De la crise dite  » berbériste  » de 1949 à nos jours, la question kabyle est au cœur de l’histoire contemporaine. L’Algérie indépendante, née dans le feu d’une guerre de libération à laquelle la contribution de la Kabylie a été fondamentale, ne peut être assimilée à un « État arabe » opprimant sa « minorité kabyle » (les Kabyles sont les Berbères ou Amazighs, dits « hommes libres », les plus anciens habitants de l’Afrique du Nord, un peuple et une ethnie à part entière).

Depuis le 19e siècle, ils constituent le plus grand groupe berbérophone d’Afrique du Nord. Les Kabyles vivent dans les montagnes du Djurdjura, ainsi que sur la côte de ces régions), qui aurait évolué politiquement en complète autarcie par rapport à d’autres régions qui posent des questions de pluralité dans un pays en proie au totalitarisme.

Un an après l’indépendance de l’Algérie, le Front des Forces Socialistes (FFS), parti politique d’opposition, est né comme un cri de révolte contre le régime autoritaire arabo-islamiste. C’est le premier parti politique ayant une base militante et une profondeur sociologique, essentiellement des anciens combattants de l’indépendance algérienne désabusés par les arabo-islamiste qui ont envoyé l’armée de ce pays en Kabylie le premier jour d’octobre 1963.

Après l’attaque du Maroc dans la région de Tindouf (Algérie). Une fois de plus, les Kabyles menés par le FFS se mobilisent et envoient des militants armés à l’ouest pour soutenir un régime autoritaire afin de mieux défendre le pays.

Malgré cela, ce régime ne change pas ses pratiques autoritaires envers les Kabyles, où des figures majeures du mouvement kabyle sont assassinées pour leurs positions démocratiques, à tel point que le FFS décide de retourner au maquis après un mini-congrès. Le régime arabo-musulman réagit. La répression est terrible, plus de 400 personnes sont tuées et près de 3000 arrêtées du côté kabyle. Des centaines des militants et sympathisants sont torturés dans les commissariats.

Pour ce régime, la Kabylie n’est qu’un condensé politique, économique, social, culturel et précaire de la crise algérienne, très complexe, devenue une région oubliée d’un pays qui a sombré dans le chaos et a été victime d’une arabisation forcée et d’une répression sanglante depuis avril 1980, s’est retrouvée isolée dans sa lutte alors qu’elle est, depuis toujours, une terre de sagesse, de discernement et de lucidité, qu’elle a encore un sens aigu de la politique et de la liberté. Une politique citoyenne dans une région à l’avant-garde des luttes démocratiques. Bien sûr, au fil du temps, il y a eu des traîtres, des lâches et des pyromanes dans la région.

Malheureusement, la situation en Kabylie se dégrade d’année en année. Toujours qualifiée de régionaliste, séparatiste, voire raciste par le régime algérien qui se veut arabe. La Kabylie se bat de toutes ses forces pour s’opposer à l’assimilation arabe et à l’idéologie arabo-musulmane.

Aujourd’hui encore, mais de manière beaucoup plus évidente, avec la montée des revendications de l’existence d’une nation kabyle qu’il faudrait restaurer, les tensions sont beaucoup plus exacerbées et mettent en évidence la véritable nature du conflit entre la Kabylie et l’État algérien inféodé au Moyen-Orient, autrement dit, c’est une opposition civilisationnelle de l’État qui se joue en Kabylie.

Pour le régime actuel, les résultats de ses actions en Kabylie, surtout avec son slogan de l’Algérie nouvelle, sont: l’arabisation forcée, l’islamisation de type wahhabite, la répression, les arrestations abusives, l’entrave à tout développement économique, la destruction de son environnement et la marginalisation de l’élite kabyle, sans oublier l’assassinat physique de certains de ses symboles et de son élite.

Une position qui n’a cessé d’évoluer au fil du temps où le régime dictatorial algérien n’a jamais voulu d’une Algérie démocratique plurielle, et tous les espoirs de tout un peuple réduits à néant, sa politique est d’exterminer l’existence même de la nation kabyle, qui ne se bat que pour ces valeurs, c’est-à-dire kabyle, amazighe, démocratique, laïque et égalitaire, c’est-à-dire un ensemble de valeurs incompatibles avec l’idéologie arabo-musulmane.