Imaginez qu’un salon des armes soit annulé à cause du coronavirus. C’est peut-être déjà arrivé. C’est certainement imaginable. Mais maintenant, essayez d’imaginer un salon du coronavirus annulé par une alerte à la bombe.

Pouvez-vous imaginer l’annulation d’une réunion des lobbyistes des combustibles fossiles à cause du coronavirus?

Bien sûr que vous le pouvez. C’est peut-être déjà arrivé. Mais essayez d’imaginer qu’une réunion des lobbyistes du coronavirus soit annulée par des feux de forêt et des ouragans. Vous ne pouvez pas le faire, n’est-ce pas ?

Imaginez que la NRA (National Rifle Association) dise à tout le monde de travailler à la maison à cause du coronavirus. Pourquoi pas ? Mais essayez de penser à ce que cela signifierait pour la « National Coronavirus Association » de tenir ses employés à l’écart à cause des fusillades.

Je suis convaincu que vous pouvez imaginer la convention d’une compagnie d’assurance maladie se terminant prématurément à cause du coronavirus. C’est tout à fait raisonnable. Mais pouvez-vous imaginer qu’une réunion d’une compagnie d’assurance contre le coronavirus se termine à cause de la menace pour la santé des sociétés d’assurance maladie ? Bien sûr que non. Mais pourquoi pas ? L’absence d’une couverture maladie universelle de base aux États-Unis, à l’instar de ce qui existe dans la plupart des pays riches, a causé jusqu’à présent beaucoup plus de décès que le coronavirus, ainsi l’absence d’une couverture maladie universelle de base et le coronavirus pourraient former une équipe super mortelle.

Pourquoi certains dangers sont-ils répréhensibles et d’autres souhaitables ? Pourquoi ne sourcilleriez-vous pas si vous lisez des articles sur les craintes que le coronavirus puisse réduire le nombre de personnes se présentant à leur travail qui consiste à constamment se préparer au tir d’armes nucléaires ?

Et si une maladie contagieuse présentait un danger particulier pour les fermes industrielles, menaçant notre capacité à affamer des millions d’êtres humains en gaspillant des céréales pour engraisser un grand nombre d’animaux à abattre cruellement, contribuant ainsi massivement à l’effondrement du climat ? On aurait voulu que ces opérations se mettent en place le plus rapidement possible, n’est-ce pas ?

Voici une meilleure idée. N’essayons pas d’imaginer un monde dans lequel les gens tentent ouvertement et sans vergogne de commercialiser le coronavirus. Essayons plutôt d’imaginer un monde dans lequel les gens ne commercialisent pas ouvertement et sans vergogne des armes nucléaires, des missiles, des bombes, des grenades, des armes à feu, du charbon, du pétrole, du gaz, de la fracturation, des fermes industrielles ou Joe Biden. Essayons même d’imaginer un monde dans lequel nous pouvons être sûrs que personne travaillant pour un gouvernement quelconque n’essaie en ce moment même de trouver comment utiliser le coronavirus comme une arme. Vous savez très bien que vous ne pouvez pas en être sûr dans le monde actuel.

Comment passer de ce monde, dans lequel les salons des armes sont totalement acceptables, à un monde dans lequel elles sont aussi absurdes qu’un salon du coronavirus ? Je ne prétends pas le savoir, mais je propose les idées suivantes.

Tout d’abord, recyclez tous les programmes à la télévision. Nous avons passé des décennies à essayer de faire en sorte qu’une partie importante du contenu de la télévision soit meilleure que catastrophiquement horrible. Concentrons-nous ailleurs. Débarrassez-vous de ces choses ou ne les allumez pas – et ne regardez pas non plus ces choses sur votre ordinateur.

Deuxièmement, arrêtez de promouvoir l’optimisme. Encouragez plutôt l’activisme. Cessez de dire aux gens qu’ils doivent entendre des nouvelles heureuses ou être incapables de fonctionner. C’est un mensonge ridicule. Dites aux gens la vérité à propos de la situation et de la nécessité de changer les choses.

Troisièmement, arrêtez de promouvoir la violence. Remplacez-la par la promotion des pouvoirs d’action non violente qui changent le monde. Débarrassez-vous même de votre discours sur la violence, et n’acceptez pas cela en me disant que « j’assure grave ».

Quatrièmement, essayez de voir le monde depuis l’extérieur pendant une seconde. Supposez que rien n’est acceptable ou inacceptable, pendant une seconde. Pensez, pendant une seconde, à ce qui devrait être acceptable et à ce qui ne devrait pas l’être.

 

Traduction de l’anglais, Maryam Domun Sooltangos

L’article original est accessible ici