Kiev va recevoir 321 chars lourds de la part de ses alliés.

L’Allemagne a fini par céder. Mercredi 25 janvier, face aux pressions anglo-saxonnes, polonaises et finlandaises, elle donne son accord pour l’envoi de chars Léopard 2. L’Ukraine devrait en obtenir entre 110 et 140. L’expédition de ces chars lourds, de fabrication allemande, dont disposent plusieurs pays européens, nécessitait l’aval de Olaf Scholz. On en compte environ 2700 en service dans l’ensemble des pays européens. Quelques heures après l’annonce de Berlin, c’est au tour de Washington d’autoriser l’envoi d’une trentaine d’Abrams M1. Si l’Allemagne n’avait pas eu la certitude que les États-Unis la suivraient, elle n’aurait pas donné son feu vert.

Côté Angleterre, 14 de ses 200 chars de combat Challenger 2 seront livrés. Un geste purement symbolique. «Même 300 chars ne suffisent pas pour percer les lignes russes », affirme le colonel Peer de Jong dans un entretien.

La France, elle, résiste toujours à fournir l’Ukraine de ses chars Leclerc. Comme pour l’Angleterre, on estime qu’elle en possède un parc d’environ 200 unités dont une cinquantaine en rénovation. C’est peu, et pourrait mettre en danger sa propre sécurité. Le général Christophe Gomart, ancien chef du commandement des opérations spéciales (COS), a affirmé dans une récente interview qu’« envoyer les Leclerc en Ukraine serait un point de non-retour ».

Quant au transport, « l’hétérogénéité du parc fourni (Challenger 2, Abrams, Léopard 2, etc.) sera un vrai casse-tête logistique », souligne le militaire. La livraison est estimée pas avant fin mars-début avril, et il faudra encore compter plusieurs mois pour les Abrams Américains. À cela s’ajoute le temps de formation des ukrainiens pour manier ces nouveaux engins de guerre. L’amiral Jean Dufourcq estime qu’avec les conditions météo, les chars ne seront réellement opérationnels qu’à partir de l’été ou au début de l’automne.

En attendant, le conflit continuera de s’enliser et la paix de s’éloigner de plus en plus. Toute forme de dialogue reste totalement exclue par ces annonces et favorise une fois de plus l’escalade militaire. Et même si ces blindés sont utilisés dans le but de libérer une partie du Donbass annexé par les Russes, la guerre civile persistera. L’Ukraine restera divisée, coupée en deux au sein de sa population.

La demande de ces chars montre que l’armée ukrainienne est en difficulté. L’Ukraine redoute une nouvelle offensive russe au printemps. Après les chars, Zelensky réclame maintenant des avions et missiles longues portées. Pour l’instant, aucun pays n’y songe par peur que Kiev utilise ce matériel pour frapper directement la Russie sur son territoire. Le respect de cette « règle » est la raison des hésitations des États-Unis à livrer des missiles longue portée ATACMS pour les Himars, des avions de combat et des drones Predator qui peuvent franchir rapidement la frontière. Ni les Russes, ni les Américains ne souhaitent aller jusqu’à l’arme nucléaire. Et si jamais Poutine brandit cette menace comme dernier recours, l’Amérique lâchera aussitôt les Ukrainiens pour mener un autre combat, qui reste sa priorité : la Chine.