D’où nous vient cette vision étriquée qui voudrait que Dieu ait jeté son dévolu sur un peuple plutôt qu’un autre ? Quelle sorte de Dieu est-ce là qui, de tous ses enfants, favoriserait l’un plutôt que l’autre, lorsque rien d’essentiel ne les distingue ?

Il est dit que nous serions créés à l’image de Dieu. J’ai plutôt le sentiment que c’est nous qui parons nos divinités de travers humains : jugement, jalousie, colère, rancune, vengeance, etc.

Ce qui est triste dans toute cette histoire, c’est que tous les sages, les saints ou les prophètes qui se sont succédés depuis des siècles, sont venus pour la même chose : nous aider à devenir des êtres humains accomplis, conscients de leur relation particulière au divin.

Bien évidemment, ils se sont exprimés à partir de la culture dans laquelle ils baignaient à leur époque, en rapport avec les préoccupations de leurs contemporains. Une majorité d’entre eux n’ont pas laissé d’écrit derrière eux, ils offraient un enseignement vivant, directement tiré de leur vision. La plupart des écritures ont été compilées plus tard, à partir d’une tradition orale ou de textes éparses.

Il n’existe pas plusieurs dieux. Il existe ce pouvoir – peu importe comment on le nomme – qui a créé l’univers et toutes les formes de vie, dont nous sommes. En revanche, il y a eu de nombreux messagers, de nombreux visionnaires et sages, car à toutes les époques, les gens ont éprouvé le besoin d’être guidés, enseignés, éclairés. Il est clair que notre époque n’y fait pas exception. Comment le pourrait-elle, quand on observe ce qui se passe d’un point de vue strictement humain et non idéologique ?

Pourquoi sortir de la rationalité et du bon sens pour ce qui devrait au contraire nous y ramener totalement ? Les religions sont comme les races : les différences sont superficielles, mais l’essence est la même. Cherchons le cœur, la profondeur de l’âme et célébrons les différences, comme autant d’expressions d’une même ferveur, d’un même besoin naturel de rendre grâce à celui qui nous donne la vie.

On invoque souvent les guerres de religions, mais on ne souligne pas assez qu’en période de stabilité et d’abondance, des hommes et des femmes de confessions différentes vivaient en bonne intelligence, se respectaient, échangeaient biens, services et savoirs. On retrouve des traces de ces coopérations plus ou moins fortuites, de ces mélanges, à travers les langues, les arts et les sciences. Nous sommes, êtres humains de toutes confessions, compatibles entre nous, de par notre nature intrinsèque, notre commune origine qui nous vient du seul dieu qui devrait nous intéresser : celui qui donne la vie. Son pouvoir en la matière est discrétionnaire.

Et voyez ce qu’il est intéressant de noter : Dieu ôte la vie quand le moment est venu, mais il nous a aussi doté de ce pouvoir exorbitant. Nous ne sommes pas capables de créer la vie, mais nous avons le pouvoir de la détruire.

On pourrait très bien imaginer que nous soyons conçus invulnérables, jusqu’à ce que Lui et lui seul décide que c’est le moment pour nous d’achever notre séjour sur Terre. Pourquoi pas ? Il est tout-puissant. Il aurait pu donner aux lois de la vie d’autres caractéristiques que celles que nous connaissons.

Mais peut-être nous a-t-il volontairement doté de ce pouvoir, pour que nous mesurions, par contraste, la valeur, la préciosité, le caractère unique d’une vie – que nous ne pouvons pas ressusciter – et que nous avons, en revanche, le devoir de protéger, de nourrir et de maintenir en bonne santé ? Telle est notre inclination première, face à une vie en danger.

Imaginez si nous étions invincibles, jusqu’au seul jour édicté par le pouvoir supérieur. Nous disposerions de tous les autres pour en faire ce que nous voulons. Quel chaos ! Rien n’aurait plus d’importance. Tout serait égal. Bien, mal, vérité, mensonge, conscience, inconscience, amour, haine, guerre, paix, etc. Le monde serait…  serait… Eh, bien, serait ce qu’il est malheureusement en train de devenir ! Et c’est ce qui me rend triste.

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« Tu ne tueras point. » La Bible

« Ne tuez qu’en toute justice la vie qu’Allah a fait sacrée. » Le Coran

« Si la haine répond à la haine, comment la haine finira-t-elle ? » Bouddha

« Le sage équarrit sans blesser, incline sans porter atteinte, rectifie sans faire violence, et resplendit sans aveugler. » Lao Tseu