Daniel Cruz est communicologue, militant européen, syndicaliste, membre de DiEM25 dans le groupe local de Barcelone et collaborateur de Pressenza. Il a participé au Forum Humaniste Européen, qui s’est tenu récemment à Madrid, en tant que conférencier à la table ronde « Journalisme indépendant et militantisme social ».

FHE2018 : Quel est le projet de DIEM25 ?

DiEM25, bien qu’il puisse être considéré comme un mouvement social, est aussi un mouvement politique de par l’impact qu’il veut avoir. C’est un mouvement formé en février 2016, l’un de ses fondateurs est Yanis Varoufakis qui, à partir de son expérience en tant que ministre grec des finances et à la suite de la crise en Grèce, a décidé de quitter les partis politiques existants et de créer quelque chose de nouveau en Europe, depuis la base. Nous sommes actuellement environ 70.000 membres organisés en divers groupes locaux, par exemple à Madrid il y en a deux, à Barcelone il y en a un, également aux Canaries et en Andalousie, et ainsi dans toute l’Europe.

De tous les mouvements actuels, nous sommes les plus ambitieux, car si ils veulent changer des lois spécifiques, nous nous voulons changer l’Union européenne. DiEM25 signifie Mouvement pour la démocratie en Europe 2025 [Democracy in Europe Movement 2025]. Le 25 est là pour préciser que si les politiques que nous présenterons au Parlement européen pour les élections de 2019 ne sont pas mises en œuvre, l’Europe telle que nous la connaissons se désintégrera et n’importe lequel des pays de l’Union pourrait finir par connaître la crise qui s’est produite en Grèce. DiEM25 est organisé en plusieurs axes de travail afin de pouvoir faire des propositions dans tous les domaines.

Quel est le rôle des médias indépendants dans la transformation sociale ?

Ce sont les médias indépendants qui doivent donner une voix à ceux qui veulent changer le statu quo. En tant que mouvement politico-social, nous voulons changer le statu quo du pouvoir actuel. Cela ne coûte pas de communiquer nos propositions, je ne crois pas que quiconque soit en désaccord avec les propositions que DiEM25 propose au niveau social et politique. Certains des changements que nous proposons prennent du temps et sont difficiles à réaliser, mais d’autres sont simples, il suffit d’avoir la volonté de parvenir à des accords entre plusieurs États, ou même au sein d’un même État.

Par exemple, dans le cas de la plate-forme de paiement numérique, nous avons la possibilité de mettre fin au monopole des banques sur les paiements en Europe, c’est un exemple qui pourrait être mis en œuvre dès demain. Je veux dire, nous sommes réalistes quant aux possibilités de changement en Europe, certains peuvent être réalisés immédiatement, tandis que d’autres prendront plus de temps.

L’autre jour, nous avons eu une journée de travail à Barcelone et nous avons invité plusieurs collectifs en lutte : les coursiers à vélo, les manutentionnaires et les Kellys[1], et leurs revendications sont que les réglementations existantes soient respectées, c’est-à-dire que les directives européennes contiennent déjà toutes leurs revendications. Par exemple, les Kellys demandent à être considérés comme faisant partie de l’entreprise et non comme des services externes. Cette règle existe déjà, le problème est qu’elle n’est pas respectée. DiEM25 propose d’exiger le respect des directives européennes.

Sur le plan de la communication, l’un des membres les plus illustres de DiEM25 est Julian Assange, réfugié à l’ambassade d’Équateur à Londres est un des exemples les plus clairs de l’absence de liberté d’expression que connaît actuellement l’Europe, que l’on retrouve également dans d’autres exemples, comme les rappeurs condamnés. Mais il en va de même au Brésil, avec Lula da Silva en prison, ou en Équateur, avec Rafael Correa poursuivi pour une accusation qui n’a pas été prouvée. L’absence de liberté d’expression devient un problème mondial.

Par rapport au slogan de ce forum : « Ce qui nous unit », quelle proposition commune pourrions-nous mettre en œuvre à l’avenir ?

J’ai connu Pressenza et l’Humanisme lors de journées de travail à Barcelone où des représentants de médias indépendants et de mouvements sociaux se sont rencontrés. J’ai été invité à ces journées pour participer à une séance de travail. C’est important que l’on se réunisse, séparément nous n’obtiendrons rien. DIEM25 est né pour mettre en contact des mouvements sociaux qui mènent leur lutte spécifique et qui veulent la mener au niveau politique.

Traduit de l’espagnol par Pressenza édition francophone

 

[1] En Espagne, Kellys fait référence au mouvement de contestation des femmes de chambre des hôtels, qui ne sont plus employées par les hôtels dans lesquels elles travaillent, mais par des sous-traitants, ce qui a entraîné une dégradation des conditions de travail et une hausse de la précarité.