2025 se termine sous le signe de l’anxiété : attaque en préparation contre le Venezuela, danger de guerre mondiale à l’horizon, menace de dislocation de l’économie mondiale, flambée des prix, assaut contre les libertés chèrement acquises dans les sociétés dites démocratiques. 2025 est aussi une autre année d’horreur marquée par la poursuite en Palestine d’un génocide annoncé à l’avance et commis au vu et au su du monde entier. En revanche, 2025 a une nouvelle fois apporté la preuve que la force seule ne suffit pas pour s’imposer; l’agression américano-israélienne contre l’Iran a été contrée; le renforcement de la mainmise américano-israélienne sur le Proche-Orient et la fragmentation de la région n’ont pas abouti. Le projet n’est pas abandonné pour autant.
Retranchement temporaire de l’impérialisme américain
Le constat le plus important de 2025 est le fait que les États-Unis prennent acte de leur affaiblissement relatif. Le spectacle amuse-gueule Trump et les frasques du personnage occupent l’avant-scène d’une inflexion historique majeure : l’impérialisme mondialiste, unipolaire, néolibéral-néoconservateur, prétendant dominer le monde entier, est à bout de souffle. Il est allé d’échec en échec : crises financières (2008, succession de bulles boursières), désindustrialisation et délocalisations, appauvrissement de la population et creusement des inégalités entraînant tensions sociales, clivages sociétaux et antagonismes « culturels » profonds, délabrement de ses infrastructures, déconfitures sur la scène internationale (Irak, Afghanistan, Ukraine). Le marqueur le plus mesurable d’un naufrage à l’horizon est la dette publique qui dépasse 38,5 billions de $ (38 500 000 000 000) et augmente chaque seconde. Elle se situait à 9 billions de $ en 2007. Le sauvetage des banques lors de la crise de 2008 a été le coup d’envoi à son ascension et la pandémie de la COVID-19 a accéléré le rythme.
Là réside une bombe à retardement pour l’ordre américain et le système impérialiste mondial. Cette dette est constituée d’achats de Bons du Trésor et autres instruments financiers américains, et elle est financée à 30% par des investisseurs étrangers. Ils placent leur argent aux États-Unis dans le cadre de l’imperium américain fondé sur la force militaire et la primauté du dollar américain. Leur apport soutient cette devise qui aurait sombré depuis longtemps sans l’infusion continue venant de l’extérieur. La contribution étrangère permet aux États-Unis d’importer plus que leur économie ne peut exporter et de vivre au-dessus de leurs moyens. C’est une parfaite illustration du statut rentier d’une puissance impérialiste aspirant les richesses du monde vers elle en profitant de son hégémonie.
Mais le talon d’Achille de cet arrangement est qu’il est basé sur la confiance des investisseurs que leurs fonds ne perdront pas leur valeur, qu’ils leur seront accessibles et qu’ils leur seront restitués. Or, le doute s’installe et les offres de Bons du Trésor peinent à trouver preneur. Le secrétaire au Trésor Scott Bessent serait ainsi, par exemple, en ce moment même, à la recherche de 3 billions de dollars pour financer la dette américaine. Élever les taux d’intérêt pour attirer les acheteurs risque de ralentir encore plus une économie léthargique et augmenter la masse monétaire aggraverait l’inflation au moment où la hausse des prix est déjà alarmante. Il suffirait qu’un gros investisseur ou plusieurs petits, déjà abstentionnistes, jettent l’éponge, franchissent le pas de vendre les Bons du Trésor qu’ils détiennent et se retirent pour que la panique s’installe, provoque une ruée générale vers la sortie, la banqueroute technique des États-Unis, la suspension des paiements et la dégringolade du dollar. C’est un danger majeur pour un pays impérialiste parasitant le monde et vivant à ses crochets.
Voilà pourquoi les États-Unis modifient leur posture stratégique. Ils doivent faire venir chez eux de l’argent frais de l’extérieur, par la persuasion ou par la contrainte, telle l’obligation faite à l’Europe et au Japon d’investir, respectivement, 700 milliards de $ et 500 milliards $, sommes dont ni l’une ni l’autre ne disposent. Il leur faut aussi réduire leurs dépenses militaires en en transférant une partie à leurs subordonnés (« alliés ») européens, asiatiques et canadiens, et en les pressant de consacrer 5% de leur PIB à leur budget militaire (l’industrie militaire américaine bénéficierait de nouvelles commandes). Les vassaux sont appelés à débourser pour le renflouement du maître, conformément à la logique impérialiste.
