L’Association pacifiste internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire (en anglais International Physicians for the Prevention of Nuclear War IPPNW) demande au gouvernement fédéral d’intervenir en faveur d’une interdiction des attaques sur les centrales nucléaires au cours de la Conférence de contrôle des parties au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) qui se déroule actuellement à New York. Les obstacles empêchant l’accès immédiat de l’Agence internationale de l’énergie atomique AIEA à la centrale nucléaire de Zaporijjia doivent être écartés.

« La guerre dans un pays avec des réacteurs nucléaires en service est du jamais vu et une rupture de tabou. Chaque jour que dure la guerre en Ukraine augmente rien que sur le plan statistique l’éventualité d’une catastrophe nucléaire. C’est pourquoi nous appelons les États parties au TNP à se mettre d’accord sur une déclaration d’interdiction des attaques militaires contre les installations nucléaires », explique le Dr Angelika Claußen, présidente de l’IPPNW Allemagne.

La centrale nucléaire de Zaporijjia a été de nouveau bombardée dans la nuit de dimanche, la Russie et l’Ukraine s’accusant réciproquement d’en êre responsable ; le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a averti que toute attaque contre des centrales nucléaires était « suicidaire ». L’AIEA tente d’accéder à la centrale, jusqu’ici en vain. Le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, a lui aussi mis en garde ce week-end contre le risque d’une catastrophe nucléaire, qui pourrait menacer la santé publique et l’environnement en Ukraine et au-delà.

La centrale nucléaire de Zaporijjia en Ukraine de l’Est est, avec ses six réacteurs d’une capacité de 5 700 MW, la plus grande d’Europe et se trouve depuis début mars 2022 sous contrôle de l’armée russe. Le 2 mars 2022, la centrale a été pour la première fois bombardée lors de combats par des troupes russes et un incendie s’est déclaré dans un bâtiment destiné à la formation. Suite à des tirs d’artillerie, des dommages ont toutefois été signalés sur le bâtiment du réacteur 1, ainsi qu’au moins deux impacts dans la zone de stockage à sec des éléments de combustible usés. Il n’y a pas eu de fuite de radioactivité.

Des vidéos en provenance de la centrale témoignèrent également que les employés ukrainiens avaient tenté de prévenir les soldats par haut-parleurs des dangereuses conséquences de leurs attaques.

En Ukraine, 15 réacteurs au total sont en service sur quatre sites nucléaires. Ils couvrent 50 % des besoin en électricité du pays. Mais les centrales nucléaires sont également menacées par la seule paralysie du réseau électrique dus à des combats ou à un sabotage. Les cyberattaques représentent également un immense danger. Pour le refroidissement, les centrales nucléaires sont tributaires d’une alimentation électrique ininterrompue. Même une centrale nucléaire à l’arrêt doit continuer à être refroidie.

Le droit international n’a pas encore établi de règles claires sur les zones de sécurité et de distance autour des centrales nucléaires. Du fait de la guerre en Ukraine, l’organisation médicale IPPNW appelle la communauté internationale à combler cette lacune du droit international. Il est urgent que les troupes russes se retirent autour des installations nucléaires et que celles-ci deviennent des zones entièrement démilitarisées pour protéger la population civile.

 

Communiqué de presse (en allemand)

 

Traduit de l’allemand par Laurence Wuillemin, Munich