Durant les deux dernières semaines, Pressenza a coopéré avec la fondation Rosetta, une ONG irlandaise qui a créé une plate-forme publique de traduction, Trommons. La fondation a l’objectif de fournir un accès égalitaire à l’information à travers la traduction de projets non commerciaux dans une large variété de langues. Voici une interview avec l’équipe de la fondation Rosetta.

Quand la fondation Rosetta a-t-elle été créée ? Par qui et comment ?

La fondation Rosetta a été lancée le 21 septembre 2009, lors de la conférence « Action for global information sharing » (AGIS) à Limerick, en Irlande, par le président de l’université de Limerick, le professeur Don Barry. La fondation est née d’une idée de Reinhard Schaler, chef du Localisation Research Centre (LRC) de l’université de Limerick très engagé dans la lutte contre la privation des droits du fait de la langue. La fondation a été créée, donc, par le LRC et le Centre for next generation localisation (CNGL), une initiative de recherche soutenue par le gouvernement irlandais, par des universités d’Irlande et par des partenaires industriels. Son but principal est de faciliter l’accès à l’information pour chaque individu dans le monde, sans égard à son statut social, son origine linguistique ou culturelle ou sa localisation géographique.

Notre nom vient de la pierre de Rosette. En 196 avant J.-C. le texte de la pierre de Rosette a été gravé en égyptien et en grec en utilisant trois écritures différentes – hiéroglyphique, démotique et grecque. La pierre de Rosette a été rédigée dans ces trois écritures pour en assurer la compréhension par tous les habitants du monde à l’époque. La pierre a été découverte en 1799 dans un petit village égyptien nommé Rosette, qui a donné son nom à la pierre.

Comme la pierre de Rosette, la fondation Rosetta vise à fournir un accès égalitaire à l’information au plus grand nombre de personnes possible. L’accès à l’information dans sa propre langue est un des droits fondamentaux et universels de l’homme que la fondation Rosetta s’engage à préserver et à protéger.

Quel est votre but?

Combattre la pauvreté, soutenir les services de santé, développer la formation et promouvoir la justice par l’accès pour tous à l’information et à la connaissance à travers les langues parlées dans le monde entier.

Quand la plate-forme www.trommons.org a-t-elle été créée ?

En 2013, la fondation Rosetta a développé une plate-forme web unique dans son genre, Translation Commons (Trommons), pour connecter directement les communautés qui avaient besoin de traductions et les bénévoles qui pouvaient leur en fournir.

Un grand nombre de traducteurs bénévoles, prêts à offrir leurs services gratuitement aux communautés qui en ont besoin, se connectent sur cette plate-forme. Celle-ci met en relation les projets à but non lucratif avec les compétences, l’expérience et les intérêts de ces volontaires. Actuellement, nos traducteurs travaillent dans 200 langues.

Est-ce que vous pouvez fournir quelques chiffres concernant les langues, le nombre de projets… ?

L’année passée nos bénévoles ont terminé plus de 2700 projets sur notre plate-forme et ce chiffre a presque doublé en 2016. En ce qui concerne la communauté Trommons, plus de 15500 bénévoles des quatre coins du monde se sont enregistrés, en offrant leurs compétences à 341 ONG. Vous pouvez voir sur notre site une carte qui montre la localisation des activités de Trommons : www.trommons.org.

Depuis sa création, la fondation Rosetta a fourni 16 millions de mots traduits à ses destinataires.

Est-ce qu’il y a un projet spécifique dont vous êtes particulièrement fiers ?

C’est notre collaboration avec Cultural Survival qui me vient à l’esprit. Le projet concernait la traduction de transcriptions radio sur le consentement préalable, libre et en connaissance de cause, pour des communautés indigènes dans 53 langues.

Le droit au consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause signifie que les communautés indigènes ont le droit de décider si elles veulent que les entreprises ou les gouvernements peuvent accéder aux ressources minières, faire de la déforestation, ou au contraire développer leurs territoires. Pourtant, beaucoup de communautés indigènes ne savent pas qu’elles ont ce droit et ne parlent pas les langues des représentants des gouvernements ou des entreprises qui viennent exploiter leurs ressources. Le travail de notre fondation a permis à ces communautés de connaître et d’exercer ce droit pour la première fois.

Nous collaborons aussi régulièrement avec d’autres associations, comme Special Olympics, Les petits frères des Pauvres, Capacitar International, et beaucoup d’autres.

Trommons fonctionne grâce aux bénévoles coordonnés par une petite équipe et il ne peut compter que sur des dons, c’est bien cela ?

Oui, nous sommes financés par des dons de la part de la communauté de la fondation Rosetta et des agences de traduction comme Conversis Global, Xlated et Welocalize. La générosité inépuisable de nos bénévoles qui offrent chaque jour leur temps et leurs compétences est le cœur de nos efforts. Toute cette activité ne serait pas possible sans leur aide.

Que pouvez-vous dire sur le fait de travailler principalement avec des bénévoles ?

C’est fantastique et gratifiant ! La grande majorité des bénévoles sont fiables à 100% et précis dans leur travail et c’est quelque chose que nous ne prenons jamais pour acquis. Nous respectons et admirons nos bénévoles et leur travail car nous savons qu’ils ont aussi une famille, un travail et une vie occupée, et pourtant ils dédient beaucoup de leur temps libre à nos projets.

Quelles sont vos perspectives pour le futur ?

Nos organisations partenaires sont très fières et reconnaissantes du travail de la fondation et de la qualité des textes des traducteurs bénévoles. L’information pour tous que nous promouvons fait une différence réelle dans la vie des personnes. Mais la vérité est que presque trois quarts de la population mondiale n’a toujours pas d’accès à certaines informations vitales dans sa propre langue. La fondation Rosetta continuera à travailler assidûment sur ce chemin en 2017 et au-delà, parce que l’accès à l’information dans sa langue est un droit fondamental de l’être humain.

 

Traduction de l’anglais par Samanta Porru – Trommons.org. Révision de Jean-Marc Dunet.