Le cas de Cherif Mellal, l’ex-président du club de football JS Kabylie (JSK), incarne parfaitement la répression des voix dissidentes en Algérie. En plus de son rôle de dirigeant sportif, Mellal est devenu une figure de la contestation contre l’ingérence politique dans le sport, ce qui l’a mis en conflit direct avec les autorités algériennes.

En 2020, Cherif Mellal a été arrêté pour détournement de fonds et malversations financières, des accusations qui ont rapidement été perçues comme des prétextes pour l’éliminer en raison de ses critiques publiques. À travers ses déclarations, Mellal dénonçait la corruption et le manque de réformes dans le football algérien, mais surtout l’ingérence politique dans les affaires sportives.

Mellal n’est pas le seul à avoir subi la répression pour ses opinions en Algérie. Le pays a vu de nombreux militants, journalistes, et même des figures sportives persécutés pour avoir critiqué le régime. L’arrestation de Cherif Mellal met en lumière un climat de peur où toute voix dissidente, même dans des secteurs comme le sport, peut être étouffée.

La JS Kabylie n’est pas simplement un club de football en Algérie ; elle est profondément enracinée dans l’identité nationale et culturelle du pays. Fondée en 1946, la JSK représente bien plus qu’une équipe sportive : elle est un symbole de fierté, de résistance et de solidarité pour le peuple kabyle et, par extension, pour une grande partie de la population algérienne. Son histoire, marquée par de nombreux titres nationaux et internationaux, fait d’elle l’un des clubs les plus populaires et les plus respectés de la région. En dehors du terrain, la JS Kabylie est perçue comme un bastion de valeurs telles que l’unité sociale et la lutte contre les injustices, des valeurs qui résonnent particulièrement dans un pays où les tensions politiques et sociales sont omniprésentes.

Cependant, en ciblant Cherif Mellal, l’ancien président du club, les autorités algériennes ont bien plus qu’attaqué un simple dirigeant sportif. Elles ont cherché à éliminer une voix influente qui, par ses prises de position, devenait un obstacle à leur contrôle. Mellal, en critiquant publiquement l’ingérence du gouvernement dans le football, est devenu un symbole de résistance à un régime autoritaire qui cherche à maintenir son emprise sur tous les secteurs de la société. Son arrestation montre que même dans le domaine du sport, un secteur traditionnellement vu comme apolitique, les autorités algériennes n’hésitent pas à appliquer une répression politique brutale.

Cela met en lumière la stratégie du pouvoir algérien, qui consiste à contrôler chaque aspect de la vie publique : de la politique à l’économie, en passant par la culture et le sport. Loin d’être un domaine autonome, le sport en Algérie devient une extension de la politique. En utilisant le football comme terrain de lutte, le gouvernement démontre qu’il est prêt à museler non seulement les figures politiques, mais aussi celles qui, par leur influence, peuvent soulever des voix dissonantes et contester l’ordre établi. Cela va à l’encontre de l’essence même du sport, censé être un vecteur de rassemblement et d’émancipation, et non un outil de domination. Cette instrumentalisation du sport pour des raisons politiques montre à quel point le pouvoir algérien est déterminé à étouffer toute forme de contestation, même à travers des moyens qui devraient être loin des préoccupations politiques.