Pendant des années, les intérêts particuliers ont réussi à dissocier les deux effets les plus dévastateurs des énergies fossiles : le changement climatique menant au désastre en particulier dans les zones les plus pauvres de la planète et les millions de décès et de maladies causés par la pollution, touchant majoritairement les plus démunis. Le fait de ne pas considérer ces deux phénomènes conjointement était une façon d’affaiblir les arguments pour un changement radical dans la production d’énergie, nécessaire à notre survie.

Nous avions publié sur Pressenza un document très recherché de Lancet (L’incapacité à relier les énergies fossiles au changement climatique et à la santé), faisant référence à cette combinaison, mais la dissociation restait aussi bien dans les médias que dans la plupart des mouvements populaires.

Ce n’est plus le cas. La récente manifestation des écoles a porté l’intégralité du message. Avec les mots de Greta Thunberg : « Ce mouvement devait être créé, nous n’avions pas le choix. Le rapport spécial sur le réchauffement climatique publié lors du Panel sur le Changement Climatique de l’agence intergouvernementale des Nations Unies l’année dernière ne pouvait être plus clair au sujet du danger extrême que représente l’augmentation de 1.5°C du climat. Pour que l’on puisse éviter ce danger extrême, les émissions doivent être réduites rapidement, afin que lorsque nous aurons entre 20 et 30 ans, nous puissions vivre dans un monde transformé.

« Les étudiants qui manifestent dans les villes et les villages du monde s’unissent derrière la science. Nous demandons simplement que nos dirigeants face de même ».

« Si ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui n’agissent pas, ce sera notre génération qui payera de leur échec. Les personnes ayant moins de vingt ans aujourd’hui pourraient être là en 2080 et faire face à un monde qui se sera réchauffé de 4°C. Les effets d’un tel réchauffement seraient complètement dévastateurs. Les rivières déborderaient, les ouragans causeraient des ravages sur les localités côtières et les barrières de corail n’existeraient plus. La fonte de la calotte glaciaire augmenterait dramatiquement le niveau des mers, inondant les zones côtières. Des lieux sur Terre deviendront inhabitables.

« Les scientifiques ont prouvé que la combustion des énergies fossiles est « la menace la plus signifiante pour la santé des enfants ». Neuf enfants sur dix dans le monde respirent un air toxique. Nos vies sont compromises avant même notre naissance. Des particules toxiques provenant de fumées diverses passent à travers les poumons des femmes enceintes et s’accumulent dans le placenta. Le risque de naissance prématurée, de poids faible à la naissance et de dysfonctions cognitives sont des catastrophes de santé publiques. La pollution provenant des véhicules diesel retarde la croissance de nos poumons, nous pénalisant à vie. L’air toxique provenant de la combustion des énergies fossiles étouffe nos poumons tout autant que nos espoirs et nos  rêves. »

« Et les pires effets du changement climatique sont disproportionnellement ressentis dans les communautés les plus vulnérables. Il ne s’agit pas uniquement de réduire les émissions, il s’agit aussi d’équité : le système actuel nous trompe et ne fonctionne que pour les plus riches. Le luxe dont nous profitons dans les pays du nord est basé sur la souffrance des personnes vivant dans les pays du sud. »

The Guardian rapporte en effet que « le nombre de morts prématurées causées par la pollution de l’air a doublé, signifiant que l’air toxique tue plus de personnes que la fumée de cigarette.

« Les scientifiques ont estimé que près de 800.000 personnes meurent prématurément chaque année en Europe à cause de l’air pollué, et que l’espérance de vie est diminuée de plus de deux ans. Les dommages sanitaires causés par la pollution en Europe sont plus élevés que la moyenne. Sa population dense et la mauvaise qualité de son air font que l’exposition est l’une des plus élevées au monde. »

« La nouvelle recherche publiée dans l’European Heart Journal indique que la pollution de l’air frappe d’abord les poumons et que les impacts via la circulation sanguine sur les maladies cardiaques sont d’autant plus responsables des décès que les maladies respiratoires. »

Les pancartes des centaines de pays participants ne pouvaient être plus claires, les enfants savent que le système joue avec leurs vies et ils invitent les adultes à les rejoindre. Dans les mots de Silo en 2004 : « Oui, cela vaut la peine que ce message et cet humanisme universel gagnent de la force. Cela vaut que les jeunes personnes gonflent les rangs de cette force morale telle une variante de l’histoire… afin que ce courant devienne inéluctable et que son murmure résonne dans toutes les langues de la Terre. Ainsi les nouvelles générations commenceront à enseigner aux adultes de nouvelles formes d’affection et de compréhension. »

Dans un monde empoisonné par la cruauté et les contradictions, la compassion et la solidarité des plus jeunes qui rejettent ce système déshumanisant ouvre un futur pour tous. Si nous les écoutons et choisissons d’agir maintenant, non guidés par la désinformation des plus forts mais par l’écoute attentive des appels subtils des profondeurs de notre conscience pour la compassion et la cohérence de nos pensés, sentiments et actions. Alors la violence commencera à reculer et notre véritable histoire humaine prospérera.