Le soutien des Caraïbes au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) continue de croître, le Belize a ratifié l’accord historique le 19 mai dernier. Le Belize est le septième membre de la Communauté caribéenne, ou CARICOM, à en devenir partie, après le Guyana, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Trinidad-et-Tobago, la Dominique et Antigua-et-Barbuda. Les pays des Caraïbes ont été de fervents partisans du TIAN, reflétant leur soutien de longue date aux efforts diplomatiques visant à instaurer un monde plus pacifique et exempt de la menace des armes nucléaires.

Le TIAN a été négocié et adopté en 2017 avec le soutien de 122 nations en réponse à l’inquiétude croissante de la communauté internationale face aux dommages catastrophiques qui résulteraient de toute utilisation d’armes nucléaires. Aucun État n’est à l’abri de ses conséquences : les populations des États voisins et éloignés qui n’ont rien à voir avec le conflit subiraient les effets des retombées radioactives, du dérèglement climatique et de l’insécurité liée à la pénurie des ressources. Même une guerre nucléaire régionale dite « limitée », impliquant une petite fraction des armes nucléaires du monde, perturberait gravement le climat et la production agricole, entraînant une famine généralisée.

Les nations des Caraïbes ont joué un rôle actif et influent dans la création du TIAN. Dans leur déclaration d’ouverture à la conférence de négociation en 2017, les États membres de la CARICOM ont fait valoir que les armes nucléaires n’ont aucune utilité dans le monde d’aujourd’hui : « Elles ne sont pas des moyens de dissuasion utiles mais cultivent plutôt un état d’insécurité et un système faussement défensif qui ne fait qu’augmenter les risques de prolifération avec un impact dévastateur sur nous tous, bien au-delà des parties directement impliquées dans le conflit ». Ils ont souligné leur vulnérabilité particulière en tant que petits États insulaires en développement et ont mis en garde contre les « maux sans précédents » que les armes nucléaires pourraient déclencher sur l’humanité.

Les États membres de la CARICOM se sont engagés à contribuer à la stigmatisation des armes nucléaires en sensibilisant le public aux conséquences humanitaires dévastatrices de leur utilisation. Comme l’indique leur déclaration de 2017 : « Nous pouvons travailler à changer les attitudes internationales et publiques concernant les politiques et les pratiques qui constituent la base de l’acceptation des armes nucléaires ». On estime que neuf nations ensemble possèdent actuellement plus de 13 000 armes nucléaires, ce qui représente une menace existentielle unique pour l’humanité et la planète. Le TIAN établit le premier cadre juridique multilatéral pour l’élimination vérifiable et irréversible de tous les arsenaux nucléaires.

Outre les sept États membres de la CARICOM qui ont ratifié le TIAN, trois l’ont signé et achèvent actuellement leur processus de ratification : la Jamaïque, la Grenade et Saint-Christophe-et-Niévès. Seulement 13 ratifications supplémentaires au niveau mondial sont nécessaires pour que le TIAN entre en vigueur. Une fois ce seuil atteint, les armes nucléaires seront sur le même pied juridique que les deux autres catégories d’armes de destruction massive, à savoir les armes chimiques et biologiques, qui font depuis longtemps l’objet d’interdictions globales à l’échelle mondiale.

Dans une déclaration aux Nations unies en octobre 2019, les États membres de la CARICOM ont exprimé leur inquiétude face à « la dépendance continue et la prévalence des armes nucléaires en tant que caractéristique des doctrines de sécurité et militaires » et ont noté « la tendance évidente à l’abandon des principes de longue date qui ont guidé l’approche de la communauté internationale en matière de désarmement et de non-prolifération nucléaires ». Ils ont déclaré que cette « préoccupation écrasante » avait animé leur engagement actif dans les négociations qui ont abouti à l’adoption du TIAN.

En juin 2019, 10 pays des Caraïbes : Antigua-et-Barbuda, Belize, Grenade, Guyana, Haïti, Jamaïque, Sainte-Lucie, Saint-Christophe-et-Niévès, Saint-Vincent-et-les-Grenadines et Trinité-et-Tobago – ont participé à un forum dans la capitale du Guyana, Georgetown, pour discuter de la nécessité d’efforts régionaux concertés pour promouvoir une entrée en vigueur rapide du TIAN. Ils ont décrit cette démarche comme « une étape essentielle vers la réalisation d’un monde sans armes nucléaires ».

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