La première citation vient de Daniel Defoe, dans Histoire politique du diable, en 1726 : « on peut croire fermement davantage à des choses aussi certaines telles que la mort et les impôts ». Benjamin Franklin écrivit la version actuelle en 1789 : « dans ce monde, rien ne peut être considéré comme étant certain, à part la mort et les impôts ».

Est-ce que la mort est certaine ?

Seule la transformation physique du corps l’est : de l’état vivant qui respire à celui d’inerte rejoignant la piscine moléculaire recyclable. Ce qui se passe pour le reste de la personne a fait l’objet de plus de débats, conjectures et expérimentations que peut-être n’importe quel autre thème dans le monde. Et, en parallèle avec un sens de la vie sociale et personnelle en décomposition par la faute du darwinisme social déshumanisant, une nouvelle spiritualité est en train de faire son chemin afin de transformer nos expériences plutôt que nos (et sans les opposer, myriades de) croyances/non-croyances en un nouveau moment révolutionnaire.

Est-ce que les impôts sont certains ?

Cela dépend de qui nous parlons. Une récente étude menée au Royaume-Uni a identifié la manière scandaleuse dont les entreprises et les individus riches évitent de payer des taxes, tout en générant des profits stratosphériques dans le pays.

Par exemple : Starbucks (célèbre chaîne de café) n’a pas payé d’impôts sur ses revenus au Royaume-Uni dans les trois dernières années par le biais de tactiques défiant les lois des impôts ; il n’a payé que 8,6 millions de livres sterling de taxes sur un chiffre de ventes au Royaume-Uni de 3 milliards de livres depuis 1998, soit une fraction quasi ridicule du montant raisonnablement attendu, et rien dans les trois dernières années. Les rendements, communiqués par Companies House, n’indiquent aucune réalisation de profit, mais l’entreprise a déclaré être satisfaite des profits engendrés au Royaume-Uni.

Amazon UK, le plus grand détaillant en ligne de Grande-Bretagne, a généré un chiffre de ventes de plus de 3,3 milliards de livres dans le pays l’année dernière mais n’a payé aucun impôt sur les sociétés. Vodaphone : des milliards de livres engendrés mais aucun impôt sur les sociétés payé. Selon UK Uncut, un groupe protestataire britannique, « les entreprises et les individus riches s’en tirent en évitant de payer 95 milliards de livres chaque année. On nous annonce qu’il n’y a pas d’autre choix que de faire des coupes drastiques dans les services publics, mais récupérer l’argent détourné par les super-riches rendraient inutiles la vaste majorité des coupes budgétaires du gouvernement. » (UK Uncut)

Selon la (non) fameuse expression d’Ivana Trump : « Seuls les petites gens payent des impôts ».  Ces mêmes gens qui subissent les pires effets de « l’austérité », sorte de stratégie menant à la concentration. C’est écrit ici, noir sur blanc, en aucun cas un simulacre d’égalité humaine ou de compassion.

Nous n’allons pas évoquer à nouveau le rôle des paradis fiscaux et autres failles du système qui ont vu la plupart de l’argent de renflouement des banques disparaître dans les poches de privés discrets.

 

Les nouveaux débats de Putney

Quelque chose de merveilleux s’est produit en 1647 en Angleterre. Mais on se souvient plus de la première révolution anglaise notamment par l’épisode de la mort de Charles 1er et du court instant durant lequel l’Angleterre était devenue une (sorte de) république, uniquement pour se rendre compte que ce n’était pas la bonne solution, et décida de restaurer la monarchie.

En plein milieu de ce bouleversement, un groupe de soldats de la New Model Army de Cromwell (une partie des participants étant niveleurs) a mené des discussions sur l’élaboration d’une nouvelle constitution pour l’Angleterre : une démocratie au sein de l’armée, un accès à la terre et le droit de vote pour tous (les hommes, bien sûr). Certains « droits ancestraux » ont été déclarés sacrosaints pour tous les Anglais : liberté de conscience, liberté de refuser le recrutement obligatoire dans les forces armées et égalité devant la loi. Même si les dirigeants de ce remarquable groupe démocratique précoce ont été battu (et tués pour beaucoup d’entre eux)  par les factions de Grandees de Cromwell, les propositions rassemblée dans l’Agreement of the People (l’accord du peuple en français) ont inspiré d’innombrables mouvements égalitaires et démocratiques. Il est utile bon de souligner que les Grandees et les riches du Parlement furent les véritables gagnants du moment et ont depuis maintenu leur suprématie sue le pouvoir de l’argent.

Comme lors de nombreux moments révolutionnaires, la remise en cause des hiérarchies n’a pas uniquement concerné les structures économiques et politiques. Une révolution spirituelle était également en marche après les politiques d’intolérance envers les catholiques et les protestants menées par les autorités du royaume. Les débats de Putney contenaient une autre version de la vie religieuse, proclamant la liberté de conscience et la liberté de culte. Juste après, les quakers firent leur apparition, s’éloignant complètement de leur hiérarchie et s’engageant en faveur du pacifisme.

Occupy London tient, en l’honneur du 365è anniversaire des premiers débats de Putney, une série d’évènements inspirés par les demandes de justice sociale, de droits civiques et d’accès équitable à la terre, venant des niveleurs et des bêcheux.

Au moment même où la Première Révolution anglaise commença lorsque le roi rappela le Parlement (dissoute auparavant par ce dernier) afin de demander de l’argent pour faire la guerre, l’un des thèmes de ce « renouveau » sera : « quand la guerre est illégale (1), payer des impôts est un crime » de Taxpayers Unite (peut-être devrions-nous être reconnaissants envers les compagnies qui ne payent pas d’impôts de ne pas augmenter le trésor de guerre ? ;-). Monde sans Guerres et sans Violence s’engage à promouvoir la sensibilisation sur les moyens légaux de détourner l’argent des impôts sur les bases du droit international.

Le programme des nouveaux débats de Putney comprennent également :

–                  Créer un mouvement pour comprendre le bien commun

–                  Économie et démocratie : inégalité : l’ennemi entre nous ? La Grande-Bretagne paradis fiscal, Prédateur et Victime, égalité des revenus – une approche coopérative

–                  La révolution anglaise, les débats de Putney et l’élaboration de la constitution britannique. À quoi ressemblerait une vraie démocratie ?

–                  Une banque socialement utile

–                  Terre et démocratie

–                  Droits de l’homme, démocratie et droit : qui profite du système juridique ?

–                  Le capitalisme, c’est la crise (un autre monde est possible…)

–                  Crise du logement

–                  Le courage de payer : impôts, honnêteté et affaires

–                  Une nouvelle économie

–                  Nourriture et démocratie, Energie et démocratie

–                  Droit, environnement et démocratie

–                  Une terre pour tout le monde : des mesures pratiques et des actions dynamiques

–                  Un nouvel accord du peuple pour 2012

 

(1) Voici ci-après une liste des lois et accords internationaux rendant la plupart des guerres d’agression illégales :

1928 : Pacte Kellogg-Briand

1945 : Charte des Nations Unies

1946 : Jugement du Tribunal militaire international à Nuremberg

1947 : Principes de Nuremberg formulés sous la résolution 177 de l’Assemblée générale de l’ONU

1948 : Convention des Nations unies pour la prévention et la répression des crimes de génocide

1970 : Résolution 2625 de l’Assemblée générale

1998 : Statut de Rome de la Cour pénale internationale, entrée en force en 2002

 

Traduit de l’anglais par Alexis-Michel Gauvrit