acTVism Munich fournit des informations quotidiennes sur les développements judiciaires dans l’affaire Julian Assange et travaille avec la journaliste indépendante, Taylor Hudak, pour produire des reportages vidéo quotidiens sur le sujet.

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Transcription du texte de la vidéo :

Je suis à Londres en ce moment même, devant la prison de Belmarsh et la Woolwich Crown Court, où Julian Assange a comparu plus tôt dans la journée (24/02). L’accusation affirme que les révélations de WikiLeaks auraient potentiellement pu conduire à des blessures ou à des actes de violence. Mais en même temps, ils n’ont pas réussi à prouver que des personnes ont été blessées ou sont mortes à la suite des révélations de WikiLeaks. La défense, en revanche, soutient qu’il s’agit d’une affaire politique et que Julian Assange a été extradé à des fins politiques. Il s’agit d’une violation du traité américano-britannique, vous ne pouvez pas être extradé du Royaume-Uni vers les États-Unis si c’est pour des raisons politiques et ils soutiennent que c’est ce qu’il se passe exactement. En dehors du tribunal, j’étais là toute la journée aujourd’hui, les gilets jaunes et d’autres partisans de Julian Assange étaient à l’extérieur et affichaient beaucoup de soutien à Julian. Tout reste très calme et la police était là. Elle s’assurait que les gens ne bloquaient pas la circulation et que les véhicules pouvaient entrer et sortir du parking pour se rendre au tribunal, mais à part cela, il y avait beaucoup de soutien pour Julian Assange et beaucoup de pancartes à l’extérieur et derrière moi, en ce moment même, se trouve un groupe de gilets jaunes qui campent à l’extérieur du tribunal et de la prison pour montrer leur soutien pendant toute la semaine. J’aurai d’autres informations pour vous tous demain et je ferai un reportage à l’extérieur du tribunal le reste de la semaine.

Je suis devant la prison de Belmarsh, et la Crown Court de Londres. Aujourd’hui est le deuxième jour (25/02) de l’audience d’extradition de Julian Assange. La procédure judiciaire se poursuit aujourd’hui. Nous apprenons de l’intérieur de la salle d’audience que la défense continue de discuter de certaines des révélations qui ont été faites hier, à savoir le fait qu’il n’y a eu aucune preuve suggérant que quelqu’un ait été blessé après les publications de WikiLeaks. La défense a démystifié le mythe de longue date selon lequel WikiLeaks était une publication qui publiait les noms non censurés d’informateurs et mettait potentiellement la vie des gens en danger. Ce n’est pas vrai. En fait, ce sont David Leigh et Luke Harding du Guardian qui ont publié un mot de passe.

Je suis rejoint par l’ancien député et animateur de talk-show, George Galloway.

H. : George, merci beaucoup d’être venu.

G. : C’est un plaisir.

H. : Aujourd’hui s’est donc achevé le deuxième jour de l’audience d’extradition. Quel est votre point de vue sur ce qui s’est passé jusqu’à présent dans la salle d’audience ?

G. : Eh bien, je n’ai aucune confiance dans ce tribunal de première instance, le processus a été totalement corrompu depuis le début. Et les personnes qui président sont en proie à des conflits d’intérêts et n’ont aucun intérêt à ce que les arguments soient réellement présentés.

Je considère donc qu’il s’agit plutôt d’un tribunal d’approbation sans discussion, mais plus haut dans la hiérarchie, lorsque cette affaire sera portée en appel, les juges les plus anciens devront faire plus attention. J’ai bon espoir que nous pourrons gagner l’argument de l’abus de procédure et de la disproportionnalité. Julian risque 175 ans de prison s’il est envoyé à un procès de simulacre aux États-Unis pour des accusations d’espionnage alors qu’aucune des infractions qu’il aurait commises n’a eu lieu aux États-Unis. Il n’a aucune loyauté envers les États-Unis, il n’est pas un citoyen des États-Unis, il n’a jamais signé de document qu’il garderait secret ou quoi que ce soit d’autre aux États-Unis. Il vient de l’Australie, il opère à Londres et ailleurs en Europe. Il n’a absolument aucune responsabilité d’abriter les secrets de la machine de guerre des États-Unis.

La disproportionnalité est donc un problème, mais l’abus de procédure est si flagrant, si laid qu’il est difficile de voir comment des juges plus anciens ne le verront pas. Et bien sûr, la plus grande corruption de la procédure est le fait que la confidentialité entre son avocat et son client a été violée pendant des années car la CIA a filmé en secret chaque réunion qu’il a eue avec l’un de ses avocats pour parler de l’extradition.

