Au festival littéraire connu sous le nom de « Hay festival », Hans Blix, inspecteur en armes nucléaires dont l’avis a été notoirement ignoré à propos des armes de destruction massive de l’Irak, a dit au Royaume-Uni que le renouvellement de sa capacité nucléaire Trident qui coûte £ 100 milliards ne servirait à rien, ni ne rendrait la Grande-Bretagne plus sûre. Il a laissé entendre qu’il pourrait avoir plus à voir avec la vanité qu’avec la protection.

Les armes nucléaires sont illégales, inexploitables, inabordables et immorales et pourtant, à un moment difficile, lorsque la santé, l’éducation, le logement et les besoins sociaux de la population sont soumis à des mesures d’austérité draconiennes, l’argent est détourné pour financer la création la plus monstrueuse du 20è siècle.

Est-ce vraiment si impensable de les utiliser ? En réalité, la guerre est déjà devenue un peu nucléaire. L’Uranium appauvri (UA) est maintenant bien établi dans le champ de bataille et les conséquences de son utilisation sont en train d’émerger, dans un contexte de déni et de « secret ».

Irak

Depuis 2001, des membres du personnel médical de l’hôpital de Bassorah dans le sud de l’Irak ont fait état d’une forte augmentation de l’incidence des leucémies infantiles et de malformations génétiques chez des bébés nés dans la décennie qui a suivi la guerre du Golfe. Des médecins irakiens ont attribué ces malformations aux effets possibles à long terme de l’uranium appauvri … En 2004, l’Irak avait le taux de mortalité par leucémie le plus élevé de tous les pays (OMS). La Coalition internationale pour l’interdiction des armes à l’uranium (ICBUW) a lancé un appel à l’appui d’une étude épidémiologique dans la région de Bassorah, comme demandé par les médecins irakiens, mais aucune étude fiable n’a encore été entreprise à Bassorah.

Une enquête médicale « Cancer, mortalité infantile et répartition entre sexes à la naissance à Fallujah, Iraq, entre 2005 et 2009 », publiée en juillet 2010, stipule que le « l’augmentation des cancers et des malformations congénitales (…) est alarmante » et que la mortalité infantile en 2009/2010 a atteint 13,6%. (Wikipedia)

John Pilger écrit pour The Guardian (http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2013/may/26/iraqis-cant-turn-backs-on-deadly-legacy) et fait rapport : le Dr Jawad Al-Ali, un spécialiste du cancer de renommée internationale à l’hôpital universitaire Sadr à Bassorah, m’a dit cela en 1999 et aujourd’hui, son avertissement est irréfutable. « Avant la guerre du Golfe, dit-il, nous avions deux ou trois patients atteints de cancer par mois. Maintenant, nous avons 30 à 35 morts chaque mois. Nos études montrent que 40 à 48% de la population de cette région auront un cancer ; dans un délai de cinq ans d’abord, puis longtemps après. C’est presque la moitié de la population. La plupart des membres de ma propre famille ont le cancer, alors que nous n’avons pas d’antécédents de cette maladie. C’est comme Tchernobyl ici ; les effets génétiques sont nouveaux pour nous, les champignons sont devenus énormes ; même les raisins de mon jardin ont muté et ne peuvent pas être consommés ».

L’industrie nucléaire (les armes de destruction massive, l’uranium appauvri et l’énergie nucléaire) mobilise d’énormes sommes pour faire du lobbying, exercer une pression, faire du chantage et duper. Elle est l’incarnation de l’antihumanisme et de l’anti-environnementalisme. Hans Blix a raison à propos du programme Trident, mais il est maintenant chef du Conseil consultatif du programme nucléaire des Émirats arabes unis, autre exemple des conflits d’intérêts qu’on voit souvent créés par l’illusoire séparation entre les armes nucléaires et l’énergie nucléaire.