PRO ASYL publie et soutient un appel des femmes évacuées hors d’Afghanistan et réclame du gouvernement fédéral d’Allemagne qu’il se charge enfin davantage de l’accueil des personnes vulnérables en Afghanistan. La procédure en faveur des travailleurs affiliés locaux doit être réformée et l’accueil grâce au visa humanitaire doit être maintenu, même après l’entrée en vigueur d’un programme d’accueil fédéral.

La plupart d’entre elles y sont parvenues : 31 femmes du groupe « United Voice of Women for Peace », qui a été fondé par l’ancien ministère de la Paix afghan, sont en Allemagne ou s’y rendent. L’ancienne secrétaire d’État du ministère de la Paix, Dr. Alema, a été évacuée vers l’Allemagne juste après la prise de pouvoir des Talibans. Avec PRO ASYL, elle a réussi à obtenir pour 31 femmes du groupe un visa humanitaire selon le § 22, article 2 de la Loi relative au séjour des étrangers. Des demandes de visa ont également été déposées pour trois autres membres du groupe et sont encore en cours de traitement au ministère des Affaires étrangères (Auswärtiges Amt – AA). Au total, 34 femmes du groupe s’étaient adressées à Madame Alema et PRO ASYL en les priant de bien vouloir les aider à fuir d’Afghanistan.

Invité par PRO ASYL, une grande partie du groupe s’est retrouvé à Francfort-sur-Main le 4 août. Il est vite apparu que malgré le soulagement d’être en sécurité, l’inquiétude pour celles qui sont restées là-bas persiste :

«  Nous avons été sauvées de l’enfer. Nous sommes à présent en Allemagne et en liberté. Mais les actes de cruauté des Talibans envers des milliers d’autres femmes et hommes qui subissent la même chose que nous, ne nous sort pas de la tête. Même un an après la prise de pouvoir des Talibans, des dizaines de milliers de personnes attendent toujours une confirmation de leur accueil et leur évacuation. La procédure jusqu’à ce qu’une personne puisse enfin sortir d’Afghanistan, dure beaucoup trop longtemps. »

Pour cette raison, les militantes ont lancé un appel pressant au gouvernement fédéral et à la communauté mondiale. Elles réclament, entre autres :

  •  que l’accueil grâce au visa humanitaire selon le § 22 article 2 de la Loi relative au séjour des étrangers soit toujours appliqué en  plus  d’un futur programme  d’accueil fédéral,
  • que dans la procédure concernant les travailleurs locaux, le mot « travailleur local » soit étendu à toutes les activités rémunérées et bénévoles des institutions, organisations et entreprises allemandes, ainsi que leurs sous-traitants,
  • un programme d’accueil fédéral,
  • une accélération du regroupement familial et une adaptation de la notion de famille à la réalité de vie afghane.

PRO ASYL adhère pleinement aux requêtes et craint en même temps qu’à l’avenir, le ministère des Affaires étrangères et le ministère de l’Intérieur (Bundesministerium des Innern – BMI) ne prévoient de délivrer des visas humanitaires de manière extrêmement restrictive et ne se limitent qu’à quelques cas triés sur le volet. Dans le bilan provisoire Sechs Monate «Aktionsplan Afghanistan» du AA, on peut lire : « Le programme d’accueil fédéral pour l’Afghanistan, convenu lors de l’accord de coalition, se trouve toujours en cours d’élaboration. Le Bundestag a mis des fonds à disposition à cet effet. Actuellement ont lieu des concertations entre le BMI et l’AA. Jusqu’à ce qu’il soit mis en place, une procédure simplifiée d’obtention des visas humanitaires a été conclue pour les cas particulièrement pressants. » [Souligné par PRO ASYL]

Cela signifie que les défenseurs des droits de l’homme en Afghanistan qui sont extrêmement menacés et ne parviennent pas à entrer dans le programme fédéral, seront dorénavant laissés pour compte. Le traitement des visas humanitaires selon le §22 art. 2 de la Loi sur le séjour des étrangers dépend du AA, la procédure compliquée de sélection et de mise en œuvre du programme d’accueil selon le §23 de la Loi sur le séjour des étrangers, dépend quant à elle du BMI. Dans l’accord de coalition tricolore, l’obtention de visas humanitaires a été promise. Ce n’est pas lié à un programme d’accueil fédéral sur l’ampleur duquel on débat depuis plusieurs mois et qui sera, c’est prévisible, beaucoup trop étroitement conçu. « Nous réclamons que la coalition tricolore s’en tienne à ses promesses et ne suspendent pas l’octroi des visas humanitaires avec des excuses douteuses en jouant sur les mots, prévient Günter Burkhardt, directeur de PRO ASYL.  Une personne qui se trouve gravement en danger doit être sauvée immédiatement. Pour cette raison, il faut continuer à attribuer les visas humanitaires en permanence. La ministre Annalena Baerbock doit en premier lieu veiller à ce que dans sa maison, les cas à haut risque soient traités, puis transmis au BMI. »

United Voice of Women for Peace

Le groupe « United Voice of Women for Peace » a été fondé en 2019 parle ministère de la Paix de l’ancien gouvernement afghan, afin de conseiller l’équipe de négociations du gouvernement afghan, responsable du processus de paix, et la soutenir en concevant des stratégies de paix. Le groupe comportait de nombreuses femmes dans la capitale de Kaboul et dans les 34 provinces d’Afghanistan, qui se sont courageusement engagées en tant que défenseuses des droits des femmes et des hommes pour tout ce que les Talibans méprisent et combattent : l’égalité entre hommes et femmes, un constitution démocratique, la paix et la liberté. Lors de la Journée internationale de la Femme, le 8 mars 2022, elles s’étaient déjà adressées au gouvernement fédéral avec l’appui de PRO ASYL avec l’appel « Sortez-nous d’ici ! ».

https://www.proasyl.de/pressemitteilung/evakuierte-afghanische-frauen-appellieren-vergesst-nicht-die-anderen/

 

Traduit de l’allemand par Laurence Wuillemin, Munich