Le vendredi 23 novembre, une conférence publique a été donnée à l’Institut Hongrois d’Histoire Politique à Budapest, sous l’égide de la première association hongroise pour le revenu de base inconditionnel associée à la Fondation progressiste hongroise, rassemblant des membres du réseau européen pour le revenu de base inconditionnel.  Le premier sujet de discussion était comment faire entrer le revenu de base dans la conscience publique à l’occasion des élections européennes de mai 2019, mais un autre sujet important concernait la possibilité d’organiser une initiative citoyenne européenne pour que le revenu de base soit pris en considération par le Parlement Européen.

Des partenaires du réseau sont venus de toute l’Europe à cette occasion et nous en avons profité pour nous entretenir avec Dániel Fehér, président du réseau.

Vidéo et questions par Angel Bravo, révision par Álvaro Orus.

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Salut, je suis Dániel Fehér.  Je viens de Hongrie mais je vis à Berlin et je suis président du réseau européen pour le revenu de base inconditionnel.

Pressenza : Quel est l’objet principal de la réunion de ce jour ?

DF : Nous sommes venus ici à Budapest pour voir où en est l’idée de revenu de base en Europe, par des discussions et expérimentations, pour voir quelles propositions politiques concrètes nous fondons sur cette idée et discuter de ce dont nous avons besoin pour que ces idées puissent devenir une réalité politique en Europe.

PZ : Une grande partie de cette réunion est consacrée à une initiative citoyenne européenne pour le revenu de base. Est-il déjà décidé de lancer la campagne et quel modèle de revenu de base veut-elle proposer ?

DF : Ce n’est pas encore décidé, c’est pourquoi nous tenons cette réunion avec le réseau demain et dimanche pour discuter du pour et du contre, des difficultés et des aléas d’une telle campagne. Vous savez, une initiative citoyenne européenne est, disons, une arme à double tranchant, puisqu’elle peut toucher beaucoup de monde mais nécessite tout de même beaucoup de ressources, une capacité d’organisation et à l’heure actuelle, c’est aussi un outil politique très faible.  De plus, le simple fait d’avoir réuni un million de signatures n’oblige pas l’Union Européenne à faire quoi que ce soit.  Nous devons donc en discuter, voir comment cet outil s’intègre dans nos plans stratégiques, si c’est le meilleur outil pour promouvoir le revenu de base en Europe et se rapprocher de sa concrétisation. Si nous décidons de le faire, la question sera aussi de savoir ce que nous exigeons exactement. C’est encore une question ouverte. Nous avons à l’heure actuelle différentes propositions. Nous voulons d’abord nous concentrer, non sur les propositions elles-mêmes, mais porter la discussion sur certains critères. C’est donc une bonne proposition, une bonne campagne qui se rattache à l’idée, mais par exemple ce dont nous avons beaucoup discuté aujourd’hui tournait autour de l’idée d’un eurodividende, un revenu de base partiel que tous les citoyens européens recevraient de l’UE. Cela pourrait par exemple être inclus comme exigence dans cette campagne.

PZ : En 2013, il y avait une initiative citoyenne pour le revenu de base. Pourquoi la répéter et qu’est-ce qui n’a pas marché la dernière fois ?

DF : Je dirais que la situation est assez différente maintenant.  Je pense que la discussion sur le revenu de base a beaucoup progressé.  Beaucoup plus de gens connaissent cette proposition et soutiennent cette idée.  Nous avons aussi plus de possibilités de toucher les gens.  Donc, quand la première initiative citoyenne européenne a été lancée, c’était quand cet instrument était inauguré et il y avait un grand nombre de difficultés au départ. En fait, nous n’avons pas pu rassembler des signatures durant 12 mois parce que l’outil d’inscription en ligne de signatures ne fonctionnait pas au début.  Il se passe aussi un processus de réforme au niveau européen. A un moment dans un futur proche, il pourrait se produire des réformes de l’ICE, qui pourrait devenir plus efficace, moins lourde pour la collecte des signatures. Nous devons tenir compte de tout cela dans notre décision sur le lancement d’une campagne.

PZ : Une initiative citoyenne nécessite de rassembler 1 million de signatures, dans au moins sept pays de l’Unions Européenne.  Votre réseau compte-t-il sur un nombre suffisant de militants et le soutien nécessaire d’autres organisations et mouvements sociaux pour mener à bien cette collecte ?

DF : Sans aucun doute. Je veux dire que si vous pensez « bon 1 million de signatures sur 500 millions d’Européens, ça ne semble pas tant que ça », c’est que vous n’avez jamais essayé de réunir une telle quantité de signatures.  C’est une entreprise immense. Nous savons que c’est quelque chose que nos seuls militants ne pourront atteindre. Bien sûr, nous aurons besoin d’alliés, et ça fait partie de ce dont nous devons parler : comment planifier cette campagne, à qui allons-nous demander de nous rejoindre, quelles seraient les raisons pour les autres de se joindre à cette campagne.  Donc en effet, je pense que nous aurons besoin d’une grande alliance, mais je pense aussi que les chances sont bonnes. Beaucoup de mouvements, notamment des partis politiques et d’autres associations en Europe, peuvent trouver un intérêt à pousser cette campagne pour plus de solidarité en Europe, une Europe plus sociale.

PZ : Et finalement, y a-t-il une raison spécifique au choix de Budapest pour cet événement et pas dans un pays où le réseau est plus développé, comme l’Allemagne, les Pays-Bas, la France ou l’Espagne ?

DF : Oui, nous avons choisi cette ville en partie pour des raisons pratiques, sachant qu’il se trouve ici des organisations intéressées à l’organisation de ce week-end avec nous et qui pourront nous aider concrètement, mais c’est aussi un signe adressé exactement à ces pays où le mouvement n’est pas encore très développé. Je pense donc que notre travail comme réseau européen est de soutenir plus de ces initiatives dans des pays où l’on a besoin de notre soutien et pas tellement dans les lieux où les réseaux sont déjà forts.

 

Traduit de l’anglais par Serge Delonville