Interdiction des armes nucléaires, nouvelle Constitution pour le Chili, non aux brevets pharmaceutiques qui ne respectent pas toutes les procédures.

Ces derniers jours, beaucoup de bonnes choses se sont produites grâce à la ténacité des citoyens, des peuples et des institutions responsables de la « res publica ».

Suite à la signature du Honduras, après la Jamaïque et Nauru il y a quelques jours, le 24 octobre 2020, le traité des Nations unies sur l’interdiction des armes nucléaires a atteint la ratification de 50 États requise pour son entrée en vigueur dans 90 jours. 75 ans après les massacres d’Hiroshima et de Nagasaki, les armes nucléaires sont interdites. Leur production, leur utilisation et leur commerce sont illégaux. Ce retournement de l’histoire, pour l’instant au niveau des principes et législations internationales, jugé impossible, est dû à l’énorme dévouement et à la ténacité de centaines de milliers de personnes à travers le monde depuis trois quarts de siècle et plus récemment aux 500 associations qui ont mené depuis 2007 une inlassable Campagne Internationale pour l’Abolition des Armes Nucléaires (ICAN) et qui méritent tout le respect et les plus vifs remerciements de l’Humanité, qui grâce à la ratification du Traité grandit en conscience, en identité et en capacité d’action.

Nous verrons ce qui se passera dans les années à venir. Il est certain que les États nucléaires vont essayer de boycotter le traité et d’agir comme s’il n’existait pas. Toutefois, cela ne sera pas facile. L’humanité s’organisera, sera en alerte, créera des comités de suivi, publiera des rapports annuels, mettra les tribunaux en marche. Le traité est là. Il a force de loi. La force de la loi semble faible par rapport à la loi de la force, mais les bellicistes ne doivent pas se faire d’illusions. Tôt ou tard, la force de la loi l’emporte.

Ceci est confirmé, quarante ans après la dictature de Pinochet, par la victoire du peuple chilien qui, le 25 octobre, avec un taux extraordinaire de 78,5% des électeurs lors du référendum national, a dit oui à l’élaboration d’une nouvelle Constitution. Depuis des années, le peuple chilien se révolte, dans les places, les rues, les usines, les écoles, les hôpitaux. Il appelle le gouvernement à rétablir l’État de droit et les droits et libertés civils et politiques, à mettre fin à l’injustice sociale, à participer au gouvernement collectif de l’avenir du pays. Le peuple chilien veut mettre fin à une société qui favorise l’enrichissement de quelques-uns, en détruisant de surcroît les ressources et les biens communs du pays, dont les Chiliens, les peuples indigènes et les nouveaux peuples, veulent se sentir responsables en commun et non en conflit les uns avec les autres.

Comme la Bolivie il y a une semaine, le peuple chilien a rejeté la domination de la violence et des oligarchies locales et internationales. Un exemple fort. Il faut espérer que les Européens ne se contenteront pas de regarder et de dire « bons Chiliens ». Le virus chilien est le bienvenu en Europe. Nous aussi, nous avons besoin d’une nouvelle « Constitution européenne » rédigée par un Parlement européen séant en tant que « Assemblée constituante ».  Le New Deal cher à la Commission actuelle est très insuffisant pour être considéré comme une renaissance du projet européen.

Enfin, grâce au strict respect des règles et procédures d’intérêt public par la Food and Drug Administration (FDA), l’agence gouvernementale américaine responsable de la sécurité alimentaire et sanitaire du pays, la loi de la force (Trump) n’a pas gagné sur la force de la loi dans le domaine des brevets. Comme nous le savons, les brevets sur les vaccins anti-Covid-19, encore en cours de développement et de validation, et sur les médicaments connexes déjà en usage, font l’objet de luttes importantes entre les plus puissantes entreprises pharmaceutiques, en cela soutenues par leurs gouvernements. Tous, gouvernements et entreprises, notamment aux Etats-Unis, cherchent à obtenir des autorités médicales des mesures moins restrictives et moins contraignantes en ce qui concerne l’autorisation des vaccins. Le président Trump a publiquement menacé la FDA d’aller au-delà des dispositions fixées par l’agence, et a tenté par tous les moyens d’obtenir des mesures exceptionnelles en faveur des vaccins américains, dans l’espoir de pouvoir annoncer la disponibilité d’un vaccin américain avant les élections présidentielles du 3 novembre.

Eh bien, le 22 octobre, la FDA a décidé de procéder à l’autorisation complète, après l’autorisation d’urgence d’il y a six mois, d’un seul médicament (et non d’un vaccin), le remdesivir, considéré comme efficace pour un rétablissement rapide d’une infection par un virus coronarien s’il est de faible puissance et pris dans sa phase initiale. Rien d’autre. Trump ne pourra pas fausser le jeu en brandissant un vaccin. En outre, le 23 octobre, une forte majorité de membres du Conseil consultatif sur les vaccins de la FDA, un organisme scientifique indépendant, a fait valoir que les règles en vigueur ne sont pas assez strictes pour garantir une sécurité et une fiabilité maximales des vaccins.

Si cette troisième « histoire » peut sembler moins importante que les précédentes, pensez aux conséquences graves qui aurait été provoquées si la FDA avait été complaisante et avait permis la mise sur le marché de vaccins « plus faciles » et plus rapides ? Non, les institutions publiques exécutives ayant des compétences essentielles en matière de santé et de droits universels à la vie peuvent et doivent placer bien haut la barre de la responsabilité de la « res publica », du bien commun, de l’éthique et de la justice devant les pouvoirs politiques également.

Les trois « faits » sont un grand souffle d’oxygène pur : l’humanité respire. C’est à nous tous, habitants de la Terre, qu’il appartient d’empêcher qu’elle soit contaminée par les prédateurs de la vie.