Ce samedi 14 mars 2020, le Mouvement pour la démocratie en Europe 2025 (DiEM25) a publié les fichiers audios complets des réunions de l’Eurogroupe de Yanis Varoufakis en 2015 sur https://euroleaks.diem25.org/

Il s’agit des enregistrements réalisés en 2015 lors des réunions de l’Eurogroupe auxquelles a participé Yannis Varoufakis.

Diem25 affirme qu’aucun compte-rendu n’a été rédigé à la suite de ces réunions.

Diem25 déclare également : « Ce genre d’action, menée dans un manque total de transparence par un groupe d’hommes politiques non élus qui influencent toute notre vie, est inacceptable ».

« La communauté européenne est toujours prisonnière de programmes d’austérité massifs, qui dans de nombreux pays ont conduit à une résurgence du populisme de droite. Avec toutes les conséquences que l’on peut observer à la frontière gréco-turque : inhumanité et xénophobie ».

« Euroleaks est un appel à la vigilance pour que tous les hommes politiques d’Europe soient à nouveau au service des citoyens européens et leur fassent prendre conscience de toutes les décisions importantes qui les concernent ».

Pour ces raisons, DiEM25 a publié aujourd’hui les enregistrements des réunions de l’Eurogroupe de 2015.

Vidéo : Pourquoi Euroleaks et pourquoi maintenant ? Commentaires du co-fondateur de DiEM25 et député MeRA25   #Euroleaks

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Transcription de la vidéo :

Pourquoi Euroleaks ? Pourquoi publions-nous les enregistrements audios des réunions de l’Eurogroupe auquel j’ai participé en tant que ministre des finances de la Grèce en 2015 ?

Parce qu’il n’y a pas de transparence dans l’Union européenne. L’Union européenne ne semble pas être consciente que la transparence est cruciale dans une démocratie. Dans nos démocraties indirectes, nous élisons des représentants qui nous représentent dans des réunions importantes et au cours desquelles ils prennent des décisions qui déterminent le cours de notre vie dans le présent et celui de nos enfants dans le futur. Si nous ne savons pas ce que nos représentants disent dans ces réunions, il est tout simplement impossible de juger leur performance et décider si on veut les élire encore une fois ou non. Le fait qu’on n’écrive pas les comptes-rendus des réunions de l’Eurogroupe n’est pas anodin, et certainement pas un oubli. En évitant de faire ces comptes-rendus, ou même les enregistrer, ils exercent leur pouvoir en tant que plus puissants pour écarter les moins puissants car si vous représentez un pays très endetté mais qui n’a pas les moyens de pression de, par exemple, l’Allemagne ou la France, l’absence de comptes-rendus veut dire deux choses. D’abord, si vous avez un différend avec un membre puissant de l’Eurogroupe, ils le divulguent immédiatement en déformant ce que vous avez dit et il n’y aura aucun enregistrement de compte-rendu pour prouver le contraire.

Deuxièmement, encore plus important, même si vous arrivez à un accord avec l’Eurogroupe, qui d’une façon ou autre, contribuerait au bien-être de vos concitoyens, et celui des citoyens européens mais contre l’intérêt de l’oligarchie, il n’y aura aucun moyen de prouver que cette décision ait vraiment été prise.

C’est ce que j’ai vécu en 2015 et c’est la raison pour laquelle on a commencé ces enregistrements audios auxquels vous avez maintenant accès. Que pourrez-vous constater grâce à Euroleaks ? Vous pourrez constater la qualité des propositions que mon ministère a fait aux créanciers, à la Troïka. Pourquoi cela est-il important ?

Eh bien, parce que pendant ces dernières années, le système médiatique a déclaré que ces propositions n’ont jamais été faites et que les propositions que je faisais à l’Eurogroupe n’étaient que des paroles en l’air, des traités théoriques et idéologiques. Jugez-en par vous-mêmes. Vous entendrez le président de l’Eurogroupe et d’autres ministres m’avertir que si j’ose présenter des propositions écrites aux réunions de l’Eurogroupe, cela signerait la fin des négociations. Et qu’ils seraient obligés de présenter ces propositions, qui ne sont d’ailleurs pas des accords, dans leur Parlement afin d’annuler quelconque possibilité de négociation qu’elles ont. Et en même temps, ils divulguaient des fausses informations à la presse, disant que je venais aux réunions de l’Eurogroupe sans aucune proposition.

