Les maires des villes de Barcelone, Madrid, Zaragoza, Valence, Naples, Palerme, Syracuse, Milan, Latina et Bologne se sont réunis à Rome le 9 février dernier pour déclarer les points suivants :

1- La mer Méditerranée a été le lieu commun de civilisations pendant des millénaires, dans lequel l’échange culturel a été source de progrès et de prospérité. Aujourd’hui elle est devenue la fausse commune de milliers de jeunes, qui y trouvent la mort dû à l’absence de canaux d’entrée légaux et sûrs. Les villes, lieux de cohabitation entre hommes et femmes de différentes origines et refuges pour les migrants et demandeurs d’asile, observent avec étonnement la tendance des états européens allant à l’encontre des droits des personnes qui tentent de traverser la Méditerranée.

2- Nous considérons légitime l’objectif d’échapper à la violence ou au manque d’opportunités et de libertés démocratiques et nous croyons que la solution est la paix et la démocratie. De la même manière, nous pensons que les migrations doivent être gérées de façon coordonnée par les divers organismes gouvernementaux. Nous reconnaissons également que les personnes récemment arrivées doivent avoir les mêmes droits et devoirs que tout autre citoyen.

3- La fermeture des ports italiens et maltais aux bateaux de secours et le récent blocage bureaucratique dans les ports espagnols et italiens des bateaux de Open Arms, Aita Mari, SeaWatch3, ainsi que celui des ports français sont des exemples pratiques de la façon dont l’Europe est en train de sombrer, elle aussi.

4- Nous sommes convaincus que l’Europe fait naufrage lorsqu’elle viole les lois de la mer, lorsqu’elle réduit les moyens de ses gardes-côtes, lorsqu’elle accuse de trafiqueurs d’êtres humains ceux qui secourent les migrants, ce que devraient pourtant faire les états, et lorsqu’elle essaye d’enrayer les mécanismes de solidarité dans nos villes. Elle fait naufrage lorsque les gouvernements européens cachent leur propre drapeau et leurs solutions supposées pratiques et qu’ils refusent de s’aider les uns les autres dans la solidarité pour aborder le problème des flux migratoires liés aux conflits régionaux. Le projet européen sombre lorsque les armes se vendent et que le conflit s’alimente dans le sud et l’est de la Méditerranée, sans assumer sa responsabilité. Il sombre lorsque des murs se lèvent pour créer des aires d’obscurité informationnelle et humanitaire, il sombre lorsque se ferment les frontières par l’achat de gouvernements de pays tiers et le paiement d’armées étrangères pour faire le sale boulot. Il sombre lorsque l’on confond les victimes de conflits avec leurs assassins, comme le fait l’extrême droite européenne.

5- Nous devons sauver l’Europe d’elle-même. Nous refusons de croire que la réponse européenne à cette horreur soit la négation des droits humains et l’inaction face au Droit à la Vie. Sauver des vies n’est pas un acte négociable et refuser le départ ou l’arrivée des bateaux aux ports est un délit. Forcer les personnes à vivre dans un climat d’inégalité croissante aux deux rives de la mer est une solution à court terme qui ne garantit aucun avenir, d’autant plus lorsque les flux migratoires les plus importants se poursuivent par d’autres routes que les voies maritimes.

6- Les villes ci-présentes souhaitent reconnaître l’action et le courage de la société civile représentée par les bateaux de Open Arms, SeaWatch, Mediterranea, Aita Mari, SeaEye, du bateau de pêche Santa Pola, de la mairie de Riace, de la Garde Côtière italienne et des secouristes maritimes espagnols, ainsi que de toutes les organisations humanitaires qui opèrent aux frontières. Nous exigeons des gouvernements d’Italie, d’Espagne et de la Commission européenne qu’ils abandonnent la stratégie de blocage et de criminalisation à leur encontre.

7- Nous nous sommes réunis aujourd’hui à Rome pour seller une alliance entre les villes européennes qui soutiennent les organisations humanitaires et les bateaux de secours européens en Méditerranée. Parallèlement, les villes européennes continueront à travailler ensemble pour combattre la régression des principes fondateurs de l’Union européenne et pour remettre le projet européen à flot : Une alliance en mer et une autre sur terre pour une Méditerranée au futur de meilleur augure.

A la fin de la réunion nous avons eu l’opportunité de recueillir les réflexions de la maire de Barcelone Ada Colau et du maire de Palerme Leoluca Orlando. Nous vous invitons à visionner les petites vidéos suivantes.

Entretien avec Ada Colau : (1′ 48′′, ESP)

 

Entretien avec Leoluca Orlando (ITA):

Pour voir la vidéo ( 2′ 58′′ ) avec les sous titres en français : 1. Cliquez sur l’icône Sous-titres (rectangle blanc en bas a droite de la fenêtre du lecteur vidéo).   2. Cliquez sur l’icône Paramètres (roue dentée en bas à droite), puis cliquez successivement sur Sous-titres, puis sur Traduire automatiquement.    3. Dans la fenêtre qui s’ouvre, faites défiler la liste des langues et cliquer sur Français.


Traduit de l’espagnol par Romane Vilain