Les habitants des Pays-Bas et de cinq autres Etats membres de l’Otan rejettent massivement la présence d’armes nucléaires américaines et soutiennent le traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN). En fait selon les sondages, le soutien à l’adhésion des Pays-Bas à l’interdiction du nucléaire continue de croître.

Dans le nouveau sondage YouGov publié ce jour, les résultats sont clairs : 78% des habitants des Pays-Bas veulent que leur gouvernement ratifie le traité des Nations Unies d’interdiction des armes nucléaires. En fait, 68% ont déclaré que les Pays-Bas doivent être parmi les premiers membres de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) à le ratifier, même si le pays subit des pressions de la part des Etats Unis d’Amérique pour ne pas y adhérer.

Un sondage similaire a été organisé en 2019 et à cette époque seulement 62% des personnes sondées voulaient que le gouvernement néerlandais ratifie l’interdiction. Ces nouveaux chiffres reflètent une compréhension croissante du fait qu’il n’existe pas de mains sûres pour les pires armes au monde.

Le traité d’interdiction entre en vigueur

Ces résultats ont été révélés le même jour que l’entrée en vigueur du TIAN, après que 50 Etats parties ont ratifié le traité en octobre dernier. Le traité interdit aux nations de développer, essayer, produire, fabriquer, transférer, posséder, entreposer, utiliser ou menacer d’utiliser des armes nucléaires, ainsi que d’autoriser la présence d’armes nucléaires sur leur territoire. Le traité a été adopté par les Nations Unies en 2017. Les politiques actuelles des Pays-Bas ne sont pas conformes à ce traité selon le 2020 Nuclear Ban Monitor.

Ce sondage réalisé sur 1.029 Néerlandais, a révélé que 78% sont en faveur d’une adhésion des Pays-Bas au TIAN et la position actuelle du gouvernement contre le traité n’est soutenue que par 7% des sondés. Même lorsqu’ils sont informés du fait que leur pays subit de fortes pressions de la part de certains alliés de l’OTAN pour rejeter le TIAN, 68% maintiennent leur volonté que leur gouvernement montre la voie et se trouve parmi les premiers à ratifier le traité.

Beatrice Fihn, directrice exécutive de ICAN, a déclaré « Actuellement, les armes nucléaires sont officiellement interdites en droit international et ce n’est certes pas trop tôt. La position du gouvernement néerlandais n’est plus tenable. »

La plupart des Néerlandais sondés ne savaient pas (61%) ou doutaient (21%) que leur pays accueille des armes nucléaires américaines et avait marqué son accord de participation à une attaque nucléaire si cela lui était demandé par les Etats Unis et l’Otan. Une majorité (68%) veulent que les armes nucléaires américaines partent lorsqu’ils sont informés de leur présence dans le cadre de la mission de « partage nucléaire » de l’Otan.

Des armes nucléaires à Volkel

A l’heure actuelle, environ 20 armes nucléaires sont déployées à la base aérienne néerlandaise de Volkel. Bien que la politique officielle soit de ne pas confirmer ni infirmer cette présence, l’Otan et les dirigeants néerlandais ont tous impliqué que ces armes sont présentes au cours d’une série d’exercices nucléaires en octobre dernier. En même temps, le ministre de la défense néerlandais Ank Bijleveld a déclaré que « si vous effectuez des manœuvres, vous devez aussi avoir ces armes sur place », entraînant des questions parlementaires.

Mme Fihn poursuit « l’année dernière a rendu très clair ce que la plupart d’entre nous savaient déjà – aucun homme, pas même un « génie stable » ne peut disposer du pouvoir de détruire l’humanité. Les Néerlandais ne veulent pas que l’on demande à leur armée de commettre des crimes contre l’humanité pour le compte des Etats Unis et de l’Otan. C’est immoral. C’est inhumain. Et à présent, c’est illégal. »

Des sondages similaires ont été conduits en Belgique, au Danemark, en Islande, en Italie et en Espagne, ils ont révélé que 80% sont favorables au traité d’interdiction. L’Otan affirme s’engager à soutenir le désarmement nucléaire, mais s’est opposé au TIAN à chaque étape, contre la volonté des citoyens de ses Etats membres.

Pour connaître les résultats complets du sondage, voyez l’article publié par ICAN.

 

Traduit de l’anglais par Serge Delonville