Vous en jugerez par vous-même en écoutant les discussions : qui était le plus européen lors de ces réunions, qui était diplomate, poli, courtois, qui entamait ces discussions dans l’esprit de la coopération avec une volonté dur comme fer de trouver un accord qui serait mutuellement bénéfique ?

Et qui, en revanche et en parallèle, arrivait à ces réunions avec un cynisme énorme et une mauvaise disposition ? Qui étaient ceux qui ne voulaient aucun accord et ne souhaitaient que l’abandon immédiat d’un gouvernement qui venait juste d’être élu démocratiquement ? Vous entendrez de vos propres oreilles le ministre des finances allemand, M. Wolfgang Schäuble, spécifiquement dire qu’il voulait garder les profits de la Banque centrale européenne – des profits faits en achetant et vendant des obligations gouvernementales grecques – pour son propre budget fédéral allemand. Vous aurez également accès aux enregistrements remarquables de la réunion de l’Eurogroupe du 25 juin. C’était la première réunion de l’Eurogroupe à laquelle quelque chose de tangible, sur papier m’avais été présentée. Et c’était un ultimatum que me donnait la Troïka. Le Président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, m’a dit, « C’est à prendre ou à laisser ». Vous entendrez, curieusement, lors de cette réunion, Wolfgang Schäuble, tout à son honneur, qui met en défi cet ultimatum, car il avait repéré des erreurs que mon équipe et moi avions aussi trouvées. Ces erreurs concernaient la partie financière de l’accord, et surtout la formulation légale et institutionnelle de cet ultimatum. Bien que Wolfgang Schäuble ait opposé son veto contre cet ultimatum de l’Eurogroupe et en dépit du fait que d’autres ministres se sont mis de son côté, le président de l’Eurogroupe, qui était clairement sous le contrôle de la Troïka, qui tirait les ficelles, dans une autre salle, a répété, « Yanis, c’est à prendre ou à laisser ».

Vous comprendrez tout ceci très clairement, vous pourrez vous faire une idée de la manière dont ces horribles décisions sont prises. Pourquoi maintenant ? Pourquoi mettons-nous Euroleaks à votre disposition, cinq ans plus tard ?

C’est à cause de la scène nationale en Grèce. Ces dernières semaines, ces derniers mois, nous nous sommes rendu compte que les pouvoirs en place ici en Grèce utilisent comme arme les fausses nouvelles qui émanent des réunions de l’Eurogroupe de 2015. Ils les utilisent pour expliquer de nouvelles mesures d’austérité, une nouvelle vague de saisies et d’expulsions, une nouvelle législation du travail qui précarise ce qui reste de nos négociations collectives. De nouvelles politiques d’austérité et coloniales, qui accélèrent, ici en Grèce, et approfondissent la crise de notre société alors qu’au même moment, l’Union européenne, à Bruxelles, avec les gouvernements français et allemand, qui sont très importants pour tracer l’avenir de l’Europe, échouent de façon spectaculaire à améliorer la manière dont les décisions importantes sont prises. L’Eurogroupe ne fait toujours pas de compte-rendu, le Conseil de l’Union européenne est toujours enveloppé d’une opacité totale.

Il est grand temps que nous changions ceci. Si en étant publié maintenant, Euroleaks permet de pousser ceux qui sont au pouvoir à Bruxelles vers plus de transparence, ne serait-ce que pour faire des comptes-rendus lors de ces réunions, ce sera une petite victoire pour la démocratie.

On me demande souvent si la diffusion d’enregistrements audios de conversations privées est une chose morale. Non seulement c’est moral, mais c’est mon devoir de citoyen, mon devoir national en tant que Grec et mon devoir européen, en tant qu’européiste, de les diffuser, dans la mesure où cela révèle à quel point des décisions terribles sont prises, derrière un voile d’opacité, au nom de personnes qui ne sont pas conscientes des décisions prises en leur nom. Euroleaks envoie un message très simple aux pouvoirs en place, au cœur de l’Union européenne, « Nous ne cesserons de réclamer que des comptes-rendus soient rédigés, que la transparence soit totale, que la lumière soit acceptée dans ces réunions à huis clos, afin que les citoyens sachent ce qui est décidé en leur nom ». Et notre message aux citoyens européens, aux citoyens de Grèce, d’Allemagne, du Portugal, d’Espagne : « Joignez vos voix à la nôtre pour que nous puissions abattre le mur qui enlève le mot demos (N.d.T « peuple » en grec) de la démocratie ».

DiEM25 – faire avancer l’Europe ensemble

 

Traduction de l’anglais, Maryam Domun Sooltangos