Discours issu de l’appel des  » Mutilés pour l’exemple « .

Dimanche 2 juin à Paris, quelques centaines de personnes ont répondu à l’appel  des  » Mutilés pour l’Exemple » pour mettre un terme l’ultra-violence de l’État, et poser les questions suivantes :

– Est-il normal de perdre une partie de son corps quand on part manifester ?

– Est-il normal qu’un pays comme la France qui se déclare partout pays des Droits de l’Homme utilise des armes de guerre contre des civils ?

– Est-il normal d’utiliser des grenades avec TNT qui arrachent nos membres, des balles de LBD à 324 km/h qui éclatent nos os et éteignent nos yeux à jamais ?

Ces questions, pour nous, n’en sont plus. Nous sommes les Mutilés pour l’Exemple. L’enfer de nos vies est tel que nous réclamons urgemment Justice et la fin de l’utilisation des armes sublétales.

Nous sommes les Mutilés pour l’Exemple

Nous avons perdu définitivement un œil, un testicule ou une main, nous avons pris un tir de flashball dans la tête ou reçu une grenade sur le pied, nous avons perdu des dents ou l’odorat… À chaque seconde de notre vie, nous subissons, à même notre corps, l’ultra-violence de la Répression. Handicaps, séquelles, cicatrices, douleurs, traumatisme et nuits blanches ne nous ferons pas taire. Nous nous serrons les coudes et nous nous battrons ensemble pour :

  • la vérité sur la Répression,
  • la Justice pour les blessés
  • et la fin de l’utilisation de ces armes de guerres.

Nous appelons tous les blessés à nous rejoindre. Ils peuvent prendre contact par mail à l’adresse : lesmutilespourlexemple@gmail.com. Nous remercions toutes les personnes qui de mille et une manières nous ont apporté réconfort et solidarité.

Nous avons bien sur une forte pensée pour Zineb Redouane (1) et Rémi Fraisse (2), leurs familles, ainsi que tout les personnes tués et mutilés par la Répression dans le silence et l’impunité la plus totale. Pour rappel, depuis le 17 novembre :

  • 23 personnes ont été éborgné,
  • 5 ont perdu leur main,
  • 1 a été amputé d’un testicule,
  • 1 a perdu l’odorat
  • Une dizaine d’autres ont été mutilé (pied, gencive…)

Merci à vous,
Les Mutilés pour l’Exemple

Voici tous les Blessés et Mutilés (27) surs d’être présents à la marche du 2 juin :

  • Dylan, 18 ans, éborgné par une grenade « désencerclement » le 27 avril à Montpellier
  • Axel, victime d’un tir de LBD en pleine tête, perte de l’odorat
  • Alain, victime d’un tir de LBD dans la carotide
  • Laurence, victime d’un tir de LBD dans la mâchoire
  • Xavier, victime d’un tir de LBD en pleine face
  • Kaina, victime d’un tir de LBD sur le crâne
  • David, victime d’un tir de LBD dans le nez
  • Sabrina, blessé par éclats de Gli-F4
  • Robin, intérieur du pied déchiqueté par Gli-F4 en 2017
  • Vanessa, éborgnée par un tir de LBD
  • David, éborgné par un tir de LBD
  • Patrice, éborgné par un tir de LBD
  • Jean-Marc, éborgné par un tir de LBD
  • Patrick, éborgné par une grenade de « désencerclement »
  • Antoine, dont la main a été arrachée par l’explosion d’une Gli-F4
  • Franck Didron, 20 ans, éborgné par LBD
  • Jérôme Rodrigues, éborgné
  • Gwendal Leroy, éborgné
  • Alexandre Frey, éborgné par LBD
  • Xavier, tir de LBD dans l’oeil (vue menacée)
  • Christian, père de Geoffrey, éborgné en 2010 par LBD
  • Casti, éborgné en 2012 par LBD
  • Sébastien, victime d’un tir de LBD dans les dents
  • Franck O, victime d’un tir de LBD dans la tête
  • Martin, victime d’un tir de LBD dans le front
  • Caroline, victime d’un tir de LBD dans la tête
  • Léo, victime d’une explosion de Gli-F4 à 50cm de la main

Un concert organisé par Orchestre Debout à clôturé cette marche en solidarité.

Ce sont nos sœurs et nos frères,
Aujourd’hui blessé.e.s ou mutilé.e.s pour avoir simplement contesté tout haut un gouvernement inique.

Plus motivé.e.s que nous nuit-deboutistes ? peut-être. Plus nombreux que nous syndicalistes ? éventuellement. Voila tout.
Rien ne justifie à leur encontre ce déferlement de violence policière, internationalement décriée, à base d’armes à feu et de gaz chimiques.

A leur souffrance physique s’ajoute la culpabilisation incessante et ignoble des media de masse. Ne les laissons pas seul·e·s face à ça.
Allons jouer et chanter notre solidarité et montrons leur, par nos plus beaux accords, que nous sommes leurs frères et leurs sœurs.

(1) Zineb Redouane, octogénaire, décédée à Marseille, semble-t-il des suites d’une blessure par une grenade lacrymogène.

(2) Rémi Fraisse, tué lors de violents affrontements au barrage de Sivens en 2014.