À la précarité économique s’ajoute un début de conscience que les États-Unis n’ont pas les moyens de leurs ambitions géopolitiques. Les échecs de la politique offensive des mondialistes néolibéraux-néoconservateurs (les « guerres sans fin », en série et partout), à la manœuvre en Occident à partir des années 1980, sont clairs depuis plusieurs années. Les États-Unis ne sont pas en mesure de dominer le monde entier. Ils ne peuvent affronter deux grandes puissances, la Chine et la Russie, en même temps. La défaite la plus cuisante est la dernière en Ukraine, où le paquet a été mis pour abattre la Russie, mais en vain. La situation des États-Unis ressemble à celle de la Grande-Bretagne après 1945 : économie vacillante, empire trop étendu et coûteux à maintenir, épuisement. Il en est résulté un effondrement impérial, perspective à laquelle font face les États-Unis.
Un impérialisme essoufflé a le choix entre deux orientations : l’obstination ou la retraite. Deux camps sont engagés dans une lutte à finir aux États-Unis. Le premier, celui des impérialistes néolibéraux-néoconservateurs mondialistes du genre Clinton, Obama et Biden, veut continuer la politique de la domination unipolaire envers et contre tous. Ses membres persistent à fabriquer des récits sur une victoire ukrainienne et une Russie proche de l’effondrement afin de continuer la guerre antirusse. Leur espoir est que, même après près de quatre d’efforts infructueux, le sacrifice de ce pays finira un jour ou l’autre par mettre la Russie à terre. Cela permettrait ensuite de se tourner contre la Chine. L’autre camp, celui des trumpiens, se place sur le terrain de l’impérialisme à saveur nationaliste (l’« Amérique d’abord »). Plus conscient de la fragilité économique des États-Unis et des limites de sa puissance. Il se rend à l’évidence de l’échec de l’orientation mondialiste et de l’improbabilité d’infliger à la Russie la « défaite stratégique » tant désirée. Donnant la priorité à l’affrontement avec la Chine, il essaie d’opérer un repli tactique, quitte à renouer avec la tendance mondialiste plus tard. D’où les tentatives de s’extirper du bourbier ukrainien, que les États-Unis ont eux-mêmes créé, en parlementant avec la Russie.
L’impérialisme mondialiste imprègne la majorité de l’establishment politique, économique, médiatique et universitaire américain. Plus récent, issu de l’échec du précédent, l’impérialisme nationaliste est minoritaire et entravé par les tenants du premier. D’où les tergiversations, hésitations, incohérences, contradictions, allers-retours, virages à 180 degrés, etc. d’un président Trump pivotant comme une girouette et incapable de mettre en œuvre une politique étrangère compréhensible.
Le risque d’une désintégration impériale est à la source de la National Security Strategy publiée le 4 décembre 2025. La réalité fait reculer les illusions, l’idéologie et les narratifs au sujet du leadership universel d’une nation exceptionnelle et indispensable. Moins loquace sur l’hégémonie mondiale, dessinant plutôt le portrait d’un apaisement sur le plan militaire, le document jette son dévolu sur une sphère d’influence : l’administration Trump annonce qu’elle se retranchera sur le pré-carré des Amériques. Naturellement ni l’avis ni le consentement des peuples des Amériques ne sont sollicités. Cela ressemble à un retour à l’impérialisme territorialement délimité d’autrefois. Dans les relations internationales, elle dit renoncer aux croisades en faisant référence à des « valeurs » et elle prétend préférer à une approche transactionnelle.
Est-ce la fin de l’impérialisme planétaire, en vigueur depuis 1990 ? Certainement pas. Il s’agit d’une pause pour refaire ses forces, restaurer ses finances mal en point et attirer des capitaux étrangers. Il s’agit aussi de chasser la Chine et la Russie des Amériques. Leurs arrières consolidés, les États-Unis repartiraient sur le chemin de la domination mondiale. Le monde sera-t-il découpé en blocs ? Rien n’est moins sûr car, si les États-Unis s’attribuent les Amériques, ils ne permettent pas aux autres de former leurs sphères d’influence et ne s’interdisent pas de s’ingérer chez eux. Malgré le discours, les États-Unis ne se désintéressent ni de l’Europe ni de l’Asie, ne serait-ce que pour nuire à l’Europe, à la Russie et à la Chine. Il n’est pas question de se détourner des ambitions mondiales, lesquelles vont de pair avec le mode opératoire de l’impérialisme, soit le pompage des richesses et des capitaux venant de partout.
