Le 25 janvier 2018, l’Institut français, Reporters sans frontières et la Gaîté Lyrique ont proposé la “Nuit de la presse”. Parmi les thématiques abordées lors de cet événement : la liberté de la presse, les résistances à la censure et le futur du journalisme.

Pressenza a participé à cet événement et revient sur les éléments marquants d’une table ronde sur le thème : Demain, tous les médias sous contrôle ?

Les invités ont échangé sur l’impact réel des sphères d’argent et du pouvoir politique sur l’indépendance de certaines rédactions. Ce qui pose des questions sur l’exercice même du journalisme. Jusqu’où peut aller le contrôle des médias ? Comment se prémunir contre ces atteintes ? Quel est le rôle de l’état ?

Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières, a parlé de la nécessité de protéger l’indépendance de la presse par rapport aux puissances financières. Il prend comme exemple le cas Vincent Bolloré, et certaines des mesures controversées mises en place depuis son arrivée à la tête du conseil de surveillance du Groupe Canal+. Par exemple, la déprogrammation d’émissions comme le Zapping ou Spécial Investigation, au profit d’émissions de divertissement. Une technique souvent utilisée par les oligarques pour détourner l’attention des sujets importants et souvent controversés liés à leurs affaires.  

Souhaitez-vous savoir davantage sur ce sujet ? N’hésitez pas à consulter les articles suivants :

Pourquoi Canal+ a supprimé « Spécial Investigation », publié par Vice en Octobre 2016.

Censure sur Canal+ : Vincent Bolloré dans le viseur de Reporters sans frontières, publié par Télérama en Décembre 2017.

De son côté, Laurent Mauduit, journaliste, co-fondateur de Médiapart, auteur de “Main basse sur l’information” (Don Quichotte, 2016), les dangers de la presse sont de multiples natures. “La presse est aujourd’hui à la botte et obéit au gouvernement et aux plus puissants”, selon lui, le gouvernement doit être au contraire le garant de la liberté de la presse, et s’investir davantage pour éviter les conflits d’intérêt. Il est inadmissible que de plus en plus d’entreprises marchandes possèdent des groupes de presse, et mettent l’information au service de leurs affaires. Par exemple, quelle légitimité peut avoir le journal Les Echos pour s’exprimer sur les affaires de LVMH ou du secteur du luxe ? Rappelons que Le Groupe Les Echos appartient à LVMH. 

Pour Laurent Mauduit, les médias indépendants doivent lutter sans relâche pour garder leur liberté et cela passe par un contenu de qualité permettant d’attirer un nombre de lecteurs suffisant pour garantir la viabilité du modèle économique. Mediapart, par exemple, possède aujourd’hui 140 000 abonnés, ce qui lui permet d’assurer l’emploi de 90 personnes en CDI, dont 55 journalistes.  

Conclusion

Ce débat a permis d’aborder des thèmes de fond, mais nous sommes obligés de constater que la situation actuelle des médias est particulièrement sensible. Une réflexion de fond doit être menée pour imaginer des solutions innovantes permettant de garantir une presse libre et indépendante. En attendant, nous continuons à Pressenza à exercer notre métier de façon libre, sans aucune pression financière, car notre modèle n’est pas économique, mais social. Nous sommes un groupement de citoyens volontaires et engagés, réunis pour porter un regard engagé sur notre société. Notre objectif est de lutter pour un monde meilleur, plus humain et juste.   


Quelques exemples qui illustrent la tendance à la concentration dans la presse française :

  • Le rapprochement progressif de Libération, L’Express, RMC et BFMTV au sein du groupe de Patrick Drahi ;
  • la fusion de L’Obs et du Groupe Le Monde contrôlé par le trio Bergé/Niel/Pigasse ;
  • Le rachat du Parisien/Aujourd’hui en France par Bernard Arnault, déjà propriétaire des Échos et de Radio classique ;
  • Le mariage forcé entre I-Télé, Canal+ et Direct Matin sous la férule de Vincent Bolloré.