Aujourd’hui, dans n’importe quel autre tribunal, cette affaire aurait déjà été rejetée à cause de cette corruption. Si vous étiez jugé pour un délit mineur, l’affaire serait rejetée s’il s’avérait que le ministère public avait accès à vos discussions avec votre avocat.

H. : C’est vrai, il semble que cela suffirait pour rejeter cette affaire devant les tribunaux, ce qui me fait dire qu’il s’agit certainement d’une poursuite sélective et aussi d’une persécution politique. Vous avez fait remarquer plus tôt dans la soirée que, selon le traité américano-britannique, le Royaume-Uni ne peut pas extrader une personne vers les États-Unis à des fins politiques et nombreux sont ceux qui soutiennent qu’il s’agit en fait d’une affaire politique.

G. : Oui. Eh bien, l’article quatre du traité d’extradition stipule que les délits politiques ne peuvent pas être pris en compte dans le cadre de ce traité d’extradition. Ce n’est pas qu’ils ne peuvent jamais être extradés pour des délits politiques, mais il faut utiliser un tout autre corpus juridique que le traité d’extradition et il faut démontrer une juste cause, je pense que c’est comme ça qu’on l’appelle aux États-Unis, et comme ils ne peuvent pas le démontrer, car deux jours sont déjà passés, je suis confiant que nous gagnerons sur ce point. Il s’agit donc de persécution, et non de poursuites. Les infractions qu’il aurait commises ne pourraient pas être plus politiques. L’idée que la révélation des crimes de guerre commis en Irak n’est pas politique n’est que du vent. Donc, ce pour quoi Julian Assange est jugé, c’est pour avoir dit la vérité dans l’intérêt du public et pour l’avoir fait non pas pour la gloire ou l’argent mais pour servir les intérêts du public et si la vérité devient une trahison comme l’a dit son conseil permanent, alors nous sommes tous dans le pétrin. Et les premières personnes qui sont en difficulté sont les journalistes britanniques, s’il en reste après ça, parce que c’est bien sûr leur travail.

H. : C’est vrai, mais récemment, heureusement, nous avons vu davantage de journalistes des grands médias commencer à soutenir Julian Assange, mais je sais que nous aimerions tous en voir davantage. Je dois dire que c’est probablement une campagne de désinformation très efficace qui a conduit de nombreuses personnes à ne pas vouloir soutenir Julian Assange, y compris des journalistes.

G. : Oui, ils savaient ce qu’ils faisaient en cette ère de politique identitaire. Quand ils ont mis en avant Julian Assange, sur les questions sexuelles, ils savaient que cela aliénerait l’intelligentsia libérale, le Salon, les socialistes et les chroniqueurs, etc. Ils savaient que c’est ce qu’ils allaient obtenir. C’est pour cela qu’ils ont choisi cette voie. Ils n’ont pas cherché, vous savez, l’évasion fiscale ou à l’accuser de vol à l’étalage dans un magasin quelque part. Ils ont cherché quelque chose qui, à cette époque, à l’époque de MeToo et de tout ce qui s’ensuivit, aurait mis la marque de Caïn sur son front et c’est pourquoi, même s’il y a une très forte participation ici aujourd’hui, mais je dois vous dire qu’ayant passé toute une vie chez les gauchistes, aucune des personnes de gauche n’est ici. Aucun d’entre eux. Et même des gens comme Jeremy Corbyn, le leader travailliste et son adjoint John McDonnell, ont rejoint la campagne sans enthousiasme, au tout dernier moment et l’ont fait sans enthousiasme et c’est à cause de ces allégations absolument fausses, montées de toutes pièces contre Julian Assange.

H. : Je pense que c’est vraiment malheureux et que cela montre vraiment que nous avons des problèmes systémiques ici, que les politiciens ne sont pas disposés à commenter le cas le plus grave de notre époque en matière de liberté de la presse.

G. : Le premier membre du parlement à rendre visite à Julian Assange à Belmarsh a dû venir d’Australie pour le faire. Pas un seul député britannique n’était alors allé voir Julian Assange, l’éditeur, dénonciateur et révélateur de vérité le plus célèbre du 21e siècle. C’est le plus grand problème de liberté d’expression que nous aurons jamais vu de notre vivant, je l’espère.

H. : Absolument. George Galloway, merci.

 

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Traduction, Maryam Domun Sooltangos

L’article original est accessible ici