« La crise malienne représente un problème de sécurité intérieure pour le Niger. Je ne pense pas que l’intervention française se termine avec la libération des principales villes du nord. Pour nous, l’objectif n’est pas seulement de libérer cette région mais de nettoyer le Sahel dans son ensemble et de le libérer des criminels ». Voici les paroles prononcées par le président nigérien, Mahamadou Issoufou, au cours d’une longue interview diffusée par TV5-Monde.

Le Niger se trouve en première ligne sur le front de la guerre actuelle qui a débuté le 11 janvier dernier au Mali, pays avec lequel le Niger partage 800 kilomètres de frontière contrôlés par 5000 soldats. L’inquiétude la plus importante en ce moment pour Niamey concerne la sécurité : les autorités craignent de possibles infiltrations sur leur territoire de jihadistes chassés du Mali. Le nord du Niger, qui coïncide avec la vaste région montagneuse de l’Aïr, pourrait constituer un refuge idéal pour les islamistes repoussés de même qu’un point de passage vers la Libye et le Tchad.

De plus, la patrie d’Issoufou a déjà été le théâtre de plusieurs rebellions touaregs, une communauté à laquelle appartiennent un million de nigériens sur une populations de 12 millions. Selon certains observateurs, malgré l’intégration de cette minorité dans la vie politique –le Premier ministre Brigi Rafini est un touareg- l’exaspération reste perceptible dans les régions septentrionales où l’équilibre socio-économique est encore précaire.

Mais au Niger, le destin de la communauté touareg et le défi actuel de la sécurité s’entremêlent avec l’activité minière qui est fondamentale pour l’économie nationale : l’exploitation de l’uranium, dont les gisements se trouvent justement au nord.

Au cours de cette même interview, le président Issoufou a confirmé que des « forces spéciales françaises sont en train de protéger les sites d’uranium », en particulier à Arlit, où en septembre 2010, des rebelles de Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) ont enlevé sept employés d’Areva, la multinationale française, et de la filiale locale « Satom ». Une source missionnaire locale rapporte à la MISNA que « le vent de poussière est en train de souffler alors que change la saison et l’on se dirige vers la chaleur âpre typique du Niger (…) semblable à la poussière soulevée par les militaires français qui ont pris position autour des minières d’uranium (…), uranium qui vaut plus que les personnes qui y travaillent ; »

Présente au Niger depuis plus de 40 ans, la société Areva a déjà exploité les minières d’Arlit et de Akokan (nord), mais pour l’instant, selon les autorités de Niamey, cette ressource aurait seulement contribué à hauteur de 5% des revenus fiscaux de l’Etat et la grande majorité de la population essaie de survivre dans des conditions de pauvreté extrême et avec des infrastructures et des services publics complètements dépassés.

Dans ce contexte instable, qui pourrait avoir des répercussions sur les activités minières nigériennes, Issoufou a réaffirmé la volonté de Niamey de « renégocier le partenariat stratégique avec Areva afin de profiter d’une collaboration plus équilibrée en notre faveur » mais également de « diversifier nos partenaires dans l’extraction de l’uranium », à commencer par la Chine.

La semaine dernière, le gouvernement nigérien s’est déclaré disponible à recevoir sur son territoire une base américaine de drones afin de procéder à des vols de surveillance au-dessus du Sahel. Au sud, le Niger partage 1500 kilomètres de frontière avec le Nigeria, pays où opère le groupe islamiste Boko Haram. Cette ancienne colonie française est devenue le cœur du dispositif militaire occidental dans la région. Du matériel et des troupes transitent par l’aéroport de Niamey alors que des instructeurs militaires de Paris ont une base stable au Niger afin de former la police et les soldats. Le 16 décembre dernier, les députés ont donné à l’unanimité leur approbation au déploiement de plus de 500 soldats dans le cadre de la Mission international au Mali (Misma) avec un commandement africain.

(VV/FT)

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