L’ambiance de fête était plus que jamais présente, avec un espace de jeux et d’expression pour les enfants et plusieurs musiciens se succédant tout au long de l’après-midi. Des dizaines de personnes ont fait de brefs discours dans un extraordinaire pluralisme, ce qui permit d’aplanir certaines difficultés et de donner plus de clarté aux revendications du mouvement.

Un profond rejet de la classe politique: traitres et manipulateurs qui finissent par obéir au pouvoir en place, au dieu Marché et aux multinationales. Cependant, si les partis sont proscrits de ce mouvement, les militants et les idéaux politiques sont respectés, car le fait de s’organiser pour changer les choses c’est … faire de la politique.

La démocratie n’est plus cette icône inamovible, cette valeur suprême. La démocratie que nous connaissons n’est acceptée ni à Madrid, ni en Catalogne ni à Bastille. On y recherche la participation directe et le consensus ainsi que la reformulation de la démocratie pour le peuple et non contre lui.

Il y eut aussi quelques critiques sur ce qui se passait sous ce splendide soleil printanier…. Mais la polémique, pas plus que la discussion et la provocation n’avaient pas de sens, car ce mouvement s’appuie sur la convergence qu’il génère, se faisant l’interprète de centaines et de centaines de citoyens non représentés et en désaccord. Un non-conformisme qui met en accusation la consommation, les différences de sexes, de classes sociales, de races, et qui discute ouvertement sur ce que l’on veut et ce que l’on ne veut pas.

On pouvait lire sur une pancarte «ici et maintenant» et c’était bien le sentiment qui se dégageait: c’est le moment de montrer un signal net de rejet au mode de vie actuel. Mais en plus de ce rejet, il s’agit de faire des propositions, de donner une direction au futur qui s’approche.

«Ils nous ont pris la justice et nous ont laissé les lois» et non seulement les lois mais aussi l’appareil répressif. Un cercle de policiers anti-émeutes qui semblaient, avec leurs uniformes, sortis de Star Wars entouraient l’Assemblée.

Les images récentes de Barcelone à l’esprit, les manifestants se divisèrent avec d’un côté ceux qui voulaient montrer leur force à la police, bloquer la circulation et inciter les autres à les rejoindre et de l’autre, un groupe qui préféra faire valoir l’origine non-violente de ce collectif et qui exhorta la foule à ce qu’elle ne rentre pas dans le jeu des provocations policières. Cette rencontre devait être une fête, une possibilité de s’entendre et c’est ce qui se passa. Le fait de se sentir bien avec tous ces nouveaux camarades d’indignation, mais par-dessus tout compagnons de rêves, a certainement contribué au fait que tous optent pour la non-violence.