Suicide de l’Europe
La découverte la plus étonnante de 2025 est le comportement des dirigeants européens. Le monde apprend qu’ils sont plus belliqueux que leurs équivalents étasuniens, situation inattendue après des décennies de bellicisme américain. On est ébahi par l’hystérie guerrière qu’ils font régner dans leurs pays. Ils battent les tambours de la guerre comme autrefois ils chantaient les bienfaits de la mondialisation heureuse. À les en croire, l’invasion russe est imminente et les chars russes rouleraient sur les Champs-Élysées si la route ne leur est pas barrée par les armes. Dans le film The Russians Are Coming (1966), les intrus sortaient d’un sous-marin échoué sur les côtes américaines; en 2025, ils convergeraient de partout.
Les échéances avant l’affrontement direct euro-russe présumé sont périodiquement énoncées par les dirigeants. Le compte à rebours aurait commencé, alors même que la plupart des pays européens n’ont pas d’armées capables de mener des conflits de haute intensité et qu’ils risquent l’anéantissement devant l’arsenal nucléaire russe. Ils s’accrochent à l’OTAN et à la présence étasunienne en Europe, écoutent Trump comme des écoliers alignés devant son bureau et l’appellent daddy (papa) pour caresser son ego, sans que cela n’ait d’effet palpable. Pensent-ils déclencher une guerre, spéculant sur l’espoir d’impliquer les États-Unis ? Calcul hasardeux. S’imaginent-ils que les États-Unis seraient obligés de venir à leur rescousse, peut-être suite à une opération sous faux drapeau mise sur le dos des Russes ? La comédie des drones « russes » survolant des villes européennes en septembre 2025 était peut-être une répétition. Mais les États-Unis ont ignoré cette mise en scène flagrante. Ils ont aussi ignoré la « menace » des trois Mig-31 qui seraient entrés dans l’espace aérien estonien et qui auraient survolé la mer Baltique devenue le « Lac de l’OTAN » depuis l’entrée de la Finlande et la Suède dans cette organisation.
Pour sa part, le très martial secrétaire de l’OTAN demande que les populations aient un état d’esprit de temps de guerre et, comme certains commandants militaires appelés à rajouter à la psychose de guerre, les avertit de se préparer pour une conflagration de l’ampleur de celle vécue par leurs grands-parents et arrière-grands-parents. Dans un discours explicite qui fait grand bruit, le chef d’état-major des armées françaises, Fabien Mandon, déclare que la population devra bientôt accepter de sacrifier certains de ses enfants. Un amiral de l’OTAN évoque une attaque préventive contre la Russie, première puissance nucléaire du monde. Les autorités politiques à Londres, Paris et Berlin ne sont pas en reste. Le chancelier allemand Friedrich Merz prédit que, cette fois, l’Allemagne réussirait à l’Est ce qu’elle a été empêchée de faire de 1941 à 1945. Les va-t-en guerre patentés des pays baltes sont maintenant rejoints par les dirigeants occidentaux. Les budgets militaires sont destinés à exploser, alors même que les pays sont désargentés et que leurs économies sont stationnaires ou en état de récession. Un réarmement similaire est prévu au Japon, avec la Chine comme cible.
La russophobie et le bellicisme prennent des formes pathologiques. À partir du 7 octobre 2023, l’imposition du récit israélien, l’instrumentalisation de l’antisémitisme et le bannissement de la pensée critique facilitent le génocide des Palestiniens et accentuent encore plus la dérive dogmatique. Autant sur la Palestine que sur l’Ukraine, l’unanimisme est exigé sous le signe d’un nouveau maccarthysme. On se rappelle du culte voué à Zelensky, idole déifiée, en 2022. Tout point de vue non conforme à la doxa est qualifié de poutiniste ou de judéophobe et il est proscrit. Les médias mainstream assument ouvertement la fonction de porte-voix du pouvoir et de rempart contre l’expression de toute dissidence. Des analystes qui, ne récitant pas les fables officielles, s’en tiennent aux faits, sont mis sous embargo (« sanctionnés ») et interdits de parole, comme le colonel Jacques Baud, l’analyse Xavier Moreau ou la militante Nathalie Yamb. On ne saurait avoir meilleure preuve de la fragilité du récit officiel et du besoin de le mettre à l’abri. La liberté d’expression est piétinée par ceux-là mêmes qui s’époumonnent contre les régimes autoritaires, mais seulement ceux qu’ils ont dans leur viseur, pas les autres. Aussi viciée qu’elle soit aux États-Unis, où, au moins, des médias alternatifs existent, la situation est pire en Europe.
