Jeudi, M. Taylor a été jugé coupable des 11 chefs d’accusation pour lesquels il était inculpé, dont crimes de guerre et enrôlement d’enfants-soldats pendant la guerre civile de la Sierra Leone (1991-2002). La peine de réclusion correspondant à la condamnation de l’ancien chef de l’État sera en revanche communiquée le 30 mai prochain.

**La condamnation de Charles Taylor est-elle une bonne nouvelle jusqu’à Arusha (Tanzanie) où sont sis la Palu mais aussi le Tribunal pénal international pour le Rwanda ?**

“C’est une excellente nouvelle. Taylor méritait d’être reconnu coupable. Je n’ai que quelques doutes à ce propos. J’ai suivi à la télévision les réactions des gens à Freetown et à Monrovia et si la joie s’est emparée des Sierra-léonais, le sentiment des Libériens semblait plus ambigu. Il sont heureux que leur ancien président ait été condamné mais ils pensent aussi aux atrocités commises dans leur pays et sur lesquelles le Tribunal spécial n’a pas pu enquêter. Or, les Libériens aussi se demandent quand viendra le temps de la justice pour leurs victimes.”

**Que faudrait-il faire pour cela?**

“Il faudrait faire pression sur le gouvernement libérien pour qu’il adopte les mesures nécessaires pour enquêter et entreprendre un procès. Pour ce faire, la communauté internationale a une grande responsabilité”.

**Avant Taylor, l’ancien chef rebelle congolais Thomas Lubanga, qui a été condamné en mars par la Cour pénale internationale. Ce sera bientôt le tour de l’ex-président de la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo. N’y a-t-il donc que des Africains à juger à La Haye?**

“La Cour pénale internationale est chargée de poursuivre les responsables des atrocités commises dans le monde entier, et pas seulement en Afrique. Or, dans plusieurs cas, elle n’a pourtant rien fait ou bien n’a pas donné la réponse que l’on attendait d’elle. Mais le fait que la plupart des imputés jugés à La Haye soient africains n’est pas une raison suffisante pour boycotter les jugements de la Cour. Un aspect important réside sans doute dans le respect du principe de la complémentarité. Les suspects doivent être jugés en première instance à l’échelle nationale, tandis que les juges de La Haye ne doivent intervenir que lorsque les pays concernés ne veulent pas ou ne peuvent pas continuer les poursuites. La Cour a le devoir de soutenir et de porter assistance à tous les pays”.