Le Royaume-Uni, la France et les Etats-Unis, avec le soutien de la Ligue arabe, se préparent à attaquer la Syrie sans mandat de l’ONU. Des « experts » en droit international ont signalé que l’intervention pourrait être légalement justifiée sans une résolution du Conseil de sécurité en vertu du principe de la responsabilité de protéger de l’ONU.

Le document final du Sommet mondial de 2005 décrit la nouvelle norme internationale de la responsabilité de protéger (R2P), approuvée ensuite par la résolution 1674 du Conseil de sécurité de l’ONU :

« 139. La communauté internationale, à travers les Nations Unies, a également la responsabilité d’utiliser des moyens appropriés diplomatiques, humanitaires et autres moyens pacifiques, conformément aux Chapitres VI et VIII de la Charte, afin d’aider à protéger les populations du génocide, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l’humanité. Dans ce contexte, nous sommes prêts à mener une action collective, en temps opportun et de manière décisive, à travers le Conseil de sécurité, conformément à la Charte, notamment son Chapitre VII, au cas par cas et en coopération avec les organisations régionales, le cas échéant, dans le cas où les moyens pacifiques se révèlent inadéquats et où les autorités nationales n’assurent manifestement pas la protection de leur population du génocide, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l’humanité ».

Donc, c’est de nouveau l’Irak en 2003. Il y a l’utilisation du pseudo langage juridique basé sur une mauvaise interprétation délibérée et une déformation des accords internationaux, l’épouvantail des armes de destruction massive remplacées par des armes chimiques qui ont peut-être ou peut-être pas été utilisées par un camp ou l’autre, et la pression sur l’équipe de l’ONU chargée de l’inspection pour terminer leur travail et faire rapport avant qu’ils aient eu le temps de faire une évaluation adéquate.

Outre le fait que l’envoi de missiles à titre purement punitif, c’est-à-dire sans chercher à provoquer un changement de régime ou à modifier le cours de la guerre civile (!?), risque de frapper les dépôts d’armes chimiques en créant un désastre total, la rhétorique de John Kerry sur « les armes les plus odieuses » semble surréaliste, compte tenu de l’utilisation d’uranium appauvri par son pays sur le champ de bataille avec ses conséquences à long terme sur la santé tant pour les soldats que pour la population civile.

 

Que dirait aujourd’hui Martin Luther King au sujet de la Syrie, 50 ans après son discours « J’ai un rêve » ?

Hommage généralisé à ce géant du mouvement pour les droits civiques, mais sa méthodologie semble être étrangement laissée dans l’oubli. Il a choisi la non-violence car lors d’un conflit, elle éloigne de l’éternel cercle vicieux des gagnants et des perdants et permet à toutes les parties à s’engager finalement dans la réconciliation. Alors, quels sont « les moyens diplomatiques, humanitaires et autres moyens pacifiques ayant été offerts par la communauté internationale pour aider à mettre fin à la guerre civile en Syrie ?

Ce n’est pas un secret que le Qatar et l’Arabie Saoudite (traditionnelles antennes américaines de la région) financent les rebelles, des mercenaires nationaux et étrangers. Ils sont officieusement rejoints par des groupes proches d’Al-Qaïda, toujours prêt à établir de nouvelles bases au milieu de la confusion. De l’autre côté, la Russie a envoyé des armes au régime Assad et le Hezbollah d’Iran et du Liban se sont engagés sur le terrain. Après les élections iraniennes, ce n’est pas encore clair dans quelle direction il va aller, engagé comme il l’est dans une apparente offensive de charme (que peu de gens croient sincère) vis-à-vis de l’Ouest, condamnant Assad pour les armes chimiques et faisant entendre à son peuple des allusions libérales, mais menaçant de représailles si les missiles commencent à frapper la Syrie. Comme il n’est pas membre de la Ligue arabe, il a peu d’influence sur les autres pays de la région.

 

Donc, retour à Martin Luther King et à ce que la Nonviolence peut faire pour la Syrie.

Genève, le Sommet qui n’a jamais eu lieu : à la suite du G8 de 2013, un deuxième sommet sur la Syrie a été proposé par le Royaume-Uni, les Etats-Unis et la Russie pour tenter de mettre fin au conflit, l’Iran n’a pas été invité mais les autres joueurs étaient là, il y a eu des nouvelles ici et là, et puis … rien, il est simplement tombé à l’eau. L’opposition a en effet annulé le tant attendu sommet de la paix à Genève, suite à la prétendue attaque chimique de la semaine dernière.

Les populations des pays concernés devraient faire pression sur leurs dirigeants pour que les pourparlers de Genève aillent de l’avant avec TOUTES les parties concernées.

Les marchands d’armes : un supermarché d’armes arrive encore une fois à Londres, comme tous les deux ans. La Grande-Bretagne a déjà réussi à lever l’embargo européen sur les armes vers les rebelles syriens, et la Russie achète des armes et les donne à Assad, alors nous pouvons dire avec confiance que les affaires sont très bonnes pour les marchands de mort.

Seul un réel embargo sur les armes convenu par toutes les parties et s’appliquant à tous les intervenants peut commencer à réduire le nombre de victimes de cette guerre.

Les dirigeants du monde : beaucoup ont été inspirés par M. L. King mais la complexité de la situation au Moyen-Orient crée un sentiment d’impuissance et d’apathie. Est-ce qu’il a terminé son discours « j’ai un rêve » par « eh bien, sauf si c’est trop difficile » ?

Aujourd’hui, comme on célèbre son moment le plus inspiré, c’est le jour idéal pour lancer une initiative de réconciliation pour la Syrie de la part de chaque organisme pour la paix, chaque militant motivé pour la non-violence, tous les ménages inquiets que leurs impôts financent, encore une fois, la mort d’innocents dans un pays étranger.