Quo vadis l’Europe ? Ce promontoire occidental de l’Asie a dominé le monde, pour le meilleur et pour le pire, pendant un demi-millénaire. Il est le berceau de la modernité et le découvreur des grands principes du monde contemporain, mais aussi l’auteur de nombreuses abominations. On le voit aujourd’hui déconsidéré par l’aveuglement, l’amateurisme, l’incompétence et l’esprit de routine de ses élites. Tous les indicateurs pointent vers le déclin relatif et la marginalisation d’un continent dépassé par l’évolution d’un monde sur lequel il n’a plus de prise.
La guerre en Ukraine en fournit une démonstration éloquente. Une série de politiques désastreuses et d’erreurs de jugement ont mis l’Europe dans une impasse historique. Rappelons le passé récent. Durant les années 1970, l’Europe occidentale cherchait à importer du gaz naturel soviétique bon marché et les États-Unis faisaient des pieds et des mains pour l’en dissuader. L’objectif américain a toujours été d’entraver la complémentarité naturelle entre l’industrie européenne et les matières premières abondantes et aisément disponibles chez le voisin à l’Est. La relation s’intensifie avec la Russie après le démantèlement de l’URSS. Elle est vitale pour l’industrie allemande et la chancelière Angela Merkel oppose un refus net aux États-Unis qui tentent de stopper la construction du gazoduc Nord Stream 2 (2018-2021). Jusqu’en 2014, les Européens ne sont pas de chauds partisans d’une politique agressive en Ukraine, contrairement aux Américains. En 2008, parfaitement conscientes de la provocation à la Russie, la France et l’Allemagne s’opposent au projet américain d’intégrer l’Ukraine à l’OTAN.
Elles n’étaient pas partisanes d’un regime change à Kiev. À la veille du coup d’État de Maïdan en 2014, la France, l’Allemagne et la Pologne avaient parrainé une entente entre le gouvernement ukrainien et les manifestants. Mais, quelques heures plus tard, les bandes néonazies, soutenues par les États-Unis, ont renversé le président élu et la sous-secrétaire d’État américaine, la néoconservatrice Victoria Nuland, a sélectionné le nouveau gouvernement putschiste. En février 2015, la France et l’Allemagne ont négocié avec l’Ukraine et la Russie les accords de Minsk pour établir un cessez-le-feu dans le Donbass et constitutionaliser l’autonomie des Républiques de Donetsk et de Lougansk. Mais, déjà leur position était en cours de changement. En décembre 2022, Merkel et François Hollande admettent que leur intention en 2015 était de donner du temps au pouvoir à Kiev de se réarmer. De fait, l’OTAN entreprend l’élargissement, l’équipement et l’entraînement des forces ukrainiennes (on estime leurs effectifs à quelque 600 000 combattants en 2022, soit la deuxième armée européenne après la russe), ainsi que la construction de puissantes fortifications à la lisière du Donbass (celles que l’armée russe est en train de conquérir en ce moment).
Lorsque les États-Unis engagent la guerre par procuration contre la Russie au début de 2022, l’Europe embarque immédiatement. Elle endosse les « sanctions » qui allaient la priver d’hydrocarbures russes et quadrupler le prix de ses importations énergétiques. Le sabotage du gazoduc Nord Stream 2 en septembre 2022 confirme une intention annoncée par Biden dès février 2022 à côté d’un chancelier Olaf Scholz impassible. L’Europe est la première victime des « sanctions ». Pourquoi accepte-t-elle cette automutilation ? La raison est qu’elle est partie prenante de l’erreur fondamentale à la base de cette guerre.
Les néoconservateurs aux commandes des deux côtés de l’Atlantique sont persuadés ou veulent croire que la Russie est faible et que son écroulement serait rapide. Le revers militaire anticipé et l’étranglement économique dû aux « sanctions » sont censés produire un Maïdan à Moscou et la chute du régime. Dans cette perspective, le prix des « sanctions » pour l’Europe serait vite récupéré par une mainmise sur les matières premières de la Russie après sa défaite. Ce calcul s’avère faux dès les premières semaines. Le potentiel de la Russie a été sous-estimé. Pendant près de quatre ans, l’OTAN improvise des stratégies qui consistent à pratiquer l’escalade dans l’espoir de réaliser le sauvetage du plan originel, alors même que le rapport des forces devient de plus en plus favorable à la Russie. La guerre est perdue. Mais, loin de chercher à mettre fin à un conflit qui ruine leurs économies, les dirigeants européens remuent ciel et terre pour tenir le brasier allumé.
