Esclavage moderne : selon le dernier rapport de l’OIT, 50 millions de personnes sont piégées.

Le 12 septembre 2022, l’Organisation internationale du Travail (OIT) a publié ses nouvelles estimations révélant que 50 millions de personnes à travers le monde entier sont détenues en esclavage moderne ; principalement touchés sont les femmes (54 %), les enfants (1 sur 4) et les migrant·e·s.

Esclavage moderne

antislavery définit l’esclavage moderne comme « l’exploitation grave d’autrui pour un bénéfice personnel ou commercial ». L’esclavage moderne peut donc prendre différentes formes, dans lesquelles la victime est surexploitée et/ou employée dans des circonstances graves.

La Metropolitan Police britannique a publié des indices pouvant relever de l’esclavage moderne afin de sensibiliser les gens à ce problème et de les encourager à le signaler. Parmi ces indices, on trouve les mauvais traitements physiques, la malnutrition, les mauvaises conditions de travail et les bâtiments de travail suspects, etc.

L’esclavage moderne peut également revêtir différentes formes, comme le souligne antislavery. En font partie la traite des êtres humaines, le travail forcé, la servitude pour dettes, l’esclavage fondé sur la provenance, l’esclavage des enfants et les mariages forcés ou précoces. Les formes d’esclavage les plus connues sont toutefois le travail et le mariage forcés.

Travail forcé

La Convention de l’OIT sur le travail forcé définit le travail forcé comme « tout travail ou service exigé d’une personne sous la menace d’une sanction et pour lequel cette personne ne s’est pas portée volontaire ». Cela inclut toute forme de contrainte qui oblige les personnes à travailler contre leur gré.

Sur les 50 millions de personnes concernées par l’esclavage moderne, 27,6 millions sont victimes du travail forcé. Ce chiffre a augmenté de 2,7 millions de manière dramatique entre 2016 et 2021. La pandémie du COVID-19 a encore aggravé la situation, de nombreuses personnes sont terriblement endettées et les conditions de travail de maintes personnes se sont détériorées.

Le rapport indique également que si le travail forcé est un problème qui a tendance à se produire dans les pays moins développés, il s’agit néanmoins d’un problème mondial qui se produit de manière significative sur tous les continents, indépendamment du niveau de richesse.

Le travail forcé se retrouve aussi bien dans le secteur public (37 %) que dans le secteur privé (63 %). La plupart des cas sont enregistrés dans le secteur des services issus de la production.

Parmi les différentes formes de travail forcé figurent l’exploitation sexuelle, les mauvaises conditions de travail et le surmenage extrême.

Mariages forcés

Le mariage forcé est une pratique « complexe et fortement spécifique au sexe », comme l’explique l’OIT. Les femmes et les fillettes sont les plus fortement touchées, bien que les hommes et les jeunes garçons soient aussi forcés de se marier.

Les chiffres des mariages forcés sont alarmants. On a estimé à 22 millions le nombre de personnes vivant dans une situation de mariage forcé en 2021, alors qu’elles étaient 6,6 millions de moins en 2016. Bien qu’il s’agisse d’un problème mondial, 14,2 millions des cas signalés concernent la région Asie-Pacifique. La pandémie de COVID-19 a encore aggravé la situation.

Les filles et les femmes sont les plus touchées et représentent deux tiers des personnes mariées de force. Les formes de contrainte peuvent aller des abus verbaux et émotionnels aux menaces physiques, les auteurs étant généralement des membres de la famille des victimes ou des parents proches de celles-ci.

Il a également été constaté que les victimes qui se retrouvent dans des situations où elles sont forcées de se marier, sont exposées au risque d’exploitation sexuelle, d’abus domestiques et de violence.

Abolition du travail et des mariages forcés ?

Le rapport de l’OIT émet des recommandations sur les mesures à prendre pour mettre fin au travail et aux mariages forcés d’ici 2030.

En ce qui concerne le travail forcé, l’OIT propose de respecter les libertés des travailleurs et d’étendre la protection sociale aux membres de leur famille. Il faut aborder les pratiques de recrutement et de travail « justes et éthiques ». Afin de pouvoir détecter les violations des bonnes pratiques de travail, l’OIT propose également de renforcer et de mettre à disposition des inspections publiques du travail. Les personnes victimes de travail forcé devraient pouvoir compter sur une protection et sur un accès à des réparations comme forme d’indemnisation.

Les partenariats et la coopération internationaux sont également encouragés afin de lutter contre la traite des êtres humains, le travail des enfants et toute autre forme d’agression et de coercition envers les travailleurs et les communautés vulnérables.

En ce qui concerne les moyens de mettre fin aux mariages forcés, l’OIT identifie 6 points qui doivent être abordés, dont les politiques et les lois visant à interdire de telles pratiques ainsi que la fourniture de services publics aux victimes.

D’autres points concernent la protection des droits des populations vulnérables, la fixation de limites d’âge pour le mariage et le traitement de la vulnérabilité des migrants et des enfants.

Lien vers le rapport : https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/-ed_norm/-ipec/documents/publication/wcms_854733.pdf

 

Traduit de l’anglais par Laurence Wuillemin, Munich. Nous cherchons des traducteurs·rices bénévoles !