Illustration de Gustavo Napoli

Par Eva Pardo pour Zona Crítica

Presque tous les jours, on entend des nouvelles annonçant la diminution des ressources publiques destinées à l’action sociale, ou la privatisation des services publics tels que l’assainissement, l’État civil, la santé, etc., à cause des pressions que les marchés financiers exercent sur l’économie espagnole.

Ces marchés fantômes impersonnels semblent s’être convertis en gouvernants suprêmes de la vie de millions de personnes et sont les premiers responsables des coupes sociales que les gouvernements opèrent depuis ces dernières années, et que nous les citoyens, subissons à tous les niveaux.

Sachant que les marchés jouent un rôle clé dans la dégradation des conditions sociales, cherchons une solution : rééduquons-les, reconfigurons-les afin qu’ils deviennent, un outil permettant à leurs activités de s’orienter vers le bien-être des personnes plutôt que de tourner le dos à leurs besoins.

Mais…. qui sont ces marchés ? En quoi consistent-ils ? Comment sont-ils apparus ? Qui tire les ficelles ? Comment se sont-ils convertis en ce monstre ingouvernable ?   Et surtout, comment pouvons-nous changer son fonctionnement ? Nous serons tous d’accord pour dire que trouver des réponses unanimes à ces questions dans ce bref article est impossible, mais au moins, ces lignes peuvent servir de point de départ pour prendre conscience que nous-mêmes pouvons impulser un changement qui humanise les forces qui régissent ces marchés et avancer vers une économie juste.

Pour comprendre la raison d’être des marchés, concentrons-nous sur une de leurs fonctions basiques, dans laquelle elle trouve ses origines : celle de canaliser l’épargne. De manière simplifiée, les marchés financiers se définissent comme un mécanisme permettant aux personnes ou aux projets ayant besoin d’argent (demandeurs de financement) de l’obtenir des personnes qui le détiennent (épargnants) à travers les produits que les institutions financières proposent. Au fil des ans, ce mécanisme si simple est devenu de plus en plus compliqué à cause de la création de nouveaux produits financiers basés sur d’autres produits financiers ; et qui est le résultat de l’ingénierie financière. Simultanément à ce processus, on a incorporé aussi de nouvelles normes et de nouvelles institutions de surveillance et de régulation du système.

Puisque les produits ont augmenté en quantité et complexité, les marchés financiers continuent à canaliser l’argent à travers un processus dans lequel ils opèrent et par conséquent dont ils sont plus ou moins responsables : entités financières, entreprises de service d’investissement, superviseurs, régulateurs, clients. Dans le rôle d’entités financières, on parle beaucoup des entreprises de services d’investissement, des superviseurs et des régulateurs, mais il ne faut pas oublier non plus que n’importe lequel d’entre nous en tant que client de produits d’épargne et d’investissement, fait partie du système.

Que pouvons-nous faire concrètement pour reconfigurer les marchés financiers ? La première étape est la prise de conscience que l’argent que chacun dispose sur un compte bancaire, ou sur n’importe quel produit d’investissement alimente ces marchés c’est à dire, qu’en l’assimilant dans un processus productif notre argent devient la « matière première » qui permet aux marchés financiers de créer ses produits (hypothèques, privilèges, fonds d’investissement, fonds de pension, etc.).

Ensuite, nous devrions nous demander si nous voulons choisir à quelle utilisation les marchés financiers destinent notre argent afin de pouvoir définir et leur communiquer les principes sur lesquels nous voulons opérer avec eux. Malgré la difficulté que cela représente de communiquer nos priorités à ces marchés « tout-puissants » et impersonnels, il existe déjà des moyens d’action.

Une première solution pour mettre au point le fonctionnement des marchés financiers vers une approche plus sociale est d’adopter un autre mode de banque, la « banque étique » sur laquelle porte notre sujet de la semaine dernière de Zona Critica.

L’autre alternative est l’utilisation dans les produits d’Investissement Socialement Responsable ou en abrégé ISR. Dans ce cas, il s’agit de produits financiers gérés par n’importe qu’elle banque traditionnelle, mais qui en plus des critères financiers typiques, incluent dans leurs critères d’investissement, les aspects sociaux environnementaux et de bons gouvernements. Il existe plusieurs façons d’incorporer ces aspects extra-financiers et elles ont toutes pour objectif que l’argent se destine à financer des entreprises et projets ayant le meilleur comportement.

Cherchons de nouvelles solutions. Il faut avancer. En attendant, commençons à utiliser celles qui existent déjà.

Eva Parte est membre d’Économiste Sans Frontières

Cet article reflète exclusivement l’opinion de son auteur.

Traduction de l’espagnol : Line