En 1987, les États-Unis et l’Union soviétique ont conclu un accord pour éliminer leurs stocks de missiles terrestres à portée intermédiaire et à courte portée (ou « moyenne portée ») (qui pourraient porter des têtes nucléaires). En février 2019, les États-Unis ont annoncé qu’ils suspendaient leur application. Cela a ouvert la possibilité d’un retour aux années de la guerre froide, l’Europe vivant sous la menace imminente de l’oubli nucléaire qui a failli se produire à plusieurs reprises. Nous publions ici la dernière déclaration du président russe, Vladimir Poutine, appelant à la désescalade, tirée du site web de la présidence russe, ici.

La Fédération de Russie continue à croire que le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) était un élément important de l’architecture visant à assurer la sécurité internationale et la stabilité stratégique. Le Traité était essentiel pour maintenir la prévisibilité et la retenue dans la sphère des missiles en Europe.

Nous considérons que le retrait des États-Unis du Traité FNI, qui a entraîné sa résiliation, est une grave erreur, qui augmente les risques de déclencher une course aux armements anti-missiles, d’intensifier le potentiel de confrontation et de glisser vers une escalade incontrôlable. Étant donné la tension constante entre la Russie et l’OTAN, de nouvelles menaces pour la sécurité européenne deviennent évidentes.

Dans ces circonstances, des efforts actifs sont nécessaires pour réduire le déficit de confiance et pour renforcer la stabilité régionale et mondiale, ainsi que pour réduire les risques découlant des malentendus et des désaccords dans le domaine des armes de missiles.

Dans ce contexte, nous réitérons notre adhésion au moratoire sur le déploiement des missiles INF basés au sol déclaré précédemment par la Fédération de Russie jusqu’à ce que des missiles de fabrication américaine de classes similaires soient déployés dans les régions correspondantes.

Nous pensons également que notre appel aux pays de l’OTAN à envisager la possibilité de déclarer un contre-moratoire reste pertinent.

Afin de faciliter la recherche de solutions politiques et diplomatiques de compromis, nous sommes prêts à prendre des mesures supplémentaires pour minimiser les conséquences négatives de l’effondrement du Traité FNI, sur la base des principes de sécurité égale et indivisible et de considération équilibrée des intérêts des parties.

Sur la base de notre proposition précédente de développer des outils de surveillance pour soutenir l’initiative de la Russie sur les contre-moratoires, nous invitons toutes les parties intéressées à envisager des options spécifiques pour l’adoption de mesures de vérification mutuelle afin de répondre aux préoccupations existantes.

En particulier, nous pourrions nous concentrer sur les mesures de vérification concernant les complexes Aegis Ashore avec des lanceurs Mk-41 qui sont déployés dans les bases américaines et de l’OTAN en Europe, ainsi que les missiles 9M729 dans les installations exploitées par les Forces armées de la Fédération de Russie dans la Région de Kaliningrad. Les mesures de vérification confirmeraient l’absence de missiles INF basés au sol sur les installations couvertes par les accords, ainsi que les armes dont les spécifications et la classification n’ont pas pu faire l’objet d’un accord entre les parties (missile russe 9M729).

Tout en restant attachée à la position cohérente sur la conformité totale du missile 9M729 avec les dispositions du Traité FNI précédemment en vigueur, la Fédération de Russie est néanmoins prête, dans un esprit de bonne volonté, à continuer à ne pas déployer de missiles 9M729 en Russie européenne, mais à le faire uniquement à condition que les pays de l’OTAN prennent des mesures réciproques qui empêchent le déploiement en Europe des armes précédemment interdites par le Traité FNI.

Nous appelons également toutes les parties prenantes à chercher des moyens de maintenir la stabilité et de prévenir les crises liées aux missiles « dans un monde sans Traité FNI », tel qu’il s’applique à la région Asie-Pacifique. Nous sommes ouverts à la poursuite d’un travail commun dans ce domaine.