Ce qu’il reste à écrire, ce n’est pas l’histoire de l’humanité, c’est la mienne. Car si ce n’est pas moi qui l’écrit, la page restera vierge, ou bien sera remplie d’infâmes gribouillis que je n’aurais pas choisi.

L’histoire du monde s’écrit bien toute seule, agrégats de toutes les histoires individuelles. Elle en est le reflet fidèle, scrupuleux. Je n’ai pas d’inquiétude pour cela. Et mieux vaut-il parfois ne pas aller y voir de trop près, le découragement pourrait me saisir…

Mais mon histoire, qui l’écrira, si ce n’est moi ? Qui écrira l’histoire que je veux entendre à l’énoncé de mon nom ? Qui peut bien l’écrire, cette histoire-là ?

Quel en sera le thème central ? Quelle sera la quête du héros dont je camperai le personnage ? A quels périls devra-t-il faire face et comment les surmontera-t-il ? Vers quel Dieu ou démon se tournera-t-il pour implorer aide et protection ? Traversera-t-il des moments de doute, connaitra-t-il la peur, aura-t-il froid et faim ? Rencontrera-t-il l’amour, la passion, la joie ?

Après avoir traversé bien des péripéties, aura-t-il accompli son destin et au soir de sa vie ? Sera-t-il prêt à partir en paix, le cœur empli d’une gratitude débordante pour tous les bienfaits qu’il aura finalement reçu, après bien des tourments ?

Écrire cette histoire, l’écrire vraiment, jour après jour, page après page, en choisir soigneusement les mots, dessiner chaque lettre est une tâche noble, exaltante. Son support n’est pas fait d’encre et de papier, mais d’intentions et d’actes.

Voilà qu’elle est véritablement ma contribution à la grande histoire de l’humanité. Peut-il en exister une autre qui lui disputerait la priorité ?

Et lorsque je me trouve à court de mots, que je ne sais plus bien quoi écrire, je m’arrête et j’écoute ce mon cœur a à me dire. J’écoute de la musique aussi, parfois même je danse ! C’est ce que je fais beaucoup en ce moment, pour évacuer les tensions.

J’ai découvert cet artiste méconnu, à la carrière en dents de scie : Bill Fay. Je tenais à lui rendre hommage, car sa musique m’est comme tombée du ciel en cette période si particulière. Sa musique y restera irrémédiablement attachée. Elle occupe déjà une page de mon histoire.

Parmi tous ses titres, nombreux (que je n’ai pas encore fini d’explorer), j’ai choisi celui-ci dont les paroles, lorsque je les ai traduites, m’ont rappelé Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson, que me contait ma maman lorsque, enfant, il était l’heure d’aller me coucher.

The Geese Are Flying Westward (Lien vidéo)
Les oies volent vers l’ouest,
Elles rentrent chez elles,
Juste au-dessus de moi,
Le balayeur de l’usine
Qui lève le nez au ciel.
Les oies volent vers l’ouest,
Elles savent où elles vont.
Peut-être aurais-je dû partir voyager
Vers des contrées que j’ignore ?
Peut-être aurais-je dû m’aventurer
Au-delà des lieux qui me sont familiers ?
Mais je ne crois pas.
Je suis tellement content d’avoir vu

Les nuages se déployer,
Et d’avoir entendu
L’écho des profondeurs.