Propos recueillis par Ricardo Arias

A l’occasion de la publication en français du livre Le Regard du Sens’ par les Éditions Références, nous avons dialogué avec l’auteur, Dario Ergas, lors de la présentation de son livre aux Parcs d’Étude et de Réflexion à La Belle Idée (France).

Pressenza : Sur la quatrième de couverture du livre on lit « Le mal-être généralisé dans lequel nous vivons aujourd’hui ne peut être considéré comme résolu depuis l’optique ingénue du problème personnel. […] Aujourd’hui, face à la grande nécessité des âmes, une porte s’est ouverte : quelque chose appelle tout au fond du cœur humain et le brouhaha des consciences et du monde ne peut plus couvrir ce signal ». Dario Ergas, quel est l’origine de ce livre ?

Dario Ergas : Ce livre est le fruit de mon expérience après m’être posé et avoir voulu répondre à ces deux questions : Qui suis-je ? Où vais-je ? Tous les jours je me suis posé ces questions. A ce moment là j’étais perdu et un ami m’a dit de me poser ces questions. Elles ont réveillé en moi un regard qui a commencé à chercher vers l’intérieur. Et ce que ce regard a trouvé ne m’a pas plu. J’attendais le Sens et j’ai trouvé autre chose : un type avec beaucoup de colère, de ressentiment, de banalités.

Avec le temps, j’ai compris que lorsque je résolvais un conflit, apparaissait ce que je cherchais. Ce qui me donnait de l’énergie pour chercher la réconciliation, c’était la sensation de savoir que le soleil était juste derrière les nuages.

La question à la base était « Comment sortir de ma souffrance, de ce qui m’attrape ? » Et je me disais « si j’arrive à en sortir, je vais pouvoir le transmettre à quelqu’un ». Je suis arrivé à la conclusion que sortir du Non-sens est la ‘seule issue’ pour l’humanité. Je croyais que j’allais m’en sortir seul, mais je me suis rendu compte que si je restais seul, je restais ‘attrapé’.

Donc, pourquoi donner un ‘regard au sens’ ? Comment cela se donne ?

C’est une proposition, c’est une invitation de partir à la quête du sens et à chercher ses signes. C’est le regard intérieur qui va nous permettre de nous approcher du monde intérieur, là où habite l’expérience du Sens. Et au fur et à mesure que ce regard se réveille, il va trouver un monde intérieur rempli de contradictions et de peurs. Et pour éviter cette souffrance, la rencontre avec contradictions et peurs, le regard va s’éloigner du monde intérieur, en se réfugiant dans le moi de tous les jours. Mais si au lieu d’éviter la souffrance nous la dépassons, quelque chose d’unitif va grandir en nous et va aller en acquérant peu à peu une substantialité, et cela va produire un changement dans mes croyances à propos de la mort. Ainsi, à mesure que croît l’unité interne, augmente le soupçon que ce centre qui est au fond de nous n’est affecté ni par la naissance ni par la mort.

Une fois arrivés là, avec ces intuitions, tout se renverse. Ce qui semblait superficiel devient fondamental et ce que je croyais important perd de son poids. Me réconcilier devient une nécessité. L’unité intérieure prend consistance et sa croissance donne direction à ma vie.

Justement, vous faites référence au thème de la mort et vous développez le thème dans le livre. Alors, qu’est-ce que vous diriez à quelqu’un qui a peur de la mort ?

Qu’il a raison ! Nous n’avons jamais rencontré la mort, nous vivons dans une perpétuelle fuite de la mort. Quel est le sens de ma vie si je meurs ? C’est une question que se posent les personnes qui n’ont pas rencontré la mort. Lorsque la mort est proche la Vie est proche, la vie n’est jamais aussi présente que lorsqu’il la mort est proche. Et donc ce qui est important est proche : Toi même, l’ami, l’être cher…

Sans la mort, nous ne serions pas de véritables êtres humains. Grâce à l’approche de la mort, je découvre ce qui est important. La peur n’est pas la peur de la mort mais la peur de perdre mes illusions et l’on peut dire que la mort est la possibilité de connecter avec ce que nous sommes véritablement, « Il n’y a pas sens à la Vie si tout se termine avec la Mort ».

Vous parlez aussi d’échec, de la nécessité de l’échec pour passer à autre chose, mais à quoi vous faites référence  lorsque vous utilisez ce mot « échec » ?

L’échec, c’est reconnaître la perte de quelque chose que je n’ai jamais eu. Le problème de chercher le Sens, c’est de le trouver, car il est à l’intérieur de chacun de nous. La question de la recherche du Sens ne se pose plus lorsque vous avez compris que le Sens c’est vous-même.

On vit en croyant que la vie c’est obtenir des vacances, un travail, un couple, etc. On peut remplacer un ami ou un couple, mais il arrive le moment ou l’on ne peut plus ‘remplacer’, car on réalise que ce sont les plus proches, ces personnes autour de nous qui sont le sacré.