Dans un contexte sociopolitique quelque peu instable, à quelques jours du 10 octobre, date à laquelle est célébrée chaque année la Journée mondiale de la santé mentale, Bogotá a été l’épicentre d’une révolution silencieuse qui promet de transformer la façon dont le monde comprend et traite la santé mentale.
Grâce aux efforts inlassables de sa promotrice, Patricia Mena, psychologue, le Sommet mondial sur la santé mentale s’est tenu pendant trois jours, les 15 et 16 octobre à la Chambre de commerce de Bogotá, et le 17 octobre au Club des sous-officiers de l’armée de l’air colombienne.[i]

Texte image : La frénésie de posséder, plutôt que d’être nous a conduit à des niveaux incontrôlés de stress et de déséquilibre planétaire.
Plus de 150 intervenants, pour la plupart colombiens, mais également originaires d’autres pays d’Amérique latine (Mexique, Chili, Brésil, entre autres) et d’Europe (France, Espagne, Royaume-Uni), du Canada et des États-Unis, se sont réunis. Il s’agissait de professionnels des domaines non seulement de la santé, mais aussi du droit, de l’éducation, de la culture et du sport, ainsi que d’activistes de terrain et d’autres fonctionnaires publics, tels que des militaires et des policiers.
Ils ont pu présenter des projets en cours, partager leurs expériences et échanger leurs points de vue sur le thème de la santé mentale, une véritable occasion de sensibiliser, d’améliorer la compréhension, de créer des ponts et d’encourager l’action en réseau.
En effet, le sommet avait pour objectif d’avoir un impact mondial en promouvant la santé mentale comme un droit fondamental et d’exhorter ainsi tous les dirigeants du monde à légiférer et à mettre en place des mécanismes de protection de celle-ci. Il visait également à sensibiliser à l’importance de la santé mentale en mettant l’accent sur la prévention et en réduisant la stigmatisation associée aux maladies mentales.
Après plusieurs pré-sommets qui se sont tenus en 2023 et 2024 dans d’autres régions du pays, celui-ci était structuré autour de quatre thèmes principaux :
- Droits de l’homme, droit international humanitaire, non-violence, non-répétition, réconciliation et paix
- Développement humain, pandémie et santé
- Inclusion sociale et sujet politique
- Développement durable, environnement, changement climatique, cosmovision et culture
- Jeunes et intelligence artificielle
Après une séance plénière initiale avec des interventions sur ces thèmes, la journée suivante s’est déroulée sous une forme participative, avec environ 7 panels ou groupes de travail où ont d’abord été présentées diverses expériences, suivies d’un échange avec une séance de questions-réponses. En raison de contraintes logistiques, la troisième journée s’est poursuivie avec plusieurs interventions, certaines sur place et d’autres à distance, ce qui laisse en suspens une synthèse commune qui devrait se réaliser prochainement.

Au nom du Forum humaniste mondial[ii], Antonio Carvallo est intervenu en ligne depuis Londres sur les thèmes des droits humains, de la nonviolence et de la santé mentale, donnant quelques indications sur la psychologie humaniste de Silo, avec ses différents outils comme contributions à une santé mentale de qualité. Pour ma part, en tant que représentante de Monde Sans Guerres et Sans Violence[iii], il nous a fallu improviser le premier jour, à la demande de Patricia Mena, une brève présentation de nos Marches mondiales pour la Paix et la Non-violence[iv], dans laquelle j’ai invité à réfléchir sur l’état mental général de notre société et de certains de nos dirigeants ; nous avons ensuite participé à des présentations de nos expériences en tant que militante bénévole dans les domaines des Droits Humains, de la Nonviolence et de la santé mentale, dans lequel nous avons montré des outils pour la non-violence personnelle et sociale en faveur d’une meilleure santé mentale (symbole humain, engagement éthique, ateliers NV, etc.) et dans celui de l’Inclusion sociale et du sujet politique où nous avons commenté notre expérience en matière de soutien et de conseil aux migrants à Madrid.
Au-delà de quelques incidents logistiques, peut-être dus à des tentatives de déstabilisation de la part de certains secteurs et à des intérêts personnels purement commerciaux, l’implication des participants dans le domaine de la santé mentale apparut de toute évidence, tout comme le défi pour les organisations et les collectifs de mener des actions au profit de la société en général, alors qu’ils ne bénéficient pas toujours d’un soutien politique. Ce fut très gratifiant de rencontrer des personnes de différents horizons sincèrement engagées dans leur domaine, qu’il s’agisse de la psychologie, du droit, de l’éducation ou de l’attention portée aux populations autochtones, actions en particulier portées par les femmes. Nous avons également été frappée par l’humanité avec laquelle les forces de sécurité de l’État, telles que l’armée et la police, abordent la question de la santé mentale, non seulement avec leurs effectifs, mais aussi avec les personnes auxquelles elles sont parfois confrontées.
Ce sommet a bien sûr marqué un tournant et peut servir de modèle à d’autres régions… Il a été plus qu’un simple événement et devrait devenir une plateforme permanente dédiée à la promotion de la santé mentale en tant que droit fondamental.
[i] https://www.cumbreglobaldelasaludmental.org/
[ii] https://worldhumanistforum.org/
[iv] https://en.theworldmarch.org/
L’Auteure
Martine Sicard, auteure du livre Un camino hacia la paz
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