour accomplir un acte d’engagement destiné à favoriser une mobilisation mondiale de désobéissance civique pacifique. Une affirmation de la libération des habitants de la Terre de la guerre globale et des dominants, destructeurs de la vie de la planète.

Un engagement clair de leur part à promouvoir de nouvelles règles institutionnelles mondiales et de nouveaux horizons socio-économiques serait d’adopter une Déclaration planétaire des droits de la Terre à la paix et à la justice, destinée au monde et à la grande nébuleuse des associations et des mouvements de la société civile.

Les grandes lignes de la déclaration d’engagement devraient/pourraient être les suivantes :

Nous, êtres humains, déclarons que

  1. la guerre est illégale et la poursuivre en Ukraine et ailleurs est un acte criminel. Nous nous engageons à y mettre fin, à agir pour un cessez-le-feu immédiat,

2.- la production et l’utilisation de tous les types d’armes, y compris les armes nucléaires et bactériologiques, sont illégales. Les États qui ne ratifient pas le traité d’interdiction des armes nucléaires approuvé par l’Assemblée générale des Nations unies, ou qui font obstacle à son application, se placent en dehors du droit international,

3.- La paix armée est un non-sens, la communauté internationale doit abandonner le principe de la guerre « si vis pacem para bellum ».

4 – Les États doivent cesser les dépenses militaires, que nous considérons aujourd’hui comme « illégitimes » et donc un vol des ressources des peuples.

5.- Un gigantesque travail positif, doit être réalisé par les Habitants de la terre de démilitarisation des relations humaines et sociales, et de reconversion de la monstrueuse machine mondiale militaro-technologique, économique, industrielle et culturelle,

6.- L’objectif est de commencer à transformer dès demain matin nos économies globales de guerre, produisant des outils et des moyens de vol et dilapidant les ressources naturelles et humaines au profit de quelques-uns, en économies « locales » de prospérité dans l’interdépendance, la coopération et la solidarité, grâce aux nouvelles technologies. mises au service de tous. La véritable  » transition  » qui compte n’est pas la transition « écologique » (c’est-à-dire  l’économie de marché capitaliste  » verte, pour la nature « ), ni la transition numérique (construction d’un régime autoritaire mondial sous la protection des GAFAM). Mais la transformation d’une société de guerre et d’exclusion en une société de paix, de partage et de bien-être commun.

  1. – Nous nous engageons à ne plus laisser les dominants, illégitimes, détruire nos vies, nos territoires, notre passé au seul nom de leur puissance et de leur argent (camouflé derrière la mystification hypocrite de la sécurité et de l’indépendance « nationales »).

Tout cela peut sembler pure fantaisie, et il est vrai qu’il sera difficile pour les forces susmentionnées de se réunir avec des propositions et des objectifs aussi « rebelles ». Mais, face aux catastrophes actuelles et annoncées, uniques dans l’histoire de l’Humanité par leur ampleur, leur taille et leur caractère dramatique, les solutions réalistes s’avèrent inefficaces. C’est le règne de l’absurde.

Les producteurs de cette absurdité ne peuvent pas être autorisés à « gouverner » l’avenir de nous tous, les êtres vivants de la Terre. Nous appelons la société civile à s’engager résolument sur ces voies.

Bruxelles, le 1er janvier 2023.