Bien qu’il demeure élevé, le taux de la mortalité infanto-juvénile est passé de 146 décès pour 1 000 naissances vivantes en 2001 à 136 en 2006 et 122 en 2011. La cible de l’objectif du Millénaire pour le développement (OMD) numéro 5 vise à réduire la mortalité infanto-juvénile à 76 décès pour 1 000 naissances vivantes en 2015.

 

En 2007, la pauvreté monétaire au Cameroun touchait 40% de la population et 46% des enfants de moins de 18 ans. De 2001 à 2007, le nombre d’enfant s pauvres est passé de 3,6 millions à 4,1 millions. On observe de fortes disparités de l’incidence de la pauvreté des enfants entre les zones rurales (60%) et urbaines (16%). Les régions de l’Adamaoua, de l’est, du nord et de l’extrême nord du pays rassemblent 60% des enfants pauvres. Facteur de stigmatisation, la pauvreté infantile empêche les enfants de s’affirmer, la protection et la réalisation des droits. Certaines normes sociales (mariages, grossesses précoces, refus de collaborer avec le personnel sanitaire de sexe opposé) continuent d’avoir un impact négatif sur la santé de la mère et de l’enfant avec pour conséquences, un faible taux d’accouchements assistés (64% en 2011), l’insuffisance de la prise en charge des complications obstétricales (16%) et le fort taux de mortalité maternelle estimé à 690 pour 1 000 naissances vivantes en 2010.

 

En 2012, quatre agences mondiales de santé à savoir, l’OMS, l’UNICEF, UNFPA et la Banque Mondiale présentaient leur rapport intitulé « Les tendances en mortalité maternelle » à Genève. Le rapport fournit les nouvelles estimations au niveau mondial, régional et national en mortalité maternelle. Les analyses sont sans équivoque : la mortalité maternelle est en sérieux déclin à travers le monde même si les baisses sont moins importantes dans certains pays, voire pratiquement inexistants dans d’autres. En Afrique le taux de mortalité maternelle a chuté de 870 en 1990 à 630 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2008, soit une réduction remarquable de 27% entre 1990 et 2010. Le nombre de mamans qui meurent par an à travers le continent a donc diminué de 250 000 à 180 000. Les chefs des quatre agences citées estiment que les décès maternels dans les pays en développement pourraient chuter de 70% et les décès de nouveau-nés y diminuer de près de la moitié si le monde doublait l’investissement dans la planification familiale et les soins liés à la grossesse. Actuellement à travers le monde on dénombre environ 358 000 décès maternels dont beaucoup qui pourraient être facilement prévenus se produisent chaque année dans les pays en développement.

 

Au Cameroun, nous nous trouvons dans une situation où l’Objectif Millénaire pour le Développement (OMD) numéro 5, qui vise à réduire la mortalité maternelle, demeure celui que le pays est le plus loin d’atteindre. Selon la méthodologie de la nouvelle étude citée plus haut, le taux estimatif de mortalité maternelle se situe autour de 600 pour 100 000 naissances vivantes au Cameroun. Ce qui veut dire que toutes les deux heures une femme meurt en voulant donner la vie. L’indisponibilité des services essentiels de santé dans certaines localités enclavées, leur inaccessibilité aux couches sociales vulnérables dans les milieux urbains, et les soins toujours plus onéreux appauvrissent davantage les familles. L’OMD n°5 est au centre de tous les Objectifs Millénaires du Développement. En effet, la santé maternelle est révélatrice de la qualité de tout un système de santé. L’OMD n°5 n’est pas seulement une question de santé. Il concerne aussi l’égalité et l’autonomisation des femmes – ainsi que les acteurs et décideurs de l’éducation nationale, de la jeunesse, des finances publiques, de l’économie et de la planification, de la communication, des transports et des travaux publics.

 

Améliorer l’accès à la Santé de la Reproduction est une préoccupation majeure du Gouvernement camerounais clairement mise en évidence à travers les documents cadres d’orientation stratégique du développement que sont la Vision 2035 et le document de stratégie pour la croissance (DSCE). En effet dans ce document, le Gouvernement manifeste la volonté de réaliser des investissements dans le domaine de la santé, avec une attention particulière pour les jeunes et les femmes, ainsi que pour l’encadrement et la prise en charge des autres groupes socialement fragilisés. La stratégie sectorielle de la santé, élaborée dans le cadre de la réduction de la pauvreté s’engage à renforcer l’offre et la qualité des soins avec un accent particulier sur la lutte contre les maladies transmissibles, y compris le SIDA, ainsi que l’accès des pauvres aux services de santé.

 

Les chiffres ne reflétant pas toujours la réalité, le ministère de la Santé publique a fait des enquêtes et études qui donnent un tableau détaillé de l’état de santé de la population, et permettent aux pouvoirs publics d’affiner leur politique dans ce secteur. Il traduit une inégalité dans l’accès des populations aux services de santé. La proportion des femmes qui reçoivent les soins prénataux d’un agent de santé est de 59% dans l’Extrême- Nord, 64% dans le Nord et 72% dans l’Adamaoua. A l’inverse, ces taux sont respectivement de 96% à l’Ouest, 98% dans le Nord-Ouest et 99% dans le littoral. Selon la même source, les trois provinces du septentrion ont le plus faible taux de femmes ayant reçu une injection antitétanique ou du sirop de fer au cours de la grossesse. Plus poignantes sont les données sur celles qui accouchent à la maison et sans l’assistance d’un agent de santé: plus de 60% dans l’Adamaoua, de 70% dans l’Extrême-nord, de 75% dans le Nord.