À Vienne, du 24 au 27 juin, 65 pays au total, avec de nombreux autres observateurs et un grand nombre d’organisations de la société civile, se sont alignés contre la menace de l’utilisation des armes atomiques et se sont engagés à œuvrer pour leur élimination dans les meilleurs délais.

Voici le résumé de cette première conférence du Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires (TIAN) qui, avec le rejet de l’OTAN et des neuf puissances nucléaires, s’est achevée jeudi dernier dans la capitale autrichienne.

La conférence des pays signataires du TIAN était elle-même précédée d’autres événements tels que le forum ICAN sur l’interdiction nucléaire – Vienna Hub, la conférence sur l’impact humanitaire des armes nucléaires et l’Aktionsbündnis Für Frieden Aktive Neutralität und Gewaltfreiheit. Ce fut une semaine de célébration du désarmement, de la coopération et de la recherche de la compréhension plutôt que de la confrontation.

Dans tous les cas, le dénominateur commun était la condamnation des menaces nucléaires face à l’escalade de tensions militaires et à une dynamique de confrontation croissante. Soit la sécurité appartient à tous et pour tous, soit elle ne fonctionnera pas si certains veulent imposer leur vision aux autres…

En faisant clairement référence à la position de la Russie avec son invasion de l’Ukraine et à celle des États-Unis qui, par le biais de l’OTAN, continuent de resserrer l’étau dans une dynamique de prétention à être le commandant en chef d’un monde qui a changé. Nous entrons désormais dans un monde régionalisé où personne ne peut imposer sa volonté aux autres à lui tout seul.

Une nouvelle atmosphère dans les relations

L’atmosphère, le traitement et la considération avec lesquels les débats, les échanges et les décisions ont été menés lors de la conférence du TIAN furent très remarquables. Beaucoup de considération, beaucoup de respect pour les points de vue des autres, même s’ils sont contraires aux siens. En général, le président de la conférence, l’Autrichien Alexander Kmentt, a fait un bon travail pour naviguer au milieu de nombreuses différences et résoudre les diverses perceptions, mais finalement , c’est avec beaucoup de tact qu’elles furent menées à bon terme. Ce fut un exercice habile pour trouver des accords et une position commune. De la part des pays, il y a eu de la fermeté et en même temps de la flexibilité face à des situations qu’il fallait traiter.

Observateurs

La présence d’observateurs et de nombreuses organisations de la société civile a contribué à cette atmosphère différente lors des réunions et des débats.

La présence d’observateurs d’Allemagne, de Belgique, de Norvège, des Pays-Bas, d’Australie, de Finlande, de Suisse, de Suède, d’Afrique du Sud, parmi beaucoup d’autres, a montré l’attention que ce nouveau domaine suscite dans le monde, en ces temps compliqués où la confrontation est notre pain quotidien.

Il convient également de noter que la présence d’organisations de la société civile génère une atmosphère de détente, de familiarité et de connexion où l’institutionnel n’est pas en contradiction avec la vie quotidienne et le bon sens. Cela pourrait être l’une des caractéristiques du sommet de Vienne, « le sommet du bon sens ».

Nous avons un plan d’action

L’une des caractéristiques de la déclaration finale est qu’elle a été adoptée en même temps qu’un plan d’action. L’objectif final est clair : l’élimination totale de toutes les armes nucléaires.  

Tant que ces armes existeront, compte tenu de l’instabilité et des conflits croissants, « les risques d’utilisation de ces armes, que ce soit délibérément ou par accident ou erreur de calcul, sont fortement exacerbés », prévient le texte de la résolution commune.

L’interdiction totale des armes nucléaires

Le président Kmentt a souligné l’objectif de « parvenir à une interdiction complète de tous les arsenaux de destruction massive », déclarant que « c’est la seule façon d’être certain qu’ils ne seront jamais utilisés ».

À cette fin, deux présidences de conférence du TIAN ont déjà été prévues, la première par le Mexique et la suivante par le Kazakhstan. La prochaine réunion du TIAN aura lieu au siège de l’ONU à la fin du mois de novembre 2023, sous la présidence du Mexique.

Le TIAN est une étape supplémentaire après le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), auquel de nombreux pays adhèrent. Elle était nécessaire pour sortir de l’impasse et du manque d’efficacité du TNP après des décennies. Elle n’a pas servi à l’élimination, mais plutôt à ce que davantage de pays acquièrent des armes nucléaires et développent davantage leur sophistication. Le président Kmentt lui-même a souligné que le nouveau traité, qui n’est entré en vigueur qu’il y a un an et demi, est un « complément au TNP », car il n’a pas été conçu comme une alternative à celui-ci.

Dans la déclaration finale, les pays du TIAN reconnaissent le TNP « comme la pierre angulaire du régime de désarmement et de non-prolifération », tout en « déplorant » les menaces ou les actions qui pourraient le compromettre.

Plus de 2000 participants

La participation à la conférence du TIAN a été ainsi : 65 États membres, 28 États observateurs, 10 organisations internationales des Nations unies, 2 programmes internationaux et 83 organisations non gouvernementales. Au total, plus d’un millier de personnes parmi lesquelles Monde sans Guerres et sans Violence a participé en tant que membre de l’ECOSOC avec des représentants d’Allemagne, d’Italie, d’Espagne et du Chili.

Au total, plus de 2 000 personnes ont assisté aux 4 événements qui ont eu lieu pendant les 6 jours.

Nous pensons qu’un pas très important a été fait en direction d’un nouveau monde, qui aura sûrement d’autres nuances et protagonistes, mais que ces accords contribueront de manière significative à son progrès et à sa concrétisation.

 

Rafael de la Rubia
Monde sans guerres et sans violence

 

Traduit de l’espagnol par Martine Sicard