Que cherchait Karim Ait Aissi dans sa vie ?

Avec l’aide du FFS, il transmettait son idéologie aux jeunes Algériens :

«Pendant que d’autres partis ont choisi d’investir les rues, le FFS a opté pour les meetings où il exprime des valeurs, principes de liberté, de tolérance et de non-violence».
Au travers de ces meetings, le FFS voulait aussi exprimer son refus de tous les enfermements, qu’ils soient politiques, sociaux ou culturels et son aspiration à une pratique citoyenne effective.

Avec l’aide de la Ligue Algérienne de Défense des Droits de l’Homme (LADDH) , ONG à caractère non politique, il a contribué à refonder la vision des droits de l’homme en tant que matrice d’une société pluraliste, ouverte et régulée par le droit et la justice. La LADDH reste un espace privilégié pour ceux qui désirent eux aussi contribuer à ce travail et rester ouverts à tous.

C’est en 2008, qu’il entreprend avec d’autres camarades l’organisation de la Marche Mondiale pour la Paix et la Non-violence en Algérie.

Voici l’extrait d’une lettre d’un de ses camarades proches parmi ses nombreux amis :

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Hommage à Karim Ait Aissi – un ami et un homme courageux.

Je n’avais plus de nouvelles de lui, seulement quelques messages sur le net :
« Il y a encore quelques jours pour appeler les jeunes à se soulever contre la misère. »
Ce dernier message décrit très bien Karim : courageux, militant. Mais pour lui aussi la vie aussi était une lutte pour « s’en sortir ».
Nous nous sommes vus quasiment à chaque voyage de 2000 à 2010. Malgré qu’ils soient difficiles à dater, tous les souvenirs de lui sont gravés dans mon cœur, avec une immense gratitude pour lui et tous les ami(e)s d’Algérie, pour tout ce que nous avons partagé ensemble.

Karim était différent, il était le pilier, il était un homme de pensée et d’action.
Je me rappelle la première rencontre… Nous avions pris la route ensemble entre Michelet et Bordj Menaiel. Nous parlions, nous lisions, tellement passionnés malgré les virages des montagnes du Djudjura. J’avais la certitude d’avoir rencontré un «ami» humaniste dans l’âme. Plus tard, j’ai appris des éléments de sa vie dans la région de Boumerdes, traumatisée par les évènements des années 90 ainsi qu’ un terrible séisme., Comme tous les rescapés, il vivait dans un de ses milliers de bungalows que l’on voyait le long des routes.

Je me rappelle aussi les rencontres et les moments partagés dans son petit village perché d’Ait Ahmed. Il m’a fait connaître Cheikh Mohand, un poète et philosophe kabyle du XIXe siècle dont la parole serait utile aujourd’hui. Je me souviens encore qu’il m’invita à me rendre dans le mausolée où j’ai senti une forte communion à la sagesse du marabout. Karim faisait revivre tout cela par son action. J’aimais Karim parce qu’il a toujours refusé les discours faciles des clans «berbère» et «arabes. Il recherchait vraiment ce qui était le plus favorable à tous.

Par ailleurs, Karim était un admirateur de Hocine Ait Hamed, un des leaders de la révolution et aujourd’hui toujours en opposition avec le pouvoir en place. Ces dernières années, je l’avais senti un peu découragé dans son action politique, mais en Algérie on est souvent inquieté et menacé quand on désire le meilleur. Nous avons organisé de nombreuses réunions autour du mouvement humaniste et de la non-violence : nous étions toujours suivis par la police. Quelquefois, de simples citoyens complices nous ont causé bien des problèmes ! Tout cela pour quelques honneurs de la part du système. Je dois remercier Karim de m’avoir aidé à dépasser ces moments difficiles et toutes sortes de trahisons … mais je me dis que pour lui, et toutes les personnes sincères, cela fait partie du quotidien «difficile à supporter».

Karim devait se battre aussi pour vivre et gagner sa vie. Il est passé de l’échec cuisant de son entreprise d’informatique des Issers à un poste de responsable en communication dans une des plus grandes entreprises algériennes. Il me semble que pour lui cette lutte quotidienne occasionnait trop de pression.

Je me rappelle certains moments passés avec lui, Catherine et Claudie ! Dans le Touring Hôtel où presque tout était resté à l’état des années 60 ! Mais c’était sans importance car on avait le projet de créer une révolution humaniste là où c’était impossible : en Algérie !

Karim était trop militant, trop dans l’extériorisation mais il avait commencé à prendre contact avec son monde intérieur, j’en suis certain… il m’a confié quelques beaux témoignages sur l’application des principes d’action non-violentes ainsi que sur la vie face aux situations du quotidien.

Il est vrai aussi que je désespérais un peu de lui, mais …. Nos derniers jours passés ensemble furent une grande réconciliation, un moment merveilleux : cela se passait dans un paysage idyllique, «Palm Beach» au bord de la mer, il m’avait accueilli comme un «pacha». Karim voulait profiter de la Marche Mondiale pour la Paix et la Non-violence pour fonder son grand mouvement humaniste algérien. Il réussit même à attirer tous les journalistes à la Maison de la Presse d’Alger, lors d’une conférence mémorable. Il n’y a eu qu’un « Karim », notre ami, capable de faire parler de la non-violence et de l’humanisme dans tous les journaux nationaux.

Son leitmotiv était: “ Oui, moi je fais partie de cette jeunesse d’esprit qui donne le meilleur d’elle-même”.

C’est pourquoi je lui offre en guise de remerciement ces quelques vers écrits spécialement pour lui :

Karim,

Tu es parti vite et nous n’avons pas eu le temps de bien te remercier.

Mais nos demandes sont fortes et tu les entends …sûrement!…()

Tu seras toujours vivant…

Ton âme est là, elle nous accompagne,

nous tes amis et tes proches.

Quand quelque chose nous révoltera,

tu seras là pour nous aider …()

Nous, nous continuons le chemin ouvert ensemble… ()

L’ œuvre de Karim reste gravée dans la mémoire des temps, d’autres continueront ce qu’il a commencé et cela nous permettra de garder l’espoir en un monde meilleur, à tout jamais vivant dans nos cœurs.