Après la défaite de l’Allemagne  au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, les prisonniers des guerre qui se trouvaient au Danemark ont dû nettoyer les côtes du pays des mines antipersonnel.

 

Quand on pense à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les images qui viennent à l’esprit sont celles de soldats rentrant victorieux dans les villes libérées, des femmes qui leur jettent des fleurs ou les embrassent, des enfants qui courent derrière des soldats pour les saluer. Le visage radieux et heureux des gagnants. Et bien ce film est tout le contraire.

Les Oubliés est un film qui nous parle de l’autre visage de la guerre, celui des perdants, des prisonniers de guerre allemands en territoire danois et qui nous mène vers une histoire méconnue du grand public : le sort des soldats allemands qui ont du déminer les côtes du Danemark.

Loin de l’image d’une armée nazie professionnelle et sanguinaire, le film nous présente 14 jeunes hommes -voire carrément des adolescents- qui sont contraints de désamorcer toutes les mines de la plage pour pouvoir rentrer chez eux. Des gamins apeurés, qui pleurent et vomissent face à des armes de guerre qu’ils connaissent à peine et qui craignent de mourir déchiquetés dans un pays dont ils ne parlent même pas la langue.

Le réalisateur Martin Zandvliet nous introduit dans le quotidien macabre des soldats allemands, confrontés à chaque minute à la mort, mais qui au fur et à mesure devient un quotidien tout court. Jour après jour, la même routine: se lever, aller à la plage, avancer centimètre par centimètre, trouver les bombes et les désamorcer. On dirait presque un travail normal, sauf que de temps en temps le bruit d’une explosion nous ramène à la réalité.

En même temps le réalisateur nous présente les protagonistes comme des êtres humains, avec des sentiments et des personnalités différents, des jeunes hommes qui ne comprennent pas grand-chose à la guerre, qui rêvent de choses simples comme de retrouver leurs familles, de devenir maçon, de conquérir une fille ou de manger des saucisses et des patates.

Un aspect que soulève le film est quels sont les droits des gagnants et des perdants. Est-ce que le fait d’avoir été envahi et d’avoir vécu l’occupation des troupes nazies nous donne le droit de les humilier, de les affamer et de les envoyer en mission suicide ?  Et si on est d’accord avec cela, en quoi sommes-nous différents de nos agresseurs ?

Un film intéressant, qui nous fait réfléchir sur l’histoire officielle et l’histoire oubliée de la guerre, sur la souffrance des agresseurs et sur l’humanité de l’ennemi. Un film qui nous laisse un goût de perdant dans la bouche, même si on se trouve du coté des gagnants.