Stéfane Allix, d’après votre expérience, la Vie et la Mort semblent se côtoyer dans un même espace de conscience.

Oui, ce sont deux entités dans un même espace, c’est une forme de continuité, c’est une continuité de la conscience aussi, à partir du coeur. On change d’état. C’est un processus de transformation assez colossal. Tout ce chemin va irrémédiablement à la vie, à la mort. C’est une démarche personnelle, sentie, qui m’a fait observer beaucoup de choses.

Pensez-vous que ces découvertes puissent élargir la conscience au niveau de l’humanité ?

Avec l’INRESS (Institut de Recherches sur les Expériences Extraordinaires), j’ai voulu ouvrir l’espace de parole et d’échange face à des expériences extraordinaires, vécues par de nombreuses personnes. Au début, j’ai crû devoir faire face à un scepticisme ambiant. Finalement, ce que je constate, c’est que je n’ai eu à convaincre personne. Les gens sont déjà dans une attente par rapport à ce thème et enclins à vouloir devenir acteurs de cette quête. C’est comme ce qui s’est passé avec le mur de Berlin en octobre 1989. Quelques politologues avaient parlé de ce qui allait se produire. Mais on ne les a pas écoutés. Et alors tout à coup, il n’y a plus eu de bloc, plus de mur, tout s’est effondré. Et le monde d’avant n’a plus existé. Cela a produit une énorme surprise.
Autre exemple mon émission télévisée diffusée sur M6 à 1 million de téléspectateurs : il n’y a aucune opposition sur ces thématiques « extraordinaires ».

Voyez-vous un lien entre votre expérience et une vision non-violente ?

Oui, complètement, mais je suis très partagé.
C’est vrai que c’est absurde d’être optimiste aujourd’hui parce que c’est plus facile la violence que la non-violence ; c’est plus facile de faire la guerre, mécanique instinctive.
Il faut une grande pratique personnelle pour aller au-delà.
C’est être adulte. être responsable.
Mais d’un autre côté, mes expériences para-psychologiques m’ont montré qu’il existe une forme de reliance entre nous : une part de moi est en toi et une part de toi est en moi. On fait tous partie des uns et des autres. Quand je suis violent, je le suis envers toi et envers moi. Travailler sur ces questions là, c’est absolument nécessaire. Oui, c’est évident, nous sommes dans une nouvelle étape. Par exemple, nous avons lancé un appel pour amplifier notre réseau de bénévoles pour les soins palliatifs et nous avons reçu des centaines de candidatures de professionnels de la santé mentale… Tous bénévoles.
Autre exemple : Sur 100 personnes interrogées sur ces expériences extraordinaires, il y a 3 personnes qui y croient à fond car elles sont elles-mêmes dans une démarche spirituelle, 10 qui disent clairement qu’elle n’y croient pas (rationnelles agnostiques), et les 87 personnes restantes qui étaient ouvertes.
Il n’y a pas une réalité… Mais plusieurs. Par exemple, chez les chamanes, on peut demander à l’un d’entre eux, ce que représente ce tapis, et on va me répondre que cela symbolise un objet mais un autre va me dire que ça représente tout autre chose; et chacun a raison. Chacun a sa part de réalité. Chez moi, il y a une part, ma logique occidentale,qui a du mal à le voir ainsi.

Quelle serait votre devise ?

Ecouter, et surtout écouter ce qui est différent. On arrête de juger si on se met en écoute. Pour moi, d’ailleurs, partir c’était me « désencoller » de ma culture. Et écouter.