Un sujet qui retient l’attention des citoyens de Sainte-Anne-des-Lacs depuis quelques mois. La soirée du 9 novembre avait pour but de laisser les citoyens exprimer leurs inquiétudes quant au projet de la Politique de l’accès à l’eau déposé, en septembre, par le Conseil municipal. « On vous écoute » fut l’expression clé de la soirée lancée par la mairesse.

Dès le début de la rencontre, Catherine Hamé a tenu à s’excuser de la maladresse du début du projet qui a engendré de fortes réactions de la part de la population. Elle a tenu à assurer les citoyens, que le Conseil n’avait jamais eu l’intention d’éviter quelques détails que ce soit.

D’ailleurs, cette rencontre ne pouvait avoir lieu avant que le recueil de 200 pages contenant 140 interventions citoyennes ne soit déposé sur le site de la Municipalité. Cet ouvrage ne comporte pas seulement des commentaires, mais aussi des expertises réalisées par des professionnels.

La responsable de la rédaction de ce recueil a avisé le Journal que ces 140 interventions proviennent, pour certaines, d’envoi individuel et, pour d’autres, d’envoi de groupes dûment formés. 

Un panel d’experts

Pour cette soirée d’échange, la mairesse Catherine Hamé, encadrée par les experts Stéphanie Provost, avocate et associée chez Prévost, Fortin, D’Aoust et Mathieu Madison, biologiste et gestionnaire dans le domaine de l’environnement, ont répondu aux questions des citoyens. 

Fait important, tous les membres du Conseil étaient présents pour rencontrer les résidents au moment de la pause. Cette présence répondait à une demande de quelques citoyens lors du dernier Conseil municipal.

Le besoin des demandeurs d’un accès à l’eau

En 2017, selon la mairesse, le Conseil a reçu une pétition de 125 citoyens demandant notamment un accès à l’eau. Lors de la période électorale, ce besoin fut aussi exprimé à maintes reprises.

Devant le fait que la Municipalité ait cinq propriétés riveraines et que des citoyens aient manifesté un besoin, il est, d’après les dires de la mairesse, du devoir des élus de prendre en compte et de voir à la possibilité de répondre à ce besoin de façon raisonnable et dans le respect de l’ensemble des citoyens.  

Les besoins des autres

À l’opposé, le besoin exprimé par les citoyens présents et ceux qui ont répondu à l’appel de la mairesse en envoyant leurs interventions se définit en ces mots : la protection des lacs ? Ces derniers ne sont pas contre, mais pas à n’importe quel prix.

Un autre besoin : calmer leur appréhension quant à l’intrusion du myriophylle à épi (MàÉ), inquiétude qui est déjà omniprésente. Les craintes sont réelles : perte de jouissance des lacs, diminution de la valeur des maisons et, surtout, coûts associés aux différents moyens pour tenter de ralentir la progression de la plante. Cette question a été posée au cours de la soirée : « À qui reviendraient les coûts ? Aux riverains ou à toute la population ? » 

D’autres préoccupations ont été évoquées : la surveillance des plages, le lavage des embarcations à la station de lavage dont la localisation est questionnée, l’entretien des sites pour maintenir une certaine propreté, et, en fin de liste, la sécurité des lieux et des baigneurs. 

Deux solutions proposées : l’embauche de surveillants selon les sites et leurs particularités et surtout, commencer par un projet pilote au lieu des cinq suggérés dans le projet. La mairesse n’a pu répondre à cette demande. 

Une opposition ou plutôt une préoccupation 

« Une opposition ou une mauvaise compréhension de la réaction des citoyens qui se sentent plus concernés que d’autres », mentionnent certaines personnes.

Pour essayer de mieux comprendre les préoccupations des riverains et des associations qui travaillent depuis des années à la protection des lacs, John Dalzell, président de l’ABVLacs, a demandé la position du biologiste Mathieu Madison quant aux différents dangers qui guettent les plans d’eau et particulièrement celui qui concerne le myriophylle à épi. 

« Dans les Laurentides, on est en retard. On sous-estime l’impact de ce danger », de répondre sans aucune hésitation l’expert. Pour lui, le risque est très grand. Projet ou non, il faut mettre en place un plan d’action dans lequel, on retrouvera, sans contredit, un fonds de prévoyance. 

L’usage des bateaux à moteur déjà réglementé dans la municipalité est un avantage marqué. Cependant restent les embarcations légères comme les canots, les kayaks, les planches à rame (paddle board). Il faut tout contrôler, selon Mathieu.

« Qu’en est-il de la prévention ? Comment peut-on la garantir ? ». La réponse de Mathieu Madison est très simple : l’intendance collective, traduction de l’expression anglaise « stewardship ». 

Pour mieux comprendre l’idée sous-jacente, la vulgarisation par le terme du « bouche-à-oreille » serait aussi appropriée. L’urgence du moment : élaborer un plan d’action pour conscientiser la population. Resteront les visiteurs et les locataires des Airbnb.

Mathieu Madison prône la sensibilisation, l’éducation. Pour lui, Sainte-Anne-des-Lacs a des associations et des organismes qui ont des structures déjà bien établies. Il ne reste qu’à s’asseoir ensemble. 

Les citoyens approuvent, mais demandent un soutien de la part du service de l’Environnement. La volonté y est, mais les ressources sont insuffisantes. Le Conseil travaille à la préparation de son budget 2023. « Il faut prévoir » de proposer les citoyens. 

Un référendum ?

La question d’un référendum a été abordée, plus d’une fois, au cours de la soirée. L’avocate Stéphanie Provost a apporté certains éclaircissements. Juridiquement, il est possible d’organiser un référendum. Cependant, cette procédure est très coûteuse pour les citoyens.

Et la suite ?

La décision finale ne sera pas dévoilée avant le printemps 2023 au grand étonnement des personnes présentes dans la salle. Selon eux, printemps 2024 serait beaucoup plus réaliste. Une version modifiée du projet est attendue et une rencontre citoyenne espérée. La population est en attente d’une confirmation.

Jacinthe Laliberté

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