Présentation du livre « Moins ! La décroissance est une philosophie » par le professeur japonais Kohei Saito et discussion sur le communisme de la décroissance.

À l’aube d’une époque qui court sans répit, où l’on travaille sans relâche, où l’on produit à outrance et où l’on consomme sans limite, la Terre brûle en silence.

La « prospérité » de notre époque n’est-elle qu’une illusion ?
La croissance que nous vénérons n’est-elle que la cause de notre malheur ?

Le philosophe japonais et professeur marxiste Kohei Saito tente de répondre à cette question cruciale dans son livre « Moins ! La décroissance est une philosophie »

Comment le communisme de la décroissance peut-il sauver la Terre ?

Ce livre a connu un immense succès commercial et a été publié pour la première fois en 2020, soit avant « Marx dans l’Anthropocène », paru en 2023. Néanmoins, il a été publié en français, en Europe (France) et au Canada, en 2024.

Saito, reconstruisant la tradition marxiste et élevant un « Marx de l’écologie », reconnaît que le capitalisme « vit aux dépens de la nature, jusqu’à ce que les deux meurent ». Il oppose l’accélération à la décélération, proposant un communisme qui ne crie pas mais respire – une révolution calme, profondément consciente, gramscienne dans son essence. La décroissance n’est pas une régression, mais une reconnexion avec la nature, un passage du « Je produis, donc j’existe » au « Je coexiste, donc je crée ».

Concrètement, la philosophie de Saito se traduit par des actions spécifiques susceptibles de transformer radicalement notre quotidien :
• Fin de la production et de la consommation de masse.
• Réduction du temps de travail pour une production moindre, une empreinte énergétique réduite et une décarbonation.
• Priorité donnée aux activités essentielles – soins, création, éducation – plutôt qu’aux profits des entreprises.
• Réorganisation démocratique de la production et retour à la propriété sociale, afin de rétablir une véritable abondance de biens de première nécessité.

Ce « communisme de décroissance » n’est pas une théorie déconnectée de la pratique. C’est un projet contre-hégémonique, une manière de repenser nos vies, de l’ego au collectif, de la propriété au partage, de l’asservissement à la consommation à la libération par la simplicité. C’est un changement qualitatif, où l’humanité n’a plus besoin de croître, mais de mûrir.

En Grèce, dans le cadre de ce débat important, le réseau Pensée & Action – Gauche, Eteron (Leokoriou 38, Monastiraki/Psyrri) et la maison d’édition Plethron organisent conjointement la présentation du livre lundi 24/11 à 19h. La soirée comprendra des interventions des professeurs Euclid Tsakalotos et Giorgos Papanikolaou, ainsi que de la chercheuse Danae Liodaki, tandis que la discussion sera animée par le journaliste Tasos Tsakiroglou, ouvrant un champ de réflexion sur la société, le travail et l’avenir de la planète.

Cet événement n’est pas qu’un simple lancement de livre. C’est une invitation à une pause collective : s’interroger sur le sens du progrès, de la prospérité et du temps, et sur la manière dont un véritable développement peut trouver son équilibre dans la suffisance. Une occasion de réfléchir au fait que cet équilibre social et écologique exige non seulement des changements politiques, mais aussi une nouvelle culture, un mode de vie en harmonie avec la planète. Comme nous l’enseigne Saito, la révolution du XXIe siècle ne crie pas ; elle respire. Et au sein du triangle Marx-Gramsci-Saito, naît l’espoir que le communisme de demain ne sera pas seulement rouge, mais aussi vert