Lors du débat « 50 ans de littérature africaine » organisé par la Revue Jeune Afrique, nous l’avons vue, expressive et claire, dans une intervention à la fois vive et pertinente.

Fière d’être héritière des Aimé Césaire et Léopold Senghor, elle se différencie cependant de leur combat : « à chaque époque son combat ». Il se trouve qu’elle est africaine, souligne-t-elle et, par hasard, femme … ses livres suivent le chemin de la quête humaine, universelle. Elle remercie les femmes iraniennes, françaises, africaines … qui lui ont toutes enseigné quelque chose et qui configurent son panthéon virtuel. A l’occasion de la journée de la femme, elle a d’ailleurs écrit un texte sur fond musical du fado, reflet de la situation triste des femmes d’aujourd’hui.

*Fatou Diome, Actuellement, de forts remous sociaux bouleversent la planète. Pensez-vous que ces forces transformatrices ont un lien avec l’émergence d’une nouvelle spiritualité ?*

Je ne suis pas contre les croyances mais contre les radicalisations. Actuellement, je vois une régression spirituelle. La tension constante, c’est qu’on veuille toujours imposer des religions.

*A partir de votre engagement, expérience personnelle, quels sont les axes d’une culture de la paix et de la non-violence ?*

Il faut plus de justice économique. Si vous regardez ces hommes qui traversent les frontières, ils viennent de toute part, pour gagner le minimum pour leurs êtres chers dont ils sont le plus souvent séparés. Il y a trop de décalage entre riches et pauvres.
Et que de souffrance liée à cette situation !

*Quelle serait votre devise pour nos lecteurs ?*

Détermination et ténacité.
La paix demande un effort constant. C’est facile d’être agressif. Ce n’est pas facile d’être en paix. Je ne veux pas qu’on m’impose des choses. J’ai plein de raisons de me décourager chaque jour mais tant que le combat est justifié, je recommencerai. Je ne veux pas subir ma vie, je veux la rater ou la réussir mais c’est moi qui en déciderai. Je tiens cette force de ma grand-mère, qui était féministe sans le savoir et qui m’a appris la culture de la dignité. Et ça, personne ne pourra me la prendre.

Avant de nous quitter, elle relève : « Pressenza… quel beau nom pour cette Agence de Presse ! «

Merci Fatou !