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Par David Andersson

Les économies de don pourraient être de puissants outils d’organisation pour générer de la valeur de manière efficace. Il y a beaucoup d’exemples d’économies de don dans le monde aujourd’hui, comme les jardins communautaires ou les logiciels gratuits/ouverts, où l’argent n’est pas utilisé à des fins de création et de maintenance de ces ressources mais où les gens donnent de leur temps et de leur talent, obtiennent une reconnaissance et un certain respect, tout en partageant l’accès à ces ressources.

Autre exemple : la communauté Time Dollar, où les gens donnent de leur temps en échange de biens ou de services, et les systèmes de don (comme les dons de sang). Ce type de systèmes déconcerte plus d’un économiste, qui pensent que l’intérêt personnel rationnel d’une économie monétaire repose sur le fait de générer de la valeur, mais l’on voit bien qu’internet favorise le partage en permanence : Wikipedia, les communautés de réseautage social, les archives et sites internet collaboratifs comme le site Internet Archives, la blogosphère, et bien sûr le système d’exploitation de Linux avec des dizaines de millions de volontaires dans le monde qui ajoutent de la valeur à sa conception sans impliquer le monde des affaires. Linux est le système d’exploitation le plus présent sur les plateformes de matériel informatique.

Toute cette créativité a mené au développement d’un système de licence supprimant l’échange d’argent et favorisant l’accès à la musique, aux photos, aux vidéos, aux logiciels et autres contenus scientifiques et éducatifs, sous une licence Creative Commons. Le but de l’organisation Creative Commons est le suivant : « Notre vision n’est rien de moins que d’exploiter tout le potentiel d’internet – l’accès universel à la recherche et à l’éducation, la pleine participation à la culture – pour mener à une nouvelle ère de développement, de croissance et de productivité ». 1 million de projets ont été menés à bien la première année, plus de 400 millions fin 2010.

GlaxoSmithKline (GSK) par exemple, l’une des plus grosses entreprises pharmaceutiques, a choisi de renoncer à tous ses droits d’auteurs concernant ses données liées à la malaria, incluant plus de 13 500 composés connus pour agir contre cette maladie. « En rendant ces informations publiques, GSK espère que beaucoup d’autres scientifiques vérifieront ces informations et analyseront ces données plus rapidement que ce que nous avons pu faire de notre côté. Nous espérons que cela mènera à davantage de recherches qui pourraient aider à découvrir de nouveaux traitements. Nous aimerions également encourager d’autres groupes comme les universitaires et les entreprises pharmaceutiques, à rendre accessibles au public leurs propres composés et autres informations concernées. C’est un exemple typique d’une ‘source ouverte’ (open source) appliquée à la découverte de médicaments. Nous savons que les données prennent de la valeur lorsqu’elles sont reliées à d’autres données et que plus les gens s’intéressent à un problème, plus il y a de chances de résoudre ce problème ».

L’intérêt des économies de don est qu’elles libèrent de l’énergie, des idées et des engagements que l’économie de marché, avec sa focalisation sur les contrats juridiques et l’accumulation d’argent, ne peut généralement pas faire. Les économies de don ont le sens de l’engagement et de la confiance mutuel(le)s, elles promeuvent l’ouverture et le partage des connaissances, sont très satisfaisantes d’un point de vue social et mettent en place des systèmes communautaires. Le challenge est de reconnaître que nous disposons déjà de ce genre de systèmes et que nous devons les respecter en tant que systèmes cohérents de générateurs de valeur.

Je conclurai en partageant la vision audacieuse de James Quillingan* de réinventer les États-nations et les relations internationales par le biais d’une gouvernance fondée sur les biens communs : « La solution ne vient pas des pays souverains ou des élites mondiales de banques et de corporations. Elle vient des individus et de notre capacité à susciter une responsabilisation au niveau politique pour la gestion et la production de nos biens communs. Ce qui implique notre capacité à mettre en place de nouvelles structures qui amènent à une certaine durabilité et au partage ».

*James Quillingan est analyste et administrateur dans le domaine du développement international depuis 1975. Il a également collaboré avec plusieurs organismes des Nations unies ainsi qu’avec des organisations liées au développement international par rapport aux questions de patrimoine mondial commun, et a travaillé en tant que consultant en économie pour des organismes gouvernementaux de 26 nations. Quillingan est actuellement Directeur général du Center for Global Negotiations et Président du Global Commons Trust.

À propos de l’auteur

David Andersson dirige actuellement le NYC Chapter du Parti Humaniste, est membre de Making Worlds: a Commons Coalition, un effort de collaboration d’Occupy Wall Street qui cherche à explorer les ressources des biens communs dans le but de créer un monde meilleur. Il coordonne également New York Coalition to Expand Voting Rights (Ivote NYC). Avant la formation du PH en 2009, David a dirigé les campagnes spéciales (Special Campaigns) du Center of Cultures pendant plus de 10 ans et a co-fondé le Diversity Center à Jackson Heights dans le Queens. Pour ses propres travaux, David a toujours été inspiré par ceux de Silo et ses actions en faveur de la non-violence.

Traduction de l’anglais : Eva Delacoute