Arrive Trump en 2025, poussé par une base d’électeurs qui rechignent à engloutir des centaines de milliards dans un tonneau des Danaïdes lointain, pendant qu’ils se serrent la ceinture. Trump a toujours donné la priorité à l’affrontement avec la Chine. La guerre contre la Russie est une diversion qui a mal tourné du moment où la Russie n’a pu être expédiée en un tournemain, comme projeté. Il cherche à s’extirper d’une mauvaise affaire et à arrêter les dépenses inutiles. Mais les leaders européens se braquent dès la campagne électorale de 2024 et, s’ingérant dans les affaires intérieures des États-Unis, font connaître leur préférence pour la candidate Démocrate, porte-voix de l’impérialisme néolibéral-néoconservateur mondialiste auquel ils adhèrent.
Lorsque Trump fait savoir en février 2025 son intention de négocier avec la Russie, le tollé néoconservateur aux États-Unis et en Europe est tel qu’il se dégonfle. Cet épisode révèle le rapport des forces, plus favorable aux mondialistes nostalgiques de l’ère unipolaire qu’aux trumpiens, et établit le schéma des prochains épisodes. La faiblesse de Trump est qu’il ne veut pas retirer les États-Unis unilatéralement car ses ennemis lui feraient porter l’odieux de la défaite. Il a créé la fiction que les États-Unis sont un intermédiaire-médiateur dans une guerre russo-ukrainienne, alors qu’ils sont le maître d’œuvre d’une guerre par procuration contre la Russie. Les Américains sont au commandement de l’OTAN qui mène cette guerre et les États-Unis sont la principale source d’armement et de financement de Kiev. Trump voudrait que Zelensky soit celui qui consent à faire des concessions et à signer. Mais ce dernier sait qu’il risquerait de signer en même temps son arrêt de mort aux mains des radicaux. D’autre part, il est pris en charge par les bellicistes américains et européens pour entretenir le fantasme d’une victoire à portée de main, faire dérailler les négociations et poursuivre la guerre, quoi qu’il en coûte à l’Ukraine.
À l’intérieur de ces paramètres, l’année 2025 est consacrée aux tentatives désordonnées de Trump de négocier le désengagement des États-Unis et de neutraliser les efforts des néoconservateurs étasuniens et européens de le saboter. Loin de rechercher un règlement, les dirigeants européens agitent le spectre d’une grande guerre générale. Pendant que, sous l’effet des « sanctions », les économies européennes sont en chute libre, que les prix s’envolent, que le contribuable européen supporte le fardeau des milliards versés à Kiev, que les clivages sociaux se creusent, que les tensions mettent à mal les institutions politiques, et que l’extrême droite fait des gains électoraux, ils pratiquent la fuite en avant dans la militarisation et la guerre. Ce serait commode de pouvoir justifier le mauvais état de l’Europe par des conditions de guerre. Seule la crainte de l’effondrement de l’euro les retient de s’emparer des avoirs souverains russes. Comme si la rupture avec la Russie ne suffisait pas, les mêmes responsables cherchent noise à la Chine. Ils disent prévoir la guerre générale en 2029 ou 2030 mais leur stratégie à court terme semble être d’attendre que les élections midterms en novembre 2026 remettent leurs alliés mondialistes en selle au Congrès des États-Unis et neutralisent les trumpiens. Évidemment il faudra tenir Kiev à bout de bras et dans le conflit pour les 10 prochains mois. Mais ce sont les armes qui auront le dernier mot.
Un tel entêtement interpelle. On aurait pensé qu’ils se seraient associés aux négociations américaines en vue de tourner la page sur les erreurs qu’ils ont commises depuis 2022 ou même avant, et peut-être de renouer les relations commerciales avec la Russie dont ils ont cruellement besoin. Cependant, la réticence à rendre des comptes pour le gâchis qu’ils laissent, la peur de perdre le pouvoir et l’auto-intoxication par leur propre propagande antirusse les tiennent enfermés dans le déni et attachés à un monde parallèle en attente d’une hypothétique victoire ukrainienne. Ils ont tellement pratiqué le suivisme à l’égard de l’impérialisme néolibéral-néoconservateur mondialiste américain des Clinton, Obama et Biden, il les a tellement vassalisés, qu’ils ne peuvent se reconvertir à la variante nationaliste trumpienne. Formatés à l’ère unipolaire, n’ayant pas été réinitialisés, ils continuent à fonctionner comme un robot ou un appareil sur pilote automatique. Stupéfaits, nous observons le drame d’un crash au ralenti de l